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Petite taille, grand événement. Une nouvelle vénus de Renancourt parfaitement conservée renforce la place d’Amiens sur la carte de l’époque gravettienne. Il y a… 23 000 ans.

Beauté retrouvée © Pascale Mennesson
Cette nouvelle Vénus en craie a été retrouvée en trois morceaux sur le chantier des fouilles de Renancourt.
© Pascale Mennesson

11.12.2019

JDA 932

La rumeur circulait depuis plusieurs mois : une pièce exceptionnelle aurait été exhumée du chantier de fouilles de Renancourt. Le 4 décembre, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui y mène la danse avec le CNRS et la Drac sur un terrain amiénois, a levé le voile. Verdict : une nouvelle Vénus de l’époque gravettienne (paléolithique supérieur), datée au carbone 14 à 21 000 ans avant notre ère. Un événement aussi important que la première Vénus découverte en 2014. Laquelle était plus grosse, mais moins délicatement ciselée (JDA #739). Et, surtout, incomplète.

 

FUTURE STAR ?
 Du haut de ses quatre centimètres, cette nouvelle Vénus a été retrouvée en trois morceaux « le dernier jour des fouilles, le 13 juillet », situe Clément Paris, à la tête du chantier. Elle s’avère « la mieux conservée et celle ayant le plus grand nombre de détails » de la quinzaine de Vénus recensées ici (lire ci-après). Au point d’envisager qu’elle rejoigne « le club très fermé des statuettes illustres européennes », aux côtés de la Dame de Brassempouy, dont elle partage la coiffe quadrillée (mais sans visage), ou de la Vénus de Willendorf, à l’opulence similaire.

 

TANT DE QUESTIONS
Ces statuettes ne sont pas seules. « Il nous reste des dizaines de milliers de vestiges à analyser », contextualise l’archéologue. Le gisement de Renancourt, découvert en 2011 et fouillé chaque été depuis cinq ans avec des étudiants et bénévoles, regorge de richesses. Silex taillé, outils en ivoire, restes osseux, parures en craie (très rares)… Mais pourquoi tant de Vénus cassées ? À cause du gel, d’un rite, de déchets de fabrication ? À quelles fins ? « Plusieurs hypothèses ont été rejetées depuis le XIXe siècle. Nous y voyons pour l’instant l’expression symbolique de la fécondité. »

 

TRACES D’UN PASSAGE
Ces découvertes « témoignent de la présence de l’homme moderne dans le nord de la France à l’époque glaciaire », présence dont on ignorait tout il y a peu. Combien de temps sont restés, ici, ces chasseurs-cueilleurs qui suivaient les troupeaux ? « Plusieurs semaines, probablement en automne », estime l’archéologue. Ils ont pu monter si haut grâce à une légère amélioration climatique qui a « fait que la végétation avait repris ses droits ». Un redoux temporaire, probablement de - 21 800 à - 21 500. Avant et après : de la poussière de glacier. D’où une conservation exemplaire. Et des découvertes étonnantes.

//Jean-Christophe Fouquet

 

Beauté retrouvée © Irwin Leullier

© Irwin Leullier

Devant la richesse du gisement de Renancourt, des fouilles sont programmées chaque année depuis 2014.

 

Renancourt, terre vénusienne

Quinze depuis 2014 ! Et peut-être « beaucoup plus » après analyse, rappelle Clément Paris : « En quelques années, nous avons doublé le nombre de Vénus françaises ». Cela renforce l’hypothèse d’un “atelier” sur le site de Renancourt, même temporaire, « comme on les compte sur les doigts d’une main en Europe », où il n’existerait qu’une centaine de statuettes de ce type. Dont seulement une quinzaine avec une coiffe. Encore plus rare : à Renancourt, elles sont en craie. Il n’y a d’équivalent qu’en Russie. Reste une question. Si la Vénus de 2014 a été nommée “de Renancourt”, comment appeler les quatorze autres, dont la petite dernière ? La guerre des Vénus peut démarrer.

La Vénus de 2014, à comparer avec celle de 2019, en couverture du journal.

Beauté retrouvée © Stéphane Lancelot / Inrap

© Stéphane Lancelot / Inrap

 

Perles du Musée

Comme l’ont annoncé Alain Gest, président d’Amiens Métropole, et Brigitte Fouré, maire d’Amiens, à l’occasion de la signature le 4 décembre d’une convention avec l’Inrap, cette Vénus et d’autres rejoindront les murs du Musée de Picardie, dont la réouverture est attendue en mars.