La soif de vivre

L’étau se desserre ce 19 mai avec la réouverture des commerces, des terrasses, des lieux culturels. Un vent de liberté attendu avec impatience, alors qu’un vaccinodrome s’installe au Zénith.

19.05.2021

JDA 981

Comme il y a un an, la réouverture des bars et restaurants cette semaine symbolise le déconfinement. En 2020, c’était le premier. Nous en sommes au troisième… L’année dernière, cette réouverture était totale, intérieurs comme extérieurs, et intervenait au 2 juin. Là, elle arrive plus tôt, au 19 mai, mais ne concerne que les terrasses dans un premier temps (lire plus bas). Dès le lendemain de l’annonce d’Emmanuel Macron du 29 avril les premières tables ont commencé à réapparaître dans les rues d’Amiens, histoire de se rappeler, mais sans y toucher, au bon souvenir de la clientèle. Depuis, les jets d’eau se sont déversés, les chiffons se sont activés. Il n’était pas question de rater le top départ, même si tous les établissements n’entendaient pas prendre ce premier train, faute de rentabilité espérée au regard de contraintes sanitaires dont les contours ont tardé à être précisés. Nombreux sont ceux qui, en attendant, ont fignolé des travaux, comme à La Gargouille, en face de Notre-Dame. « On passe en bar bistrot, on monte en gamme, explique Alexandre Thilly, coassocié. Les paninis et les croque-monsieur, on en avait marre ! » Ce bar qui favorise les bières locales s’est lancé dans la vente de plats à emporter il y a environ deux mois, « plus pour la santé mentale que pour l’argent ». Maintenu à flot grâce à un « super été » et à un prêt garanti par l’État, il rouvre le 19 mai. « On ne sait que depuis trois jours (propos du 14 mai, ndlr) qu’on ne peut ouvrir que 50 % de la terrasse avec deux mètres entre les tables, mais pour nous cela devrait aller, nous en avons une quarantaine. J’ai plein de copains qui ne savent pas trop comment faire… » Une inquiétude que le mauvais temps n’apaise pas.

FINI LES RIDEAUX BAISSÉS

Rue Delambre, à la sandwicherie Sabena, du nom du manège que gérait Patrice Vermeulen et qui orne le mur derrière le comptoir, on entend quand même profiter de la possibilité offerte par la Ville d’Amiens d’étendre les terrasses (lire plus bas) : « Je ne vais pas mettre plus de tables, explique le patron qui a repris cette affaire en septembre. Mais, en doublant la surface extérieure, je vais pouvoir en garder autant ». Lui qui a pu continuer pendant le confinement s’inquiète pour ses collègues : «Moi, ça va. Mais c’est dommage pour ceux qui attendaient leur réouverture. Avec ce temps…». Au-delà des terrasses ensoleillées (ou pas), ce 19 mai autorise aussi la reprise de tous les commerces, même ceux dits “non essentiels”. Fini les entrées barrées d’une table équipée de gel hydroalcoolique pour le click & collect. Fini, surtout, les rideaux purement et simplement baissés. Une dynamique de reprise que l’accélération des vaccinations grâce à l’ouverture d’un vaccinodrome ce mercredi 19 mai au Zénith d’Amiens devrait renforcer. Et mener à un été serein ?

//Jean-Christophe Fouquet

// QUESTION À… Nathalie Lavallard,

adjointe au maire d’Amiens déléguée au commerce

« On cherche des solutions »

JDA : Comment fonctionne l’extension temporaire des terrasses ?

La soif de vivre © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

Nathalie Lavallard : Il suffit d’envoyer un e-mail avec une photo des lieux et ses coordonnées. Nous étudions la demande, qui peut, si c’est simple, être satisfaite dès le lendemain. Nous en avons déjà eu une soixantaine. Il n’y a eu que deux refus, car il s’agissait de trottoirs et on ne pouvait garantir le passage des personnes à mobilité réduite, l’un des critères à prendre en compte, tout comme l’accès des secours. Mais on cherche le maximum de solutions, quitte, parfois, à utiliser des places de stationnement. Cette extension restera de mise jusqu’au retour des jauges pleines en intérieur. En attendant, la Ville d’Amiens a voté l’exonération des droits de terrasse du premier semestre. Pour le second semestre, nous y réfléchissons encore, mais il y aura de toute façon des aides.

