« Du jamais vu depuis 2001 »
La montée des eaux n’aura échappé à personne, réveillant pour certains les craintes et les souvenirs des inondations d’il y a vingt ans. Bonne nouvelle : la décrue semble s’amorcer.

17.02.2021
JDA 973
« On est à 40 centimètres au-dessus du niveau normal. » Bottes aux pieds et bonnet sur la tête, Éric Audegond sillonne sur sa barque et au quotidien les 300 hectares des hortillonnages. En charge des travaux à l’association de sauvegarde de ces jardins sur l’eau, le jeune soixantenaire est formel : « C’est du jamais vu depuis 2001 ». Les fortes intempéries de fin janvier et début février ravivent le souvenir des inondations du printemps 2001, la fameuse crue du siècle quand la Somme était sortie de son lit. « 2001, tout le monde s’en souvient, rapporte Éric Audegond. C’était un océan. On n’accostait même plus sur les parcelles, tout était noyé ! »
« ÇA NE BAISSE PAS BEAUCOUP »
Vingt ans plus tard, les berges de bois sont à nouveau sous l’eau. Partout, elle affleure. Régis Cossin habite à Camon : sa maison est bordée par un rieu, un petit canal qui vient lécher sa terrasse. Avec son épouse, ils n’ont pas connu 2001. « Mais on en parle avec les voisins. » Certains ont déjà remis le mobilier de la cave sur parpaings. « On veut positiver, il y a encore une petite marge. Mais bon, on se fait du mauvais sang. Surtout qu’il ne pleut plus et que ça ne baisse pas beaucoup. »
AUTOMATIQUE MAIS LONG
La Somme, placée le 3 février en alerte orange, est redescendue à une vigilance jaune le 12. Après une semaine sans pluie, le débit observé à Lamotte-Brebière, l’un des points de contrôle du fleuve en amont de l’agglomération, était en début de semaine de 34 m3 par seconde contre encore 39,8 le 10 février. Un record depuis 2004 et l’installation de cette surveillance. « La baisse du niveau sera automatique mais longue », confirme Bruno Legeard, du service gestion des risques d’Amiens Métropole qui surveille également le niveau des nappes, lequel a augmenté avec l’épisode d’intempéries. Régis de Camon ironise : « On n’est pas encore sorti de l’eau ! ».
//Antoine Caux