Jardins extraordinaires
Les hortillonnages s’enrichissent de huit nouvelles œuvres à l’occasion du Festival international de jardins. Quand l’art et la création se mettent au service de la préservation de cet exceptionnel patrimoine.
02.06.2021
JDA 982
Embarquer sur les rieux pour rejoindre les îlots modelés depuis 2010. Et apprécier comment, depuis onze ans, le Festival international de jardins Hortillonnages Amiens a fertilisé les ambitions de la jeune création artistique tout en protégeant un site patrimonial unique. « On mène un travail de sauvegarde des berges et des parcelles qui, si l’on ne les entretient pas, repartent à l’eau », assure Gilbert Fillinger, directeur de l’association Arts & Jardins Hauts-de-France qui organise l’événement. En témoigne l’enchevêtrement racinaire visible de l’îlot qui accueille depuis 2011 le Jardin d’Érode façonné par l’agence marseillaise Wagon Landscaping. Près du port à fumier, à Camon, l’île se rétrécit à chaque édition : « On pointe l’impact du changement climatique, l’idée que le monde change. L’écologie guide nos choix ».
51 ŒUVRES
Pour l’édition 2021, outre les 43 œuvres déjà installées depuis l’éclosion du festival, huit nouveaux projets trouvent place. Certains interrogent encore l’enjeu environnemental comme ces ruchers tressés conçus par Alix Eoche-Duval et Cyril Servettaz. D’autres questionnent la terre nourricière tel ce jardin pensé par Livia Kolb et Virginie Alexe qui mêle des méthodes d’agriculture traditionnelle en milieu humide à travers le monde. « Dans ce rapport vertueux entre l’eau et la terre cultivée par les hortillons et l’idée d’une terre commune nourricière, on a rassemblé une collection de formes culturales et esthétiques d’Amérique du Sud, de Thaïlande, d’Océanie... », expliquent les conceptrices. D’autres œuvres flottantes, comme ces Îlots bercés par le mouvement de l’eau et sculptés par la Lituanienne Ilona Mikneviciute, appellent à un retour à la nature. Une invitation salutaire.
//Ingrid Lemaire
Festival international de jardins Hortillonnages Amiens, jusqu’au 17 octobre
À pied (gratuit) ou en barque depuis le port à fumier à Camon (location et départ au 35, rue Allou) – Le festival se prolonge également dans les Hauts-de-France
Programme complet sur artetjardins-hdf.com
Roques, œuvre créée en 2020 par l’Atelier Faber.
© Yann Monel
// LA NAVETTE AUX FEUILLES D’OR
De l’île aux Fagots, on aperçoit flottant sur l’eau la Navette de Keita Mori. Pour cette œuvre sculptée qui symbolise les métiers de tissage propres à l’histoire d’Amiens, le dessinateur japonais a fait appel à l’Amiénoise Karine Desmarquest. Elle est, en France, l’une des rares spécialistes de la dorure à la feuille. « Keita Mori est venu à mon atelier de la rue de Cagny début 2021. Le couvercle qui scelle le bateau peint en doré est entièrement recouvert de 3 m2 de feuilles d’or. C’est le seul métal inoxydable capable de résister aux intempéries. Quelle que soit la lumière, la Navette reflète une intensité particulière. » Karine Desmarquest collabore avec des artisans d’art, des particuliers et intervient sur des monuments classés historiques. Sa dernière restauration : le cadre du XIXe siècle d’une peinture de l’église d’Hem-Hardinval, près de Doullens.
© Noémie Laval
// CONCERTS AU MILIEU DU FESTIVAL
Pendant le festival, La Lune des pirates renouvelle ses Balades de La Lune, concerts intimistes au cœur des hortillonnages. Le 18 juin, les rendez-vous sur l’île aux Fagots avec les Suisses de Black Sea Dahu et du Lillois Coole Max sont déjà complets. Les 19 et 20, place aux Amiénois : Richard Allen (le 19, complet aussi) et Bali Dou (le 20) joueront chacun deux fois. Mais avant cela le public aura profité d’une promenade en barque. Réservation sur bit.ly/billetterielune.