Ils ont ouvert quand tout était fermé
Les commerces rouvrent. Certains, cavistes, restaurateurs, fromagers ou brocanteurs, lançaient leur affaire quand la France se (re)mettait à l’arrêt. Ils racontent.

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
02.12.2020
JDA 964
Deux week-ends et puis rideau. Le 16 octobre, Maurice Richard, Bruno Charpentier et Gilles Acloque ouvraient un local de 300 m2 qui réunit leurs univers de brocanteurs rue du 11-Novembre à Longueau. Mais patatras : douze jours plus tard, le deuxième confinement était décrété. Alors samedi, lors de la réouverture de La Halle des antiquaires et l’arrivée des premiers clients au milieu des meubles et des bibelots, les sourires étaient de mise. Ils n’ont jamais vraiment quitté les trois associés. « Qui n’avance pas recule », souffle Maurice Richard. Déjà, le premier confinement avait décalé le démarrage. « On devait ouvrir en mars, au moment de la Grande Réderie, elle-même annulée, rapporte Gilles Acloque, un ancien des ressources humaines. Franchement, ça ne nous a pas refroidis. » L’homme a de l’enthousiasme à revendre : « Il y a un renouveau de la brocante dans la Métropole, ce commerce qui permet de trouver des objets avec des histoires ou des symboles d’une époque. Oui, la période est un peu morose mais on y croit ».

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LES GENS ONT BESOIN DE PARLER
La morosité, François Lefevre l’a observée depuis son pas-de-porte. Ce caviste a ouvert une franchise Cavavin le 12 novembre rue des Vergeaux, d’ordinaire l’une des plus fréquentées du centre amiénois : « J’ai eu la chance en tant que métier de bouche d’avoir le droit d’ouvrir. Mais c’était tristouille, il y avait de longs moments sans voir passer quelqu’un ». Depuis samedi, le défilé des passants a repris un cours plus normal. La lourdeur de l’investissement, l’absence de salaire depuis un an, depuis que cet ancien professeur de musique a lancé son projet de reconversion – « Heureusement, merci Pôle emploi » – : les raisons pour vivre des nuits blanches ne manquaient déjà pas. Le Covid en a rajoutées : « On a senti la frilosité des banques. J’ai fait mes dossiers en juin, nous sortions du premier confinement et on se doutait qu’un deuxième arriverait... » Au milieu de ses belles bouteilles, il est saisi depuis un mois par « le besoin qu’ont les gens de parler. Ils cherchent du réconfort, du contact ».
DERRIÈRE LE MASQUE : LE SOURIRE
« Moi, un client m’a même dit : “Puisqu’on ne peut pas aller au ski, on va se faire plaisir avec du fromage !” » Déjà présente sur le marché amiénois de la place de Görlitz, Christelle Laurent a installé sa fromagerie Un jour à la campagne dans le centre de Camon : « Je cherchais les extérieurs d’Amiens et une petite ville sympathique ! ». Les curieux y ont fait la queue le 18 novembre pour son premier jour. La pandémie ? « Ça a été un enchaînement de petits retards », dit-elle simplement. Paperasse, livraison du matériel, travaux... Mais derrière le masque : le sourire, comme ses homologues caviste et brocanteur. « On est dans l’achat plaisir. Le fromage, ça fait parler et ça fait voyager. » On en a besoin.
//Antoine Caux
Pour solliciter les aides aux entreprises proposées par Amiens Métropole : 0 801 907 710
« Ça puise beaucoup d’énergie »
Son restaurant Robin Room, rue Flatters, est devenu en moins de deux ans une adresse bien connue du centre d’Amiens. Claire Chaumeil a été sollicitée à l’issue du premier confinement par deux amoureux de sa cuisine et de son esprit pour ouvrir le 15 octobre, place au Fil, face au beffroi, le Café Pinson. Une sorte de coffee-shop où l’on petit-déjeune, emporte son sandwich, se pose pour une planche apéro... « Pendant le confinement, on a assuré la vente à emporter même si beaucoup de gens pensaient qu’on était complètement fermé, comme tous les cafés. » Claire Chaumeil devra encore attendre pour ouvrir totalement : « C’est fatigant car on tente beaucoup de choses, parfois dans le vent. On développe l’épicerie, on va faire un chalet de Noël pour vendre des petits sablés... ça puise beaucoup d’énergie ».

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