Haroun Abdellatif, c’est écrit
Le boulodrome du boulevard de Beauvillé porte désormais le nom de cette figure humaniste amiénoise, décédée il y a dix ans.

02.10.2019
JDA 924
Il était entré dans le cœur des gens. Il est désormais sur l’un des murs de la ville. Le 28 septembre, une plaque Haroun Abdellatif a été inaugurée au boulodrome du boulevard de Beauvillé, là où son frère Zakaria a créé un club de pétanque, entre le stade de foot Henri-Leclercq et l’hôpital Saint-Victor. « Un lieu de partage entre les jeunes et les vieux, Haroun aurait adoré. » En décembre 2009, Amiens perdait l’un de ses personnages les plus attachants. Un docteur au grand cœur. « Il ramenait toujours du monde à la maison qu’il n’avait pas voulu voir dormir dans des conditions indignes, confie Faouzia, son épouse. Il avait l’esprit zaouïa, l’endroit où l’on accueille les pauvres. » Les mots de Zakaria mêlent émotion et admiration. « C’était une encyclopédie, mais humble. Il aimait les gens et disait toujours : “On n’est que de passage, donne !” » Le 28 septembre, les gens sont venus. Nombreux. Par bouche-à-oreille. « Enfin, chez nous, c’est la kabyle téléphonique », rigole Zakaria. Haroun aurait fait la même. « Il était farceur. » La vie n’avait pourtant pas toujours souri. 1962. Le déracinement. Il a 13 ans. La famille est chassée de sa Kabylie. Arrive ruinée à Poix. Le père Abdallah répétera sans cesse à ses huit enfants : « La seule chose qu’on ne peut t’enlever, c’est ton instruction ». Et l’honneur. Celui des harkis.
//Antoine Caux