Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Construire moins, construire mieux 1 © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

17.03.2021

JDA 975

La tendance à la baisse du nombre de membres par foyer se poursuit, avoisinant les deux individus par habitation. Pourtant, Amiens Métropole entend à l’avenir favoriser la construction de logements pour quatre à six personnes. Ce paradoxe s’explique par le fort accent mis ces dernières années sur les petites typologies qui manquaient, dont du locatif privé, des logements étudiants et des résidences adaptées : « Nous avons désormais suffisamment de logements étudiants. En revanche, il devient de plus en plus difficile pour les grandes familles de se loger, et celles-ci doivent alors parfois quitter l’agglomération », résume Guy Penaud, le vice-président d’Amiens Métropole délégué à l’habitat et à la rénovation urbaine. Ajuster l’offre et la demande : telle est l’une des fonctions du Programme local de l’habitat (PLH), document réglementaire (lire ci-dessous) de la collectivité dont la nouvelle mouture, effective depuis janvier, court jusqu’en 2026.

GRANDES ORIENTATIONS

Le décalage entre les besoins immédiats et le temps nécessaire à la programmation et la construction de logements implique une anticipation de la politique publique. «Maîtriser le rythme de construction n’a rien de simple, d’autant que nous devons travailler avec des promoteurs qui n’ont pas forcément, et c’est normal, les mêmes objectifs que nous », concède Guy Penaud. D’où ce PLH, élaboré avec l’État, les professionnels et les élus des différentes communes d’Amiens Métropole, qui « fixe les grandes orientations ». Notamment la lutte contre l’habitat insalubre, la promotion de la rénovation thermique, la restriction de l’étalement urbain ou encore la mixité sociale grâce à l’accession à la propriété et à une meilleure répartition du parc locatif social.

 

QUALITÉ ET DIVERSITÉ
Après une période où jusqu’à 1 400 logements neufs par an ont pu être autorisés pour répondre aux besoins, l’une des clefs de ce nouveau PLH est la maîtrise des constructions, via un objectif annuel fixé à 800 (dont un tiers de locatif social) et à 80 remises sur le marché (lire ci-dessous). « Ces chiffres tiennent compte des programmes en développement qui seront livrés au cours du deuxième PLH, prévient Guy Penaud. Sur un objectif global de 4 800 logements neufs, 4 500 sont d’ores et déjà identifiés. » Il s’agit désormais de privilégier la qualité et la diversité : « L’ennui naquit un jour de l’uniformité », rappelle l’élu, citant le fabuliste Antoine Houdar de La Motte.

 

STATU QUO DÉMOGRAPHIQUE
Si les contraintes précises tels que les matériaux utilisés ou la hauteur des résidences restent à l’appréciation des communes, le PLH vise globalement à « un habitat désirable, en développant de l’individuel, fût-il dense, ou du collectif à taille humaine doté d’espaces extérieurs, et en proposant des logements familiaux ». Cela afin de conserver la population sur notre territoire : « Jusque-là, Amiens Métropole a su tirer son épingle du jeu, avec une stagnation voire une légère hausse ». Le scénario retenu par le PLH prévoit ainsi une « croissance démographique raisonnable de 0,35 % par an, pour atteindre le seuil de 187 600 habitants au 31 décembre 2026 ».

//Jean-Christophe Fouquet

 

// PLH, PLU, PDU ?

L’élaboration du Programme local de l’habitat est arrivée dans le giron des intercommunalités dans une démarche de décentralisation au début des années 2010. Amiens Métropole entame son deuxième PLH (2021-2026), document de programmation stratégique en matière d’habitat validé par l’État (qui lui conditionne certaines aides financières). Dans la jungle des cronymes, le PLH doit se conformer au Scot, le schéma de cohérence territoriale, qui revient au Pays du Grand Amiénois. De même, les PLU (Plans locaux d’urbanisme) des communes membres doivent en tenir compte. Et le PDU, le Plan de déplacements urbains d’Amiens Métropole, n’est pas bien loin : qui dit nouveaux logements dit, par exemple, nouvelles voiries.

 

// QUEL SOLDE MIGRATOIRE ?

Construire moins, construire mieux © Getty Images

Si la natalité maintient l’évolution démographique à la hausse, le solde migratoire du territoire reste légèrement négatif. Amiens Métropole compte donc sur la diversification de son offre pour garder des habitants et en a tirer de nouveaux, essentiellement en provenance de la métropole lilloise ou de l’Île-de-France. Objectif : environ 450 personnes de plus par an.

 

// COOPÉRATION INTERCOMMUNALE

Le PLH prévoit la mise en place d’un observatoire de l’habitat à échelle intercommunale, pour accélérer les échanges de données (logements construits, vacants, permis délivrés, besoins recensés) et parvenir à un meilleur équilibrage des programmations sur le territoire. Au-delà du respect de la loi SRU (20 à 25% de logements sociaux d’ici 2025 pour les communes de plus de 3 500 habitants), il y a par exemple une volonté de construire de l’habitat social, en location ou en accession à la propriété, de façon disséminée sur l’ensemble d’Amiens Métropole. Autre tendance : la réappropriation des centres et la limitation de l’étalement périphérique afin de ne pas prendre davantage de terrains à l’agriculture.

 

Construire moins, construire mieux © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

Le Prêt social de location-accession se développe, comme ici à Salouël.

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

 

// NOUVEAUX LOGEMENTS : OÙ ET COMMENT ?

Répartition prévisionnelle des 800 logements annuels à construire jusqu’en 2026.

  • 530 à Amiens.
  • 52 à Longueau et Rivery.
  • 138 dans les autres communes agglomérées (Boves, Cagny, Dreuil-lès-Amiens, Dury, Pont-de-Metz, Saleux, Salouël).
  • 80 dans le reste de l’intercommunalité.

 

// CONTRE LA VACANCE ET L’INSALUBRITÉ

Construire moins, construire mieux © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

À Amiens Métropole, environ 9 400 logements seraient actuellement vacants depuis plus de deux ans, dont 90% à Amiens, essentiellement dans le centre et les faubourgs. Il s’agit d’en remettre 80 par an sur le marché, à la vente ou à la location. « Il faut pour cela identifier les propriétaires et voir avec eux les raisons pour lesquelles le logement est vacant, et comment éventuellement les aider », détaille Guy Penaud. Parallèlement, la collectivité entend lutter contre l’habitat indécent et insalubre en favorisant le remembrement de maisons divisées en petits logements, notamment des amiénoises.

 

// VERS UN GUICHET UNIQUE DE L’HABITAT

Amiens Métropole travaille à la création d’un guichet unique de l’habitat qui centralisera les informations : comment adapter son logement en cas de handicap, déposer un permis de construire, obtenir une aide de l’Agence nationale de l’habitat, réaliser un ravalement de façade, etc. La plateforme Laure d’Amiens Métropole, dédiée à l’aide à la rénovation énergétique (pass-renovation.amiens.fr), y aura sa place : le PLH mise sur la rénovation thermique d’environ 300 logements par an.

 

LE CHIFFRE

95 000

C’était, en 2019, le nombre de logements que comptait Amiens Métropole, dont 47 % d’individuels. 60 % d’entre eux ont été construits avant l’instauration de toute réglementation thermique (1974). Un quart des logements relève du logement social et un tiers du locatif privé. 11 233 logements ont été autorisés de 2012 à 2019.