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Suite à son inscription aux monuments historiques, visite de la gare Saint-Roch en compagnie d’Antoine Paoletti, l’architecte des bâtiments de France initiateur de la démarche.

Saint-Roch, pierre précieuse © Laurent Rousselin - Amiens Métropole
Antoine Paoletti sur les bancs de 1947 mentionnés dans l’inscription aux monuments historiques.
© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

07.10.2020

JDA 958

En 1876, la gare Saint-Roch voyait le jour. « Il y a d’abord eu une gare marchande à l’ouest, puis l’année suivante cette gare voyageurs, notamment pour desservir la caserne Friant suite à la guerre de 1870 », resitue Antoine Paoletti, l’architecte des bâtiments de France (ABF) qui a lancé l’inscription de la gare aux monuments historiques. Décrétée cet été, cette inscription concerne la gare de… 1947. Refaite à l’identique après sa démolition pendant la Grande Guerre, la gare Saint-Roch fut en effet  recréée”, après avoir été de nouveau démolie lors de la Seconde, par Pierre Dufau, l’auteur du plan de la reconstruction d’Amiens : « Les deux pavillons latéraux, encore debout, ont été “chemisés”, conservés mais rhabillés, explique Antoine Paoletti. La partie centrale est entièrement de
Dufau ».

 

L’ART DE LA RECONSTRUCTION
De cet état de 1947, l’ABF admire notamment la « symétrie parfaite du plan et des façades. » Le guichet arrondi comme un paquebot rappelle une autre œuvre amiénoise de Pierre Dufau, la piscine Léon-Pille, également inscrite en tant que monument historique. « La pondération des masses, l’équilibre des lignes, le contraste des couleurs et l’apport décoratif des sculptures sont caractéristiques », souligne la synthèse de Perrine Fuchs, recenseuse des monuments historiques. Les armoiries d’Amiens par Albert Roze dominent le hall : « Elles sont proches de celles qu’il avait faites en 1930 pour l’hôpital nord. Le sculpteur a dit qu’il s’agissait là de son chant du cygne », souligne l’ABF.

 

UN AVENIR PROTÉGÉ
Dans la gare de 2020, « beaucoup de choses sont dans leur jus », sourit le bientôt retraité Gérard Kerbouet, qui a travaillé quinze ans dans sa « deuxième maison » où s’arrêtent en semaine 57 trains par jour. Maître des clefs, il nous emmène dans les pavillons latéraux, vides à l’exception des locaux des passionnés du rail de l’ARPDO & Rotonde 80. Derrière les guichets se trouve la peseuse à marchandises, grosse plaque au sol qui a pesé dans l’inscription. Là aussi, il y a du beau, et du boulot. Et maintenant que la gare est protégée ? « Nous pouvons discuter de son avenir, rassure Antoine Paoletti. Il ne s’agit pas de bloquer les projets, mais de les accompagner en bonne intelligence ».

//Jean-Christophe Fouquet

 

Le chiffre

71

C’est le nombre de monuments historiques à Amiens. Parmi eux, 55 sont inscrits, comme la gare Saint-Roch. Douze sont classés, comme l’hôtel Bouctot-Vagniez, ce qui implique une protection accrue, un architecte du patrimoine et d’éventuelles aides. Et quatre sont mixtes : la citadelle, la maison du Bailliage, l’hôtel de Berny et l’église Sainte-Anne.

 

 Les armoiries d’Amiens à la gare Saint-Roch, sculptées par Albert Roze.

Saint-Roch, pierre précieuse © © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

L’inscription, comment ça marche ?

Après celle du Nord, la gare Saint-Roch (ici son ancêtre, en 1885) est la deuxième de la Reconstruction à être inscrite dans les Hauts-de-France. Une spécificité amiénoise ?

Saint-Roch, pierre précieuse © Archives municipales et communautaires d’Amiens, 10Z411

© Archives municipales et communautaires d’Amiens, 10Z411

Une délégation permanente analyse les demandes de protection, qui peuvent être faites par tout citoyen auprès de la Direction régionale des affaires culturelles. S’ensuit une enquête en cas de réponse favorable. Puis la présentation à une commission spéciale (municipalité, propriétaire, experts…), qui tranche. Après inscription, le périmètre de protection de 500 mètres autour du bâtiment est ajouté au Plan local d’urbanisme (PLU) de la Ville. Tout cela prend environ deux ans. « Pour Saint-Roch, la validation a été votée à l’unanimité. Les élus sont souvent favorables, salue Antoine Paoletti. Nous sommes un pays d’art et d’histoire. Ici, le patrimoine, ça compte ! ».