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Elle dirige la Cie Le Poulailler depuis 2008 à Poulainville mais se révèle à présent dans l’écriture. Émilie Gévart vient de publier un deuxième roman et une pièce jeune public.

Bien encrée © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

14.10.2020

JDA 959

Chez Émilie Gévart, le geste d’écriture s’enracine dans l’enfance. Un père haut fonctionnaire auteur de plusieurs ouvrages, une mère enseignante qui écrit aussi mais « pour elle » : « On est cinq frères et sœurs et on a tous la fibre artistique ». Amusée, elle nous présente ses carnets de jeunesse soigneusement conservés. Les yeux bleus d’Émilie ont longtemps plongé dans la philosophie, jusqu’à la thèse, avant de briller pleinement au théâtre. À 42 ans, la comédienne et metteuse en scène, responsable de la compagnie Le Poulailler implantée à Poulainville depuis douze ans, aime aujourd’hui se retrancher dans l’écriture : « Une nécessité ». Dans sa maison qu’elle vient d’investir avec Sam Savreux – l’homme qui partage sa vie et cette même soif des planches et des mots depuis treize ans –, les livres s’entassent. « Maintenant j’ai une pièce à moi, apprécie Émilie. Avant, j’écrivais sur un bureau entre les chambres des enfants… » Cela ne l’a pas empêchée pourtant de déverser – « Souvent pendant la nuit quand tout se calme » – son imaginaire sur ordinateur. Depuis qu’elle a ouvert les vannes en « osant » publier trois ouvrages – un monologue, un recueil de poésie et un roman (lire JDA #894) – l’année de ses 40 ans, sa plume ne tarit pas.

 

ÉLOGE DE L’ENNUI
En mai, Tout ça c’est dans ta tête, conte musical, est paru chez Christophe Chomant éditeur. Cette pièce de théâtre jeune public qu’elle a écrite et mise en scène a été créée en janvier 2020. Dédié à ses trois enfants et à Agathe, l’amie imaginaire et chamailleuse de sa fille de 5 ans, cet éloge de l’ennui rend hommage à l’enfance, monde des possibles. Une invitation à ralentir rédigée avant le confinement… « Nous la reprendrons lors du festival Basse-Cour le 8 novembre. » Ce temps fort populaire dédié au théâtre et à la chanson que son joyeux Poulailler organise chaque printemps a été décalé et « allégé » dans le respect du protocole sanitaire. Ce 10 octobre est sorti aussi Les Absents, son deuxième roman aux éditions Les Passagères. On y suit les errances amoureuses de la jeune Céleste. Et on savoure une nouvelle fois son souffle haletant qui bouscule les mots, la ponctuation et les codes.

 

LA CONDITION FÉMININE
Émilie y interpelle le lecteur, s’interrogeant sur les chemins paumés de son héroïne en mal d’amour : « Céleste s’est construite presque malgré moi… » Mais son décor puise volontiers dans sa vie : les études de philo à Lille, le théâtre, les villes du Nord et du Santerre… Un terreau familier qui donne corps et âme à la vie de cette abonnée aux mauvaises rencontres, atteinte de spleen et du « mildiou » comme les tomates trop arrosées par la pluie. À travers Céleste, Émilie évoque « les difficultés à devenir une femme et à se construire ». Des questionnements d’actualité toujours dans ses tuyaux : elle travaille à un ouvrage consacré à Mary Shelley (l’auteure de Frankenstein) et un projet théâtral pour trois comédiennes. Entre sa vie de famille et celle de la troupe, elle a également eu le temps d’autoéditer avec sa soeur Sarah – comédienne aussi et illustratrice ici – un ouvrage jeunesse intitulé J’ai débordé et de retranscrire 100 pages de réflexions – « Matière à un monologue ? » – enregistrées lors de ses marches quotidiennes pendant le confinement. « Je termine un troisième roman… » Intarissable, décidément !

//Coline Bergeon

 

Tout ça c’est dans ta tête (Christophe Chomant éditeur),

Les Absents, le roman de Céleste (éd. Les Passagères)

Festival Basse-Cour du 5 au 8 novembre à la salle des fêtes de Poulainville – cielepoulailler.com