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PHILIPPE HINSCHBERGER, 62 ANS, FRINGANT ET SANS LANGUE DE BOIS. MALGRÉ UN ASC À LA TRAÎNE, LE LORRAIN, PLUS CAPÉ DES COACHS DE LIGUE 2, DÉNOTE PAR SA SIMPLICITÉ, LUI LE FILS DE PROFS QUI FUT AUSSI INSTITUTEUR.

Attendu comme le Messin

08.12.2021

Des yeux bleus malicieux et des bras qui remplissent bien le polo. Une prestance jusqu’à sa façon de dire bonjour ou de grimper sur l’estrade des conférences de presse où l’on ne sait s’il s’y plaît ou s’il s’en joue. Philippe Hinschberger, insoupçonnable sexagénaire, connaît les codes, lui qui, en retrouvant son ancien club de Grenoble samedi soir, officiera pour la 580e fois sur un banc de Ligue 2. Un record. Son bilan à Amiens n’affiche que trois petites victoires mais son principal succès est de n’avoir jamais versé ni dans le catastrophisme, ni dans la langue de bois. « Il est plus dur de cacher les infos que de les dire, alors donnons les bonnes », tranche-t-il, disert, parfois taquin, toujours savoureux, quitte à déborder du timing.

ÎLE DE RÉ

Quand, en juin dernier, son téléphone sonne pendant les vacances sur l’île de Ré où l’homme aux cinq petits-enfants a ses habitudes, Bernard Joannin, le président de l’ASC, lui propose cette mission : redonner le sourire à une équipe – un club – toujours pas remis(e) d’une relégation. Le choix avait pu surprendre. Après le péril jeune d’un Luka Elsner sans expérience, après le sauvetage par Oswald Tanchot, pompier remercié, le vieux loup Hinschberger rappelait un fantôme toujours présent à La Licorne, Christophe Pelissier, héros des heures de gloire et d’un foot anti-bling-bling qui sied bien à Amiens.

ÉCOLE NORMALE

Car Hinschberger consent lui-même son décalage par rapport au milieu. En Lorraine, papa et maman étaient professeurs, lui doué au… tennis. Il tombe dans le foot en suivant un enseignant. S’y amuse, s’y révèle. À Metz, il découvre la D1 en même temps que la fac puis l’École normale. La carrière de prof sera fugace, le temps de se faire inspecter. Celle de joueur, bien plus longue : près de 500 matchs en première division, deux Coupes de France (1984 et 1988) et même une victoire à Barcelone (1984), tout ça sous le maillot grenat. Cas à part, encore. Philippe Hinschberger a cette formule : « J’ai embrassé un monde superficiel. Quand tu compares les salaires d’un footballeur et d’un chirurgien qui sauve des vies… Moi, j’ai un côté caméléon ». À savoir retrouver les potes hors du foot et leurs revenus modestes. S’indigner, toujours, « que des gens n’aient rien quand 1 % de la population détient la moitié des richesses du monde… »

CABREL

Il aurait aimé être musicien, « pas juste connaître quinze accords ». Ils lui ont quand même permis de monter avec sa guitare sur scène avec Cabrel en 1989. Et d’improviser, en stage de début de saison, une reprise d’En chantant de Sardou devenue “À Amiens”. La vidéo a vite fait le buzz sans pour autant transcender cette équipe ni bonne à rien, ni agréable à regarder jusqu'à sa victoire vendredi dernier contre Dunkerque (3-0). Une équipe qu’il souhaite dégraisser : « Il y a trop de joueurs frustrés de ne pas jouer. Ça plombe l’ambiance ». Et lui ? S'est-il senti menacé ? « Viré ? Ce n’est pas le genre du président. » Il dédramatise encore : « À 62 ans, je sais que ça va bientôt se terminer pour moi ».

//Antoine Caux