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Nouveau visage d’une lignée de maraîchers dans les hortillonnages, Perrine Parmentier, 30 ans, n’a pas hérité de terres mais d’un savoir-faire et d’un caractère à l’image de ses jardins : bien trempé.

Fan de radis  © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

24.03.2021

JDA 976

« Quand même, prendre le bateau pour aller travailler, c’est beau non ? » Et pas banal pour une agricultrice. À Camon, au bout des serres qui abritent sa foire aux légumes des mercredis après-midi et dimanches matin, passé les cagettes qui attendent les radis, et puis celles chargées de céleri-rave et de panais plus très frais qu’elle donnera à des centres équestres, Perrine Parmentier doit embarquer pour rejoindre ses terres. Pas la mer à boire : ses parcelles posées sur l’eau, façonnées il y a des siècles, sont à portée de barques. Mais quand même : « C’est vingt minutes par ci, vingt minutes par là. C’est du temps de perdu. Pour autant, quand je me suis installée, on m’a proposé le double de surface en plaine pour le même prix. J’ai dit non ».

 

LES BACS... À SHAMPOOING

 Les hortillonnages, c’est son jardin. Elle y a grandi. Ses filles viennent jouer aujourd’hui entre les petits tracteurs et les cageots, « elles repartent noires comme des cochons ». Elles ne font qu’imiter leur mère au même âge, quand elle accompagnait son père, Francis Parmentier, issu d’une grande famille d’hortillons. À l’origine, Perrine ne devait pas mettre ses mains dans les semis mais dans les bacs à shampooing. La jeune fille avait d’abord choisi coiffure. Le destin la fera passer des ciseaux au sécateur. Faute d’un stage en apprentissage dégoté à temps, la voilà à donner un coup de main au paternel.

 

PANIERS À RÉSERVER

 La bouture opère, le retour aux sources est un coup de foudre. C’était il y a trois ans. Elle se lance en parallèle du papa. Débute avec un hectare à défricher : « J’étais enceinte. Malgré mon gros bidon, je l’ai fait ». Apporte toute de suite sa touche. Et dépose sa marque Mon panier nature. « La première année, il nous restait des tomates, c’est comme ça que j’ai eu l’idée des paniers à réserver via Facebook. » Depuis, le panier qu’on peut récupérer à plusieurs endroits d’Amiens a gagné en variété. Jusqu’à 70 produits au cœur de l’été. Debout tous les jours à 5h. Qu’importe, elle a les cils soignés de Rimmel. Et puis cette queue-de-cheval qui tire en arrière sa crinière rousse façon patineuse artistique. On est à mi-chemin entre Fifi Brindacier pour le côté canaille, et celui fort en gueule à la Véronique Genest. Elle bine à la force du poignet et vend à celle de la langue : « Faut avoir de la gamelle. J’en ai, je l’assume ». Et ne l’a jamais mise dans sa poche. Que n’a-t-elle pas entendu pourtant. « Au départ, dès qu’on frappait à une porte, j’avais le droit à “Oui mais vous êtes une femme, ça va être dur”. » Commerçante, elle se modère quand on lui demande des tomates en plein hiver : « Bah non, ça ne pousse pas l’hiver ».

 

LE FUTUR MARI AVEC

 L’autre jour, elle a surpris sa petite dernière en train de croquer dans un chou frisé. Peut-être prendra-t-elle le relais ? En attendant, c’est le conjoint qui vient de quitter l’usine pour embarquer avec sa future femme-patronne. Le Covid a repoussé le mariage. Mais monsieur est déjà à la botte... des radis. La saison démarre. Le légume chouchou de Perrine débarque bientôt sur les étals.

//Antoine Caux