Pour demander à étendre sa terrasse :

n.lavallard@amiens-metropole.com

// VACCINODROME AU ZÉNITH

Un vaccinodrome d’État a ouvert ce mercredi 19 mai au Zénith. Piloté par le Sdis 80, il vise un minimum de 1 000 injections quotidiennes et fonctionne 7j/7 de 9h à 18h, sur rendez-vous, en fonction du stock de doses reçues. Le Conseil départemental, la Ville et Amiens Métropole, l’ARS et la CPAM travaillent aux côtés des pompiers pour mener à bien cette campagne qui vient à Amiens en renfort des quatre centres de vaccination ouverts depuis janvier. Si la vaccination reste réservée aux publics prioritaires jusqu’au 15 juin, il est possible pour tous les 18 ans et plus de tenter leur chance sur les créneaux disponibles le jour même ou le lendemain.

Rendez-vous : 03 64 46 17 90 – doctolib.fr

La soif de vivre 4 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

Le chiffre

200

C’est la barre sous laquelle le taux d’incidence devrait être descendu à Amiens Métropole lors de la sortie de ce JDA. Dégressif depuis plusieurs semaines, il était de 209 cas pour 100 000 habitants au 11 mai (source : ARS Hauts-de-France). Loin du pic enregistré du 29 mars au 4 avril (435). Par ailleurs, au 12 mai, 82 des 85 lits en réanimation et soins intensifs étaient occupés au CHU d’Amiens, dont 43 par des patients Covid-19. Une occupation à la baisse, mais le « retour à l’organisation habituelle » ne sera « atteint qu’avec le maintien du respect strict des mesures barrières », prévient l’hôpital.

La soif de vivre 3 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

Le bassin extérieur d’Aquapôle a pu rouvrir au grand public ce 19 mai. Les autres bassins amiénois attendront le 9 juin, comme tous les équipements couverts.

// QUELLES RÈGLES AU 19 MAI ?

Couvre-feu

Il est porté à 21h (23h au 9 juin). Une attestation reste nécessaire entre 21h et 6h.

Dans les lieux clos de spectacle

Jauge à 35 %. Seules les configurations assises sont autorisées.

Dans les musées et monuments

Réouverture sous jauge de 8 m² par personne (4 m² au 9 juin).

Dans les commerces

Tous les commerces peuvent rouvrir, sous réserve de respecter une jauge de 8 m² par personne (4 m² au 9 juin). Concernant les bars et restaurants, seules les terrasses peuvent être utilisées, à raison de 50 % maximum de leur capacité (pour les grandes superficies) et par tablées de six au plus, espacées de deux mètres. Les intérieurs seront de nouveau accessibles au 9 juin, à 50 %.

Dans les équipements sportifs

Reprise partielle de l’accueil des spectateurs, mais aussi des pratiques en extérieur (sauf pour les sports de contact). En milieu couvert, pratique réservée aux scolaires et aux professionnels jusqu’au 9 juin, date à laquelle tout comme les salles de sport, les équipements couverts pourront rouvrir.

Retour vers la culture

Différentes salles de spectacle rouvrent leurs portes dès ce 19 mai. Aperçu des festivités.

Malgré une brève fenêtre de tir en septembre et octobre 2020, les salles n’ont jamais vraiment pu rouvrir depuis le premier confinement. Le lest est cette fois lâché, mais il reste peu de temps avant la période estivale, traditionnellement plus propice au tourisme qu’à la culture. Il s’agit donc d’en tirer parti. «On est prêts ! » sourit Laurent Dréano, directeur de la Maison de la culture. La structure a relancé sa programmation dès ce 19 mai, avec des choses déjà prévues, des reports, des ajouts, des changements de salle. Parfois, cela s’avère simple, comme pour la pièce Peut-être Nadia. Calée au 18 mai, elle n’a eu qu’à glisser au lendemain. D’autres fois, c’est plus compliqué. D’Est en Ouest, spectacle de danse attendu le 11 juin mais initialement prévu sur la saison 2019-2020, va enfin être présenté après plusieurs reports.

