Leurs bulles ont du bon
D’un côté Gasper, une bière antigaspi, de l’autre Colonel Kéf, un kéfir naturel et bio. Deux breuvages amiénois qui gagnent nos étals, bars et restaurants.

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole
07.10.2020
JDA 958
Écolos convaincus, Hugo Laudren et Adrien Gavel, la vingtaine audacieuse, ont lancé chacun une marque de boisson éthique. Autre point commun : ils ont participé au même programme d’incubation de La Machinerie, Starter, qui accompagne les porteurs de projets innovants et à forte valeur sociétale ou environnementale. Diplômé d’un master en entrepreneuriat, Hugo Laudren a développé en 2019 une bière baptisée Gasper, avec l’aide de Julien Labesse de la brasserie artisanale Ambiani, installée rue Colbert.
VALORISER LES INVENDUS
L’originalité de cette boisson commercialisée depuis un an ? Une recette à base de pains invendus. « J’ai pris conscience du gaspillage alimentaire lors d’un stage à Montréal, décrit Hugo Laudren. Un ami récupérait des produits consommables dans les poubelles des magasins. » Un glanage qui lui a mis la puce à l’oreille. « Je me suis tourné vers le pain sachant que ce type de bière existait déjà. Le plus difficile était d’élaborer la recette. Je ne voulais pas qu’elle ait le goût de pain. » L’équilibre a été trouvé et la première Gasper – une American pale ale, légèrement amère avec une touche de fruits exotiques – vient de fêter son sixième brassin. « Soit 11 000 bouteilles de 33 cl et autant de tranches de pain sauvées », commente Vianney Dhalluin qui, motivé par ce projet vertueux, seconde Hugo Laudren depuis août. Cette recette antigaspi réduit en effet de 30% la portion de malt d’orge et préserve donc l’eau nécessaire à la culture de cette céréale. Pour ne rien gâcher, Gasper, en passe de devenir une SAS, récupère cette fameuse matière première auprès de Cipres, « une association proche du Touquet qui œuvre à la réinsertion des femmes dans l’emploi ».
BIO ET BON POUR LA SANTÉ
Du côté d’Adrien Gavel, l’éthique passe par la nature et le bien-être. Il commercialise depuis août ses bouteilles estampillées Colonel Kéf. Kéf comme kéfir, une boisson méconnue, « rafraîchissante, naturellement pétillante et saine, détaille ce jeune diplômé de l’Institut d’administration des entreprises d’Amiens. Nous sommes une petite dizaine d’acteurs sur ce marché ». Sa première recette au citron et à la pomme, « qui corrige l’acidité », s’écoule dans plusieurs points de vente amiénois, sur commande et « peut-être bientôt sur les marchés ». La base ? Des grains de kéfir, micro-organismes vivants constitués de bactéries lactiques et de levure qui absorbent le sucre et rejettent du dioxyde de carbone, donnant à ce breuvage fermenté ces bulles agréables. Moins sucré qu’un soda, riche en probiotiques (alliés de la flore intestinale), « le kéfir se boit à toute heure ».
DÉVELOPPER LA GAMME
Adrien Gavel élabore sa boisson – avec des produits bios évidemment – dans un local prêté par L’Île aux fruits. Il cherche à s’agrandir pour développer sa gamme, et un format 33 cl. Il a opté pour des bouteilles en verre avec « bientôt un système de consigne ». Car le Colonel Kéf veille au respect de l’environnement : « J’ai organisé avec les enseignes La Boîte à bio et Les Gâteaux de Margot un premier nettoyage du centre-ville d’Amiens début septembre. Il y aura d’autres événements de ce type, peut-être même une plantation d’arbres ». Son statut associatif lui a permis de bénéficier d’une subvention de la Fondation UPJV. Mais Adrien Gavel, qui était en lice pour le challenge Amiens Campus (lire ici), compte bien créer sa structure commerciale. En attendant, on porte un toast à la réussite de ces deux boissons amiénoises.
//Coline Bergeon