Trésor octocentenaire
2020 sera sous le signe de Notre-Dame d’Amiens dont on fête le début de la construction il y a 800 ans. Les grandes lignes des réjouissances viennent d’être dévoilées.

04.12.2019
JDA 931
Notre-Dame d’Amiens. La plus grande cathédrale du Moyen Âge. Un chef-d’œuvre de l’art gothique classé au titre des monuments historiques en 1862, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1981. Un « trésor de l’humanité » comme l’a exprimé la préfète de la Somme Muriel Nguyen le 27 novembre lors de la présentation du programme des 800 ans des débuts de la construction de ce « bien commun ». Outre l’État, qui entend assurer « la cohérence, la qualité et la sécurité » de l’événement, cet anniversaire concerne la Région, le Département, Amiens Métropole, la Ville d’Amiens et l’Église. Et bien d’autres bonnes volontés. Chroma a ouvert les 800 ans le 21 novembre en présence du président de la République (lire ici l'article du JDA #929).
GRANDIOSE INTIMITÉ
L’Église catholique de la Somme enchaîne du 6 au 8 décembre avec trois concerts à la bougie qui cartonnent, révèle Don Édouard : « Le premier soir avec Les Petits Chanteurs à la croix de bois est déjà complet. Le deuxième avec le chœur anglais Tenebrae, quasiment. C’est comme si nous remplissions trois fois l’Olympia ! ». Le recteur de la cathédrale, qui s’appuie sur le soutien de la Ville et de la Métropole amiénoise et sur l’investissement de « plus de 100 bénévoles », détaille l’éclairage exceptionnel de ce week-end : « Les 5 000 bougies dureront vingt heures, nous n’aurons qu’à les éteindre et les rallumer ». Le dimanche, l’illumination sera ouverte à tous dès 16h. Un créneau d’une heure à saisir avant les concerts de Stéphanie Lefebvre et Salvation Run (rés. conseillée sur notredameamiens.fr).
BEAUTÉ EN PARTAGE
D’autres rendez-vous suivront. Pour « découvrir ou redécouvrir » cette cathédrale que le maire d’Amiens Brigitte Fouré considère « la plus belle » d’entre toutes, à la fois « monumentale et extrêmement légère ». « On ne peut y rester insensible », confirme Alain Gest, président d’Amiens Métropole, qui indique que les joueurs de l’ASC arborent désormais des maillots où figure le logo des 800 ans. Notre-Dame, « convergence incroyable des arts et de la technique de l’époque », selon monseigneur Leborgne, sera partout en 2020. Le 103e évêque d’Amiens rend ainsi hommage aux bâtisseurs : « Il fallait un grain de folie pour se lancer là-dedans. D’autant que la plupart savaient qu’ils n’en verraient pas la fin ». Huit cents ans ans plus tard, la cathédrale est toujours là. Et « appartient à tout le monde », rappelle le président du Conseil départemental Laurent Somon. Sans distinction. Mais avec élégance.
//Jean-Christophe Fouquet
« UN MONUMENT TOUJOURS EN ÉVOLUTION »
Benjamin Brillaud, alias Nota Bene, vulgarise l’histoire sur sa chaîne Youtube au million d’abonnés. Sa vidéo sur la cathédrale est diffusée en avant-première le 6 décembre au cinéma Orson-Welles.
JDA : Connaissiez-vous Amiens, sa cathédrale...

© Cyril Perregaux
Benjamin Brillaud : Je n'étais jamais venu et j'ai été agréablement surpris. Je savais déjà que les gens du nord étaient chaleureux, mais quand on y rajoute la magnifique cathédrale, le quartier Saint-Leu ou les hortillonnages, c'est vraiment top !
Est-ce qu’avoir un look viking et être fan de métal révèle une accointance particulière avec la période gothique ?
Je n’ai pas de période préférée, je suis très curieux globalement et chaque histoire, même celle qui de prime abord n’est pas franchement folle, peut attiser ma curiosité.
Y a-t-il quelque chose qui vous a surpris, émerveillé ou fait halluciner en travaillant sur Notre-Dame d’Amiens ?
Son ampleur ! On se sent tout petit quand on y entre ! J'aime aussi beaucoup les charpentes. J’ai pu visiter celle juste au-dessus de la nef. Il y a une trappe dans cette charpente qui donne sur l’intérieur de la cathédrale, plus de trente mètres plus bas, il ne faut pas avoir le vertige !
L’incendie de Notre-Dame de Paris était-il présent à votre esprit ? Était-ce l’occasion d’un contre-pied à une lecture historique accaparée par l’émotion ?
Ça a joué sur l’axe de cette vidéo car pour une cathédrale, aussi vénérable que celle d’Amiens, la question de la restauration se pose. Or, lors de l’incendie à Paris, il y a eu une cristallisation des émotions mais aussi des idées reçues sur la restauration : ça veut dire quoi reconstruire “à l'identique” sur un monument qui est toujours en évolution par exemple ? La flèche qui a brûlé n'était là que depuis deux siècles... Une occasion pour moi de soulever certaines questions qui touchent à la perception même de notre société.
//Propos recueillis par Antoine Caux
Nota Bene : la cathédrale d’Amiens
En avant-première le 6 décembre, à 17h, à Orson-Welles puis sur Youtube à partir du 9 décembre – Précédé d’archives filmiques d’Amiens de 1930 aux années 1970 (une collecte de films privés est d’ailleurs lancée sur archipop.org) – Gratuit, sur réservation : bit.ly/projection800ans
// Quoi de prévu en 2020 ?
Amiens, Métropole d’art et d’histoire a aligné ses visites patrimoniales sur les 800 ans, avec sept rendez-vous différents et réguliers à Notre-Dame. 2020 accueillera aussi un colloque universitaire, un son et lumière début mai, des expositions au Musée de Picardie, au Ciap ou aux Archives départementales, des ateliers pédagogiques, des travaux de plasticiens, divers concerts... Un programme en construction, mais dont les premières pierres sont déjà posées !

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
// NOTRE-DAME DANS LA PEAU
Le labyrinthe, L’Ange pleureur, la nef, un vitrail, la devise d’Amiens – Liliis tenaci vimine jungor (Un lien puissant m’unit au lis)... Une planche de huit tatouages éphémères représentant des œuvres de la cathédrale, assortie d’une fiche historique et de photos, participe à l’anniversaire des 800 ans de la cathédrale. « C’est un support de transmission culturelle, souligne sa conceptrice, Cécile Harleaux, artiste amiénoise formée à l’école Gobelins à Paris. Je voulais sortir des sentiers battus. L’idée des décalcomanies façon Malabar m’a plu. » Passionnée par l’histoire de l’art, Cécile Harleaux s’est attachée au moindre détail pour finaliser sa pochette au packaging soigné. Pour se procurer ces tatouages, direction les librairies Martelle, du Labyrinthe, Pages d’encre et au Chat qui lit ou sur arsincute.fr, le site de tatouages de l’artiste.
//Ingrid Lemaire

© Cécile Harleaux