MASQUES ET CIE

Dans tous les cas, la Maison s’agite : « Même si les portes sont longtemps demeurées fermées, la Maison de la culture est restée active en accueillant de nombreux artistes en résidence de travail, notamment l’Orchestre de Picardie qui monte sur scène le 2 juin, et d’autres compagnies. Et puis rouvrir, c’est aussi relancer l’emploi ». Résultat : plus de dix rendez-vous en tout genre ont trouvé leur place entre le 19 mai et le 5 juin, dont We Love Ella (jazz, 27 mai), Grand Applause (danse-performance, 28 et 29 mai) et Incandescences (théâtre, 1er et 2 juin). Bien sûr, que ce soit dans les salles de spectacle, au cinéma Orson-Welles ou pour les expositions, le masque est de mise, ainsi que la distanciation physique. Des sièges resteront vides entre les individus ou les groupes, de six personnes maximum, la consommation à Côté Jardin se fera assise et le vestiaire restera fermé.

L’ÈRE DES RÉSERVATIONS

Toutes les règles sanitaires et les modalités de réservations, obligatoires y compris pour les expositions, ont été mises en ligne sur le site de la MCA. Car ici comme ailleurs, la reprise passe par la réservation. Et tout est allé très vite, à mesure que les dates se sont recalées. Encombrement, lignes occupées : les accueils des structures ont été pris d’assaut. Exemple à Jacques-Tati : le centre culturel, qui a repris lui aussi le 19 mai avec Lune jaune, affiche déjà un Roméo et Juliette complet (les 27 et 28). Même reprise immédiate pour la Comédie de Picardie et ses 140 places autorisées, avec Pinocchio du 19 au 21 mai, rescapé d’une saison chamboulée. Suivront Le Crépuscule les 26 et 27 mai, puis d’autres rendez-vous en juin – dont certains complets. De leur côté, les marionnettes de Chés Cabotans reprendront le fil le 26 mai. Via le Tas de sable – Chés Panses vertes, d’autres se mettent En Chemins du 23 au 30 mai à Amiens, Allonville, Camon et Dury. Des représentations en extérieur et gratuites (reservation@letasdesable-cpv.org).

Grand Applause, les 28 et 29 mai à la Maison de la culture.

Des fois oui, des fois non

Certaines activités culturelles restent handicapées par les consignes de sécurité sanitaire. Exemples de reprises à petits (ou à grands) pas.

Quid des visites guidées d’Amiens, Métropole d’art et d’histoire ? « Après La Balade du velours du 22 mai, nous reprenons le 29, sur réservation (bit.ly/resaAMAH, ndlr), répond Céline Caneele, coordinatrice. Les jauges sont fixées à dix personnes, guide inclus, en intérieur comme en extérieur. Nous attendons un décret qui pourrait lever cette limite pour les guides ayant une carte professionnelle. » Car il reste des zones floues dans les détails techniques de ce troisième déconfinement. C’est d’ailleurs ce qui freine la Maison de Jules Verne, dont la réouverture est prévue le 26 mai : « Si c’était simple, ce serait génial, soupire Fanny Lelavandier, à la tête des lieux. Certaines de nos salles font à peine 8 m2… On attend de savoir exactement comment gérer les flux, les horaires, les réservations. » Une réserve dont le Musée de Picardie et ses grands espaces se dispensent. Après deux réouvertures ayant fait long feu, les visiteurs vont enfin pouvoir le retrouver, flambant neuf après sa rénovation.

LA RUE ATTEND JUILLET

Mais tout ne reprend donc pas. Ou du moins, pas tout de suite. Le report de La Rue est à Amiens du 5 au 9 juillet reste d’actualité du côté du Pôle national cirque et arts de la rue, qui présente les travaux de ses élèves le 21 mai. Minuit avant la nuit, le festival plein air de la Lune des pirates et espéré du 18 au 20 juin, ne peut pas non plus revenir sur son annulation. Et la salle de concert, essentiellement conçue pour vivre la musique debout, ne repart pas à l’abordage pour l’instant. Dans un tout autre style, le Jardin archéologique de Saint-Acheul rouvre sa salle d’exposition. Mais la jauge de 8m2 par personne y empêche les ateliers pédagogiques. Ceux-ci reprendront en juin, où sont aussi attendus les Rendez-vous aux jardins (du 4 au 6). Le jardin en lui-même, qui « peut dans l’absolu accueillir 2 000 personnes », plaisante Camille Baïda, directrice des lieux, est toujours resté ouvert pendant cette phase de confinement, à l’image des autres jardins publics. C’est déjà ça.

Des fois oui, des fois non © Laurent Rousselin - Amiens Métropole

Le Musée de Picardie, rénové, redémarre le 19 mai. Mais ce n’est pas toujours possible pour d’autres équipements et événements.

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