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Dominique Scaglia expose ses gravures à Léo-Lagrange. Des œuvres empreintes de poésie et d’humour. À son image.

Monsieur croqui(s)gnol © Laurent Rousselin - Amiens Métropole
« Comme Degas, ce que je cherche, c’est l’accident. »
© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

04.12.2019

JDA 931

On ne l’avait pas revu depuis le collège en 1995. On l’imaginait encore dans la salle d’arts plastiques de l’Amiral-Lejeune, annonçant les consignes d’un dessin. On le redécouvre “quelques” années plus tard autour d’un café, toujours de noir vêtu et muni d’un calepin… Bien plus drôle que dans nos souvenirs. Dominique Scaglia, professeur retraité « depuis dix ans environ », a tout le loisir de noircir ses carnets de dessins préparatoires à de plus grands formats. Des peintures, des gravures… Ce sont ces dernières qu’il expose à Léo-Lagrange jusqu’à mi-janvier. Une technique qu’il explore depuis une trentaine d’années, passionné par les artistes japonais et mexicains. « J’ai toujours été fasciné par le noir et blanc, les dessins de presse, la typographie. Je faisais pas mal de peinture à l’huile puis j’ai commencé la gravure en taillant une pancarte en plastique trouvée dans la rue. J’en ai gravées 500 ou 600 depuis. »

 

DES PERSONNAGES SYNTHÉTISÉS
Des séries de bouteilles remplies de poissons, bateaux, liquide… D’autres sur les mains. Mais aussi des femmes. Beaucoup. « Depuis la naissance de l’art, c’est un thème récurrent. La découverte des Vénus dans le quartier Renancourt en témoigne. Ma femme travaille justement sur ce chantier de fouilles. » Chez Dominique Scaglia, ces