L’Amiens de… Jean-Luc Van Den Heede
04.12.2019
JDA 931
Il a fait des tours de la terre à l’endroit et à l’envers. Et si les nouvelles Formule 1 des mers tournent autour du globe en quarante-deux jours, ce gaillard de 73 ans a bouclé le dernier en deux cent onze jours et des poussières. Sans escale ni assistance mais à la boussole et au flair. Le Dernier Loup de mer (publié aux Éditions Stock) a grandi à Amiens, vit aux Sables-d’Olonne mais se dit « apatride » dans l’un de ses éclats de rire qui trahit son caractère. À mi-chemin entre Hemingway et Jules Verne, “VDH” regarde pour nous en arrière.
//Antoine Caux
Sa maison
Il est des ports insoupçonnés : la rue Charles-Dubois sur les hauteurs du quartier Henriville. Et des coïncidences semblant expliquer un destin d’aventurier : habiter la rue où vécut Jules Verne. C’est au numéro 177 que le petit Jean-Luc a traversé ses premiers océans, affronté ses premières tempêtes. Sur un rafiot fait de planches et de beaucoup d’imagination, dans le jardin des grands-parents à qui le gamin à la santé fragile fut confié. La mer, la vraie, il l’a découverte à Berck dont le grand-père, Arsène, était originaire et où Jean-Luc faisait voguer son petit voilier Nayouk dans les bâches. Au début des années 1950, dans cet Amiens encore en ruine, le grand-père avait été nommé percepteur du Trésor public rue de la République. « Je le rejoignais le soir pour faire mes devoirs. J’étais à la cité scolaire, toute neuve, et je prenais le bus 3-7 qui longeait le Musée. La nuit tombée, on apercevait ces statues de femmes nues très excitantes. » Il n’a pas oublié.
177, rue Charles-Dubois
© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
Sa cachette
Jean-Luc Van Den Heede était un fidèle du stade Moulonguet et de l’Amiens Athletic Club qui ne s’appellera Amiens SC qu’en 1961. Mais ne lui demandez pas le souvenir d’un joueur : « Je n’ai jamais regardé un match ! ». Son truc : aller jouer en cachette sur le terrain annexe avec les copains. Pour ne pas se faire démasquer, il évolue gardien, un poste moins enclin à transpirer. « Et je regardais juste le score au tableau d’affichage en partant au cas où on m’interrogerait ! » confie celui qui jouera longtemps au foot. « Le foot, la lecture, il n’y avait que ça à l’époque. »
Stade Moulonguet (122, rue Louis-Thuillier)
© Blog amiensfootbraun.wordpress.com
Sa rock attitude
On connaît VDH le navigateur. Moins VDH le rockeur. Monsieur chante avec son groupe Globalement vôtre, « un clin d’œil au Vendée Globe ! ». Ça lui arrive de reprendre du Johnny qu’il avait rencontré lors de l’inauguration de La Licorne le 7 juillet 1999. « J’avais été invité car, à l’époque, j’étais soutenu par la Municipalité avec la campagne Fier d’être Amiénois. Johnny était arrivé au milieu de berlines noires. Il m’a dit : “Vous avez de la chance, vous, de partir comme ça en solitaire” ».
Stade de La Licorne (rue du Chapitre)
© Archives municipales et communautaires d'Amiens - 99X118_2