L’Amiens de... Timothy Williams
08.01.2020
JDA 934
Le monde a les yeux rivés sur l’Australie. Il est un habitant de Sydney, épargné par les incendies mais pas par les ciels rouges, qui garde un œil sur Amiens. Il y a passé quatre ans pour suivre le chantier du Centre Sir John Monash à Villers-Bretonneux, primé à l’international et dont il fut l’architecte. Voix douce servant un français remarquable, ce petit-neveu de soldat tombé dans la Somme flânait dans les rues de cette ville qu’il chérit tant, son carnet de croquis en main. Voici l’Amiens intime de Tim Williams.
//Antoine Caux
Son patchwork
Les 52 mètres du beffroi s’échappent ici du cadre et sa blancheur tranche avec la brique de l’immeuble, époque reconstruction, dans ce face-à-face qui laisse deviner l’église Saint-Germain au loin. « Amiens est un patchwork », s’amuse Tim Williams. Le beffroi incarne l’indépendance de la commune vis-à-vis des seigneurs consentie par le roi en 1117, cinq siècles avant les premiers colons en Australie. Du beffroi originel, il ne reste rien. L’actuel est le résultat de six siècles d’évolution à partir de 1410. Quand il l’a visité, Tim Williams ne resta pas insensible aux graffitis des soldats australiens enfermés là, pendant la Première Guerre, parce que trop éméchés. Des kangourous, des émeus gravés sur les murs que l’architecte reprit dans son parcours Amiens Blues en 2018 pour le Centenaire afin de flécher les traces australiennes dans Amiens.
Place au Fil / Place Léon-Debouverie
Dessin : Timothy Williams
Son amiénoise
Ses carnets de croquis sont remplis de maisons amiénoises rue Vulfran-Warmé dans le quartier Sainte-Anne où il habita avec sa femme et sa fille. Celle-ci, située rue de Verdun bordant la Somme qu’il a si souvent longée à vélo, paraît bien seule. « Elle semble se défendre vaillamment dans ce quartier en transition. On lui souhaite bon courage. » L’architecte vante ce modèle d’urbanisme. « L’amiénoise est pertinente aujourd’hui : compacte, elle permet une densité de ville idéale pour une vie de quartier et un cadre de vie très agréable. »
L’amiénoise, rue de Verdun
Dessin : Timothy Williams
Sa lumière
Il aurait voulu parler des superbes poireaux des hortillonnages dégotés sur le marché sur l’eau, des apéros en terrasse, de la générosité des Amiénois en général... « Vivre à Amiens, c’est vivre un rythme, posent ces yeux australiens. Vivre au gré des saisons. » Et des lumières changeantes : « Ce dessin essaye de capter un moment particulier, au lever du soleil. Ce ciel descend jusqu’à l’horizon et rappelle que la campagne est proche ». En septembre, celui qui donne des cours sur Amiens et la Grande Guerre à Sydney, est revenu brièvement à Amiens. « C’était très émouvant. Un peu de moi y est resté... »
Lever du soleil, rue de l’Oratoire
Dessin : Timothy Williams