L’Amiens de... Hardoc

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
15.11.2017
JDA 856
Dans l’univers de la BD, ses rouflaquettes sont presque aussi célèbres que ses Lulus, gros carton de Casterman. Le dessinateur Vincent Lemaire, dit Hardoc, sort avec son ami de toujours, Régis Hautière, le cinquième tome de La Guerre des Lulus, quatre orphelins livrés à eux-mêmes pendant la Grande Guerre. Né à Albert, ce rockeur qui aime les histoires populaires s’était entendu dire à l’école que le dessin n’avait pas d’avenir. Aujourd’hui, on étudie ses Lulus dans les manuels scolaires.
//Antoine Caux
Son magasin
Un auteur de BD pouvait-il nous donner une autre adresse que Bulle en stock, la librairie référence en matière de neuvième art ? « Un libraire fait intégralement partie de la chaîne du livre, justifie Hardoc. Il connaît ses livres, leurs qualités et le goût des lecteurs. C’est comme un meunier qui conseille la meilleure farine au boulanger. » Jeune dessinateur, Hardoc avait gagné un prix au Festival de la BD d’Amiens sous forme de bons d’achat à dépenser ici. « Tous les clients vous le diront, c’est un lieu où on se sent bien. Et puis les gens sont devenus des amis. » Aujourd’hui, ce sont ses filles, passées à la bande dessinée, qui fréquentent ces rayonnages.
Bulle en stock (4, rue du Marché-Lanselles)
Sa rue
« À Saint-Leu, la rue des Archers avec ses vestiges d’anciennes usines de textile est un endroit qui me parle. D’abord, c’est là que se trouvaient les premiers locaux de l’association On a marché sur la bulle, là où j’ai fait mes premiers pas d’auteur de BD. Et puis, il y a une valeur symbolique : je suis fils d’ouvrier, du coup, il y a un lien avec mon père, décédé pendant le tome II des Lulus. Je suis très sensible à l’univers de l’usine, au patrimoine industriel qui a construit les villes et les gens. Je viens de la campagne et j’ai toujours été marqué par la pierre des vestiges ruraux. Mais mon intérêt pour les monuments citadins est bien ancré aussi. Et notamment ce patrimoine industriel »
Rue des Archers

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
Son jardin secret
Une petite bulle en ville, tout un symbole pour un auteur de BD. Le square Pierre-Marie-Saguez, au pied de l’église néogothique Saint-Remi (dire Reumi et pas Rémi), n’a pas forcément bonne réputation. « Il paraît, mais moi, c’est vraiment un lieu qui m’apaise, confie Hardoc. Ce n’est pas le côté liturgique qui m’attire mais l’aspect cloisonné, secret. Amiens est une ville verte, pas du tout étouffante et on arrive en plus à trouver en plein cœur un lieu comme celui-là où l’on croise un vrai panel de la société, des gens dans le besoin comme des touristes en short l’été avec leur guide à la main. » Le square est en fait la nef de l’ancienne église du XVe siècle. « L’entrée par l’ancien portail fait mystérieuse. J’aime venir m’y poser et réfléchir. »
Square Pierre-Marie-Saguez (rue Jules-Lardière)

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