Un directeur en nord
Au conservatoire, les élèves retrouvent cette semaine les cours alors que se profilent déjà les inscriptions pour la rentrée. Michel Crosset, son directeur belge passé par Monaco, peut de nouveau transmettre ses valeurs : le travail et l’ouverture à tous.

10.06.2020
JDA 947
Lorsque Michel Crosset dirigeait l’Académie Fondation Prince Rainier-III, le conservatoire de Monaco, les Monégasques le croyaient suisse. Mais à Amiens, c’est bien l’accent belge que l’on reconnaît derrière les mots posés du directeur du Conservatoire à rayonnement régional (CRR). Malgré ses treize ans dans le Sud (jusqu’en 2011), Michel Crosset est un homme du Nord, attaché à Liège et à Amiens, « des villes où tout le monde a chaud dans le cœur ». Le 15 juin, il sera l'invité d’une émission de télé belge. Pour son enregistrement, Michel Crosset a choisi comme décor la salle du Congrès de l’hôtel de ville où fut signée la Paix d'Amiens en 1802. Un vrai clin d’œil : « À l’époque, la Belgique faisait partie de la France ».
UN CONSERVATOIRE DANS LA VILLE
La cathédrale d’Amiens sera aussi à l’écran : « C’est la plus belle du monde ! Quand on m’a proposé ce poste, avant toute décision, mon épouse a d’abord voulu découvrir la ville. Elle est revenue de sa visite enchantée. Amiens est une belle ville, à taille humaine, riche d’une vie culturelle et associative diversifiée ». Le Conservatoire y prend toute sa part, notamment à travers les spectacles et concerts de sa programmation, comme lors des commémorations du centenaire de la Grande Guerre ou la cérémonie de lancement d’Amiens capitale européenne de la jeunesse au Cirque en novembre dernier, en présence du Président de la République.
1 200 ÉLÈVES
Le CRR, c’est 80 professeurs, 28 administratifs : « Les recrutements sont exigeants et la proposition artistique n'a rien à envier à d'autres grandes villes ». Parmi les spécificités : les nombreux orchestres, la musique électroacoustique, le chœur de chambre, l’ensemble chorégraphique, mais aussi les arts de la marionnette et le double cursus théâtre avec l’université de Picardie Jules-Verne. Le directeur connaît également bien ses 1 200 élèves issus de tous les milieux et aux multiples projets. « Le CRR ne les conduira pas forcément vers une carrière professionnelle. Mais la pratique artistique les aidera à bien grandir, à s’exprimer et à aller vers les autres. » Lui a grandi en Wallonie, dans une famille de commerçants. Le curé du village repère son talent : à 9 ans, il joue sur un orgue historique issu de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert à Liège, incendiée à la Révolution, et construit par un maître facteur d’orgues. Son nom ? « Le Picard, répond-il amusé. Sans l’intervention de ce prêtre, mes parents ne m’auraient probablement pas inscrit au conservatoire. » Depuis, lui aussi transmet : « Mes plus belles réussites sont celles des enfants issus de milieux modestes. C’est là où je me sens utile car, de n'importe quel milieu, on peut avoir du talent et du courage ! » Les masterclass avec de grands artistes, les classes à horaires aménagés, les concerts d'élèves avec l'Orchestre de Picardie sont autant de tremplins qu’il met à disposition des élèves du CRR. Des dispositifs qu’il développe avec ses collègues, sans pouvoir démultiplier du temps pour lui, n’en consacrant que trop peu à la direction d'orchestre et aux concerts d'orgue. Pas beaucoup plus aux loisirs : un peu de marche, de vélo, les matchs de foot à La Licorne. Mais il reste les amis. Dans la chaleur du nord.
//Lysiane Voisin
Inscriptions au CRR à partir du 16 juin
Dossier sur amiens.fr/crr – 03 22 80 52 50