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Régis Gurtner, cheveux hirsutes et adroit aux buts. Le portier alsacien de l’ASC combine avec naturel un statut de héros de la licorne et celui de monsieur tout-le-monde.

Gardien de sa paix © Laurent Rousselin – Amiens Métropole
« C’est important que ma femme aussi s’épanouisse dans son travail »
© Laurent Rousselin – Amiens Métropole

24.04.2019

JDA 910

Sa voix porte peu mais on l’entend après chaque match, en zone mixte, passage (pas toujours) obligé des footballeurs face aux journalistes. Régis Gurtner est ce que l’on appelle un bon client. S’arrêtant toujours. Après les bons matchs – et ils sont nombreux. Comme après une erreur – plus rare. Soufflant parfois au moment du “Régis, un mot ?”, mais jouant le jeu. Rattrapé par sa bonne éducation. « Ça fait partie du métier. On est très sollicité mais ça veut dire que l’on s’intéresse à nous », estime le gardien de 1,82 m, qui a gardé quelque chose de l’enfance dans son regard et dans sa politesse. Et qui, s’il a fait son trou en Ligue 1 à 32 ans, n’a pas oublié les années galères : le départ de Strasbourg, son club formateur, après la perte du statut professionnel en 2011, la relégation avec Boulogne-sur-Mer en National en 2012, l’aventure avortée à Luzenac (avec Christophe Pelissier), empêché de Ligue 2 en 2014, le débarquement au Havre d’où il partira, sans regret, pour la plus anonyme troisième division avec Amiens, à l’été 2015, rappelé par Pelissier… Depuis, il a son propre chant scandé par la tribune Nord : “Régis on fire, la Ligue 1 est pétrifiée” sur l’air de Freed from Desire, de Gala.

 

“COMME DIT”
Il y a ceux qui guettent les matchs contre le PSG ou l’OM. Quand le calendrier de la Ligue 1 tombe en juin, ce que cherche Régis Gurtner, ce sont les Strasbourg / Amiens. Il a donc retenu depuis longtemps ce 28 avril et la venue du Racing. Parce que celui qui écrit les plus belles pages de l’histoire de l’ASC a débuté la sienne près de la capitale alsacienne. Là où la famille vit toujours. Là où ses enfants passent les petites vacances scolaires. Là où il aime rentrer pour déguster une flammekueche. Là où il a pris le tic de dire “Comme dit” une phrase sur trois. Là où le football est entré dans sa vie. « Avec mon père, j’allais voir les matchs de Strasbourg, même les entraînements. Moi aussi j’ai fait la queue pour avoir un autographe… » Alors oui, la fête de l’école de ses deux garçons (7 et 4 ans, fans de papa, de l’ASC… et du PSG) peut virer à la séance de dédicaces. « Comment dire non… Après, dès que l’on sort, les gens vous abordent pour une photo. Les enfants peuvent se demander ce qu’il se passe. Il faut faire attention à ne pas perturber l’équilibre de la famille. »

 

UNE ÉPOUSE INFIRMIÈRE
L’équilibre, le joueur sous contrat jusqu’en 2022 l’a à la campagne. Une Seat, une vie simple. Le luxe ? Un bon poulet-frites le dimanche midi. « Je continue de pousser mon chariot au supermarché, je ne vais pas dire à quelqu’un de faire mes courses », se défend-il. Et sur la porte du frigo, ce n’est pas le planning des entraînements mais celui de Jenny, son épouse infirmière. Le quotidien des Gurtner, ce sont les nuits et les journées en décalé de madame, sa formation de réflexologue à Paris – « C’est important qu’elle aussi s’épanouisse dans son travail » –, et les enfants à amener à l’école pour monsieur. Pas question de médaille : « Tous ceux qui ont des enfants savent comment ça se passe ». Quitte à ne pas être sur la même longueur d’onde avec les coéquipiers. « Oui, mais quand tu vieillis, il faut savoir s’adapter à la nouvelle génération. » Le meilleur gardien de Ligue 1 est un mec bien. Comme dit.

//Antoine Caux