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Le chef de l’État a passé deux jours dans sa ville natale au contact direct de la population pour donner l’image d’un président à l’écoute. 

Macron,
 l’appel d’Amiens 1 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

27.11.2019

JDA 930

Ça a commencé par un bain de foule à la citadelle. Ça s’est terminé par un bain de foule à Amiens nord. Et entre l’arrivée du président de la République, jeudi 21 novembre, fendant les étudiants et leurs smartphones pour inaugurer le pôle universitaire imaginé par Renzo Piano, et son départ du centre jeunesse de l’Odyssée, vingt-quatre heures plus tard (dont une entière dédiée aux selfies), Emmanuel Macron s’est offert d’autres immersions, quitte à dérouter ses agents de sécurité et dérégler le timing protocolaire.

 

CHROMA EN COUPLE


Des immersions toutes acquises à sa cause : devant la cathédrale, parmi 1 600 personnes inscrites à l’avance, pour le lancement du 800e anniversaire de Notre-Dame où les yeux et les caméras étaient moins braqués sur le spectacle de colorisation Chroma que sur le couple présidentiel – l’avancée du chef de l’État vers le portail releva d’ailleurs davantage de celle d’un roi thaumaturge. Mais aussi des immersions plus rêches : à l’ex-usine Whirlpool à Montières, là même où le candidat Macron était venu en avril 2017 après le départ des sèche-linge pour la Pologne. Là où il était revenu fraîchement élu à l’Élysée pour appuyer la reprise du site par WN. Un projet mort-né, hélas.

 

« C’EST MOI QUI AI DEMANDÉ À VOUS VOIR »

« Le repreneur s’est planté mais c’est trop facile de mettre ça sur le dos de l’État », a-t-il nuancé lors de ce troisième passage. Aujourd’hui, le site a été repris par Ageco qui produit des agencements en bois pour la grande distribution. 44 ex-Whirlpool y travaillent. « On essaie de s’en sortir », lui a dit l’un d’eux. « Je n’ai jamais lâché l’affaire, a insisté Emmanuel Macron. Si je n’avais pas de respect pour vous, je ne serais pas venu. C’est moi qui ai demandé à vous voir. »

 

« UN NOUVEAU TEMPS DU MANDAT »

Le président, dont on a reproché l’arrogance, a choisi de rectifier cette image. De se montrer à l’écoute. La crise des gilets jaunes est passée par là. Le lieu ne doit rien au hasard : sa ville, celle de son enfance, de sa jeunesse, de sa famille. Le calendrier non plus, à la veille de l’appel à la grève du 5 décembre. Il a d’ailleurs avoué « inaugurer un temps nouveau pour le mandat ».

 

STAND-UP

Emmanuel Macron est allé au charbon mais on a vu qu’il aimait ça. À l’aise dans les échanges abrupts au point d’aller les provoquer devant les étudiants de la citadelle : « Vous n’avez pas de questions plus politiques ? Sur la vie de la nation ? » Sans aucune note ni discours écrit, ce boss du stand-up n’en avait pas moins préparé son message : « En ce moment notre pays est trop négatif sur lui-même. On a des difficultés, on les affronte. Est-ce qu’elles sont impossibles à affronter ? Pas du tout. Est-ce que les choses vont moins bien qu’il y a vingt ans ? Faux ! ». C’était son appel d’Amiens.

//Antoine Caux

 

LA PREMIÈRE MAISON FRANCE SERVICES À L’ATRIUM

Le président de la République a inauguré la première Maison France Services du pays dans les murs de la mairie
 de secteur du quartier nord, l’Atrium. Ce dispositif national concentre en un seul lieu plusieurs services publics (La Poste, l’Assurance maladie, Pôle Emploi...). Dans le cas de l’Atrium, il s’agit d’une labellisation de la maison de services au public déjà existante et très performante puisqu’elle a servi de modèle au concept de Maison France Services. Les quartiers Pierre-Rollin et Étouvie en sont aussi dotés.

Macron, 
l’appel d’Amiens 2 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole

 

LES RÉUSSITES AMIÉNOISES PRÉSENTÉES AU PRÉSIDENT

À la citadelle, Emmanuel Macron a écouté les explications du professeur Tarascon qui a permis à Amiens de devenir tête de proue en matière de recherche sur les batteries au lithium-ion. Il a démarré lui-même un bus équipé de batteries au sodium-ion développées par la start-up Tiamat, puis suivi la présentation du Greco (Groupement de recherches et d’études en chirurgie robotisées, auteur de quatre premières mondiales) qui révolutionne les pratiques chirurgicales.

Macron, 
l’appel d’Amiens 3 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole

 

DES AVANCÉES POUR LA LIGNE AMIENS-PARIS ?

En marge de la visite d’Emmanuel Macron, Alain Gest 
a pu s’entretenir à l’hôtel de ville d’Amiens avec Jean-Pierre Farandou, nouveau président de la SNCF venu rencontrer le chef de l’État. Jean-Pierre Farandou a annoncé la création d’un poste de contrôle à Paris-Nord pour gérer les trains picards.
 Il s’est engagé aussi à doubler le train Amiens-Paris de 8h23 à compter de mi-décembre pour éviter les voyages debout.

 

« QU’AMIENS PORTE HAUT LES COULEURS DE L’EUROPE »

Amiens, capitale européenne de la jeunesse 2020, c’est parti. Et le président de la République fut la guest-star
 de la soirée inaugurale le 21 novembre au Cirque, invoquant qu’« Amiens porte haut les couleurs de l’Europe ». Brigitte Fouré, maire d’Amiens, a dit sa fierté du symbole, « trente ans après la chute du mur de Berlin », avant qu’Emmanuel Macron ne lance un appel à l’optimisme, fil conducteur
 de sa visite : « La France est un pays libre, où on vit heureux avec une presse libre ». Plus tôt, il avait déjà déclaré 
aux étudiants : « Ce n’est jamais assez bien mais
 regardons ailleurs. Soyons positifs et avançons ».

Macron,
 l’appel d’Amiens 4 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole

 

LA CITADELLE : « UN CHOIX D’AVENIR »

Dans l’enfance amiénoise d’Emmanuel Macron, le bastion décidé après l’invasion espagnole de 1597 abritait encore des bidasses et empêchait le lien entre le centre et 
le nord de la ville. Le président y a inauguré l’installation de l’université après les 118 M€ investis « dont la moitié par Amiens Métropole », comme l’a rappelé Alain Gest, président de l’agglomération, à la tribune le 21 novembre.
« Ce lieu de fermeture est devenu un lieu d’ouverture », y avait déclaré plus tôt le maire Brigitte Fouré. « L’université ici est un choix d’avenir, a applaudi le chef de l’État. La plus grande inégalité est celle du destin et il n’y a que l’éducation et le savoir pour lutter contre. » Son discours n’aura pas omis de rendre hommage à Hector Loubota, décédé sur le chantier d’insertion de la citadelle le 22 février 2002. Ni à cet étudiant lyonnais qui s’est immolé par le feu pour dénoncer la précarité étudiante : « De tels gestes ont toujours leur part d’insondable mais ils rappellent aussi les difficultés de la jeunesse ».

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 l’appel d’Amiens 5 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole