L’eau vue du ciel
La startup amiénoise T-Obs propose aux collectivités et entreprises de détecter les sources de pollution des cours d’eau grâce aux images satellites, à des drones et à sa technologie inédite de capteurs.

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole
10.02.2021
JDA 972
« C’est la dernière décennie pour agir, après il sera trop tard pour atteindre les objectifs du développement durable. » Avec deux associés, l’Amiénois Elisée Tchana, 29 ans, a créé la startup T-Obs (Terra Observation) il y a un mois. Cet ingénieur en gestion environnementale des écosystèmes et forêts tropicales d’Agro ParisTech a finalement ciblé la protection des océans et cours d’eau. « L’eau, c’est la vie. Sans elle, les arbres ne poussent pas, l’oxygène ne se régénère pas. Préserver l’eau, c’est aussi une question de santé : la pollution peut se déverser dans les rivières et modifier la faune et la flore. » C’est là que sa startup est utile : « Grâce à T-Obs, chacun pourra être informé de l’état des cours d’eau quasiment en temps réel ».Pour cela, depuis son bureau à la pépinière d’entreprises Amiens le L@b, Elisée Tchana consulte les images des satellites et de ses drones. Et peut, avec son équipe, localiser l’origine d’une pollution à partir d’analyses par des algorithmes et l’intelligence artificielle.
EMBAUCHER LOCALEMENT
« Nous utilisons des données gratuites du programme européen Copernicus, détaille Elisée Tchana. La mise à disposition d’informations quotidiennes pour nos clients via nos outils est payante. Mais nous savons faire fusionner des images de plusieurs satellites pour obtenir des analyses plus précises et un retraçage spatio-temporel de l’évolution de la pollution. » Attaché à Amiens, il souhaite travailler avec les écoles supérieures de la ville et recruter des ingénieurs sur place. Un partenariat est d’ailleurs envisagé avec l’Ésiee pour finaliser la technologie des capteurs de T-Obs : des bouées équipées d’une plaque solaire et de capteurs qui mesureront l’oxygène de l’eau, sa température, son pH, sa turbidité… Une innovation vouée à collecter des informations de terrain afin de les comparer avec celles des satellites, de créer des cartes, de mener des études.
UN PRIX EUROPÉEN
Capella Space, une société basée à San Francisco qui a récemment présenté un satellite ultra-performant, compte parmi les partenaires d’Elisée Tchana. Ses futurs clients ? Les collectivités territoriales, les entreprises spécialisées dans la gestion de l’eau, les agriculteurs. Voire le grand public à la recherche de renseignements sur leur secteur d’habitation. Deux fois lauréat du concours French Tech Tremplin parmi des centaines de candidats, T-Obs a reçu 62 000 € pour se développer et a décroché la troisième place du prix européen attribué par l’Agence des systèmes de radionavigation par satellite en novembre 2020. Prochaine étape : obtenir le soutien de l’Agence spatiale européenne. Viser toujours plus haut, pour voir de toujours plus haut.
//Lysiane Voisin