« La mixité est une richesse de l’humanité »
Le 8 octobre, Azouz Begag, ancien ministre, animera une conférence pour les jeunes amiénois. L’auteur du Gone du Chaâba participe au projet de la ville “Mes identités, ma France”.

© Astrid di Crollalanza
02.10.2019
JDA 924
JDA : Pourquoi avez-vous accepté ce projet ?
Azouz Begag : Discuter avec ses jeunes lecteurs est une chance. En tant qu’enfant d’immigrés algériens pauvres et analphabètes, venus en France en 1947 pour survivre, en tant qu’écrivain, en tant qu’ancien ministre de l’Égalité des chances, j’ai été séduit par cette idée. C’est un moyen d’irriguer le vivre ensemble, la richesse des cultures, des mixités, le respect des autres. C’est indispensable face au bulldozer du rejet et de la haine.
Comment se passent vos échanges avec les jeunes ?
Ils écoutent attentivement quand on leur parle droit au cœur. J’aime faire sauter les verrous qui les empêchent de profiter de leurs talents et de leur vie. L’autocensure est le premier barrage contre l’égalité des chances. Quand ils disent : “Ce n'est pas pour moi !”, je réponds : “Pourquoi pas toi ?”. Il ne faut avoir peur de rien. Parce qu’il y a des gens qui jouent sur les peurs pour gagner des électeurs.
Que retiennent-ils de votre livre Le Gone du Chaâba ?
Depuis plus de trente ans, ce livre est lu en classe. Les jeunes y retrouvent l’authenticité, la force de la vie, l’amour de l’éducation, de l’école à travers l’enfance d’un petit garçon d’origine algérienne qui grandit dans un bidonville près de Lyon. Imaginez si on venait tous du même nid, des mêmes racines, du même arbre ! Que ce serait triste ! La mixité est une richesse de l’humanité. Et l’identité, ce n'est pas quelque chose de figé pour toujours, ça évolue... Il ne faut pas avoir peur de ces changements ! Être picard en 1919 et en 2019, ce n'est pas la même chose.
//Propos recueillis par Lysiane Voisin
Les jeunes prennent la plume
120 collégiens et lycéens ainsi que 50 jeunes de centres de formation participeront au projet de la Ville “Mes identités, ma France”. D’ici mai 2020, ils devront raconter l’histoire de leur famille et de leur installation à Amiens. Leur écrit fera l’objet d’une publication illustrée par le Studio 2HB. Des visites sont prévues à l’Académie française, au Musée du quai Branly Jacques-Chirac, à l’Institut du monde arabe et au Musée de l’histoire de l’immigration.