L’appel de la forêt

Un concentré de nature. Importé du Japon mais encore méconnu en France, le kokedama consiste à placer une plante dans un substrat arrondi : le traditionnel pot de fleurs est remplacé par une boule de terreau habillée de mousse. Emmanuelle Bournouville a créé il y a un an, à Renancourt, L’Atelier Kokedama pour développer cet art qui décore, apporte du bien-être et possède même des vertus thérapeutiques. « Les samouraïs l’utilisaient pour se soigner. Travailler la terre et l’argile procure de l’apaisement, révèle la quadragénaire. Une balade dans les bois fait baisser la pression artérielle. Des “bains de forêt” devraient être prescrits ! » Aujourd’hui citadine, l’Amiénoise envisage même de vivre au milieu des arbres, l’habitat des chasseurs-cueilleurs d’antan. Un projet nourri par le souvenir de la ferme de ses grands-mères d’origine italienne et belge. Adepte des légumes des maraîchers de Pont-de-Metz et des trocs astucieux, Emmanuelle va dans « le sens du vivant et du respect de la vie ».

GRAPHIQUE, LUDIQUE ET VIVANT
« Mes proches me poussent à développer une version commerciale du kokedama. Mais je préfère les salons artisanaux et les ateliers pour transmettre ma technique. » Baignée dès l’enfance dans la culture nippone, des mangas aux œuvres de Miyazaki, Emmanuelle dépose un peu de son âme dans chacune de ses créations. Après une formation artistique au Logis du Roy, elle s’initie aux arts martiaux. Elle étudie le shinto qui sait que la nature est sacrée. « Le kokedama est au cœur de tout cela. Son côté graphique et ludique m’attire. Cette boule de mousse emmaillotée comme une petite planète, une minuscule forêt, influence notre état d’esprit. »

L’AMOUR DES PLANTES
Pour ses créations – que l’on retrouve sur la page Facebook de L’Atelier Kokedama –, la jardinière utilise toutes sortes de plantes : l’orchidée, la fleur de lune pour ses qualités dépolluantes ou l’esthétique ficus ginseng (laurier d’Inde) qui apprécie la compagnie du bois flotté. « Mes suspensions s’accrochent et s’invitent dans tous les recoins. J’aime repousser les limites visuelles en ajoutant des origamis et calligraphies japonaises. Mes amis prétendent que je suis la plus japonaise des Françaises. Pourtant, je n’y suis jamais allée. C’est mon rêve. » Emmanuelle s’attache aussi à ne rien gâcher. Son credo : l’économie circulaire. «Ma petite maison atelier se transforme souvent en hôpital végétal. Ça me rend triste de savoir que certains jettent les plantes quand leurs feuilles tombent. C’est vivant une plante. » Une philosophie inspirée de ses lectures : Victor Hugo pour son humanisme,  Gandhi pour sa sagesse. 

//Kaltoume Dourouri