Comme un Roch
La gare Saint-Roch a survécu aux deux conflits mondiaux. Mais pas sans heurts ni reconstructions. Une histoire racontée le 18 mars.

© Archives municipales et communautaires d’Amiens
13.03.2019
JDA 906
Il ne nous dira pas tout, pour « en garder sous le coude ». Et sous le coude de Jean-Claude Boulet, il y a tout un monde. Celui du rail. Le président de l’ARPDO & Rotonde 80 assure le 18 mars une conférence sur la gare Saint-Roch, qui abrite son association (lire ci dessous). Cette “autre gare” d’Amiens aurait été érigée une trentaine d’années après celle du Nord, que le spécialiste nomme simplement gare d’Amiens. Soit vers 1875. La date exacte nous est encore inconnue : ce secret, Jean-Claude Boulet a eu du mal à le percer. Il le préserve pour sa conférence. Wikipédia évoque 1847, soit un an seulement après la gare du Nord !
DEUX EN UNE
Au départ gare marchandises, dite « petite vitesse », la gare Saint-Roch se double rapidement d’une gare commerciale, de voyageurs, dite « grande vitesse ». « En fait, c’étaient deux gares différentes » éloignées de quelques centaines de mètres, résume l’historien local, qui rappelle que les derniers bâtiments de la gare marchande, « sans réel intérêt patrimonial », ont récemment disparu lors du remaniement du secteur. Lequel renforcera l’importance de la gare (quelques centaines de voyageurs par jour) en la muant en pôle d’échange multimodal.
TRACES DE GUERRES
Un nouvel élan pour cet endroit « architecturalement magnifique », selon Brigitte Fouré, maire d’Amiens, qui, comme beaucoup d’Amiénois, l’associe à de précieux souvenirs : « C’est ici que j’ai pris le train pour la première fois, en Micheline », avait-elle confié lors d’une balade urbaine. À chaque guerre, la gare Saint-Roch aura été détruite « à plus de 50 % ». Le 18 mai 1940, alors qu’elle était « très sollicitée depuis les années 1880 et qu’elle comptera jusqu’à 116 ouvriers dans les années 20 », elle est la première cible des bombardements. « On s’est souvenu de son utilité pendant la Première Guerre mondiale, où une bombe tombait toutes les trois minutes », explique Jean-Claude Boulet.
DEUX LICORNES DANS LA GARE
Une première guerre où elle aura servi à transporter troupes, civils et approvisionnements. Après celle de 39-45, il faudra donc de nouveau la reconstruire, cette fois pas à l’identique, sous la tutelle de Pierre Dufau. Une priorité : « Elle sera inaugurée en 1947, le même jour que la pose de la première pierre de la reconstruction ». Aujourd’hui encore, elle regorge de surprises. Jean-Claude Boulet évoque ainsi « deux superbes licornes » à redécouvrir. Comme toute la gare Saint-Roch.
//Jean-Christophe Fouquet

© Le Courrier de la Somme
En 1890, le chemin de fer reliait Amiens et Beauvais.
Histoire de la gare Saint-Roch, par Jean-Claude Boulet, le 18 mars, à 18h15, à l’espace Dewailly
Gratuit, réservation conseillée : 03 22 97 30 40 ou archives@amiens-metropole.com
Une asso sur les rails
L’ARPDO (Association pour la recherche et la préservation des documents et objets ayant trait aux chemins de fer en Picardie) et Rotonde 80 ont fusionné en 2007. Le résultat se situe gare Saint-Roch, où des passionnés se retrouvent depuis… 1972 ! « Nos anciens avaient découvert des documents et souhaitaient les conserver. Ils ont trouvé ici un local de 44m2 », raconte son président Jean-Claude Boulet. Au coeur du sujet, même si l’endroit est exigu. Cette année encore, ces archivistes, qui ont contribué à la réouverture de guichets de la gare Saint-Roch en 2008 après des années d’abandon, sont sur la voie de la Fête du rail, attendue du 4 au 6 octobre.