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Il a contribué à faire reconnaître Jules Verne à sa juste valeur et est à l’origine de la création de la maison musée de l’écrivain à Amiens.  Daniel Compère, enseignant-chercheur, rend justice aux auteurs marginalisés ou oubliés.

Enfant du capitaine Verne © Laurent Rousselin - Amiens Métropole
«Dans les années 60, j’ai rencontré des gens qui avaient côtoyé Jules Verne »
© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

08.07.2020

JDA 951

Il nous donne rendez-vous en toute logique au 2, rue Charles-Dubois. Là où vécut Jules Verne, écrivain dont il est un spécialiste reconnu. Humble et discret, Daniel Compère, 73 ans, a grandi à deux pas de cette demeure du quartier Henriville, devenue musée sous son impulsion. « Enfant, j’habitais rue Laurendeau. J’entendais parler de lui, on me montrait souvent sa maison. » Bien que célèbre, l’auteur des Voyages extraordinaires n’était alors jamais mentionné en classe ou dans les manuels scolaires. « J’ai voulu comprendre pourquoi. »

 

HONORER LA MÉMOIRE DE L’ÉCRIVAIN
Adolescent, il parcourt l’œuvre vernienne « avec des passages tronqués » dans la bibliothèque verte puis se plonge dans les versions intégrales des éditions Hetzel illustrées « que l’on pouvait emprunter encore à la bibliothèque municipale ». Son goût pour la recherche naît. « J’ai commencé à consulter des archives, décrit cet historien du livre, également spécialiste de Zola. Dans les années 60, j’ai rencontré des gens qui avaient côtoyé Jules Verne dans leur enfance. » L’idée d’honorer la mémoire et l’œuvre de l’écrivain « qui s’est beaucoup investi dans la vie politique, culturelle et associative locale » le poursuit. En 1972, Daniel Compère fonde le Centre international Jules Verne (CIJV) qu’il héberge d’abord chez lui avant que la maison de la rue Charles-Dubois où l’auteur vécut de 1882 à 1900 ne soit mise en vente… « J’ai convaincu la Ville de l’acheter. »

 

SPÉCIALISTE DU ROMAN POPULAIRE
En 1980, la demeure restaurée peut accueillir le public. Elle est gérée par le CIJV. « J’ai donné beaucoup de documents que j’avais accumulés. Depuis les bibliothèques d’Amiens Métropole en sont l’administrateur, ce qui garantit sa pérennité.» Après avoir travaillé à la Maison de la culture pour l’accueil des scolaires, l’envie d’enseigner titille celui qui plus jeune se rêvait bibliothécaire. À Rennes, à 40 ans, il passe une thèse sur… Jules Verne ! Elle sera publiée en 1991. Chargé de cours à l’université de Picardie (« pas encore baptisée Jules-Verne ! ») puis maître de conférences à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 jusqu’à sa retraite en 2013, il transmet sa passion pour l’écrivain et pour ceux qui comme lui « n’étaient pas considérés comme de vrais romanciers malgré des millions de lecteurs ». Au sein de l’Association des amis du roman populaire fondée en 1984, Daniel Compère et d’autres spécialistes du monde entier rendent aussi justice aux maîtres des feuilletons littéraires, « véritable phénomène comparable aux séries télé d’aujourd’hui ».

 

DE NOUVEAUX POINTS DE VUE
Leur revue Le Rocambole, dont il dirige la publication, ressuscite trois fois par an ces plumes oubliées ou « marginalisées ». Dorénavant Jules Verne est entré dans les livres scolaires tout comme dans la prestigieuse Pléiade. Mais a-t-on tout dit de lui ? Paru en décembre dernier, l’avant-dernier numéro de la revue de critique littéraire des Hauts-de-France, Nord, aborde le romancier sous un nouvel angle. Cet opus, intitulé Jules Verne homme du nord et que Daniel Compère a été invité à diriger, regroupe plusieurs études sur la vie et les connaissances de l’écrivain dans la grande région, les références à Amiens et la Picardie dans son œuvre, ainsi que deux textes méconnus dont Vingt-quatre minutes en ballon qui décrit l’ascension du romancier depuis la place Longueville jusqu’à La Neuville. Non, Jules Verne n’a pas fini de faire voyager… et de guider ce toujours jeune retraité !

//Coline Bergeon