BD et archéologie : desseins partagés
Le Musée de Picardie accueille jusqu’au 29 août Chasseurs de trésors, une exposition où la BD se mêle aux collections d’archéologie et qui fouille le lien entre les deux disciplines.
16.06.2021
JDA 984
En mars 2020, la crise sanitaire avait contrarié la réouverture en grande pompe d’un Musée de Picardie transformé après des années de travaux. L’exposition Chasseurs de trésors est une formidable occasion d’y courir. Mieux, d’y plonger. Et au sens propre. Les travaux d’agrandissement offrent en effet un nouvel accès au sous-sol et aux collections d’archéologie. La momie y fait toujours sensation. Mais elle partage l’affiche pendant tout l’été avec une invitée qu’elle a souvent inspirée : la bande dessinée.
RAHAN AUX CÔTÉS DE LA VÉNUS
Le neuvième art se glisse au milieu de l’exposition permanente, dans les entrailles du Musée qui servaient à l’origine de réserve à charbon. Pas en tant que faire-valoir mais avec une place de choix. En écho et en éclairage. La Vénus de Renancourt (23 000 av. J.-C.) découverte en 2019 à Amiens est associée à des planches de Rahan et de Silex and the City. Les dessins détaillés de Rome par Gilles Chaillet (notamment Les Voyages d’Alix, éd. Casterman) nous submergent. Plus loin, Les Sous-sols du Révolu (anagramme du Louvre) de Marc-Antoine Mathieu (éd. Futuropolis), l’histoire de cet expert qui veut mesurer le Louvre, accompagnent un fragment de marbre du temple d’Apollon de Delphes, coup de cœur de la conservatrice Agathe Jagerschmidt-Séguin.
« IL Y A CONVERGENCE »
La BD n’a pas son icône comme le cinéma a son Indiana Jones. Elle a autre chose : les mondes engloutis et les trésors fascinent autant le dessinateur que l’archéologue. « Il y a convergence », s’enthousiasme Fabrice Douar. Le responsable éditorial du Musée du Louvre, qui avait déjà invité la BD dans sa Petite Galerie, a travaillé avec le musée amiénois et l’association On a marché sur la bulle. Clou du spectacle : la salle des trésors où les pièces d’argenterie romaines de Boscoreale, prêtées par Le Louvre, côtoient « le patrimoine sacré de la BD » : une planche originale de Winsor McCay de 1914. Derrière, dans la petite vitrine, des bouts de vases, de visages, de fioles, rescapés du quotidien de l’époque, posent la question : après tout, qu’est-ce qu’un trésor ?
//Antoine Caux
Chasseurs de trésors, jusqu’au 29 août au Musée de Picardie (2, rue Puvis de Chavannes) : réservation conseillée au 03 22 97 14 00 ou sur amiens.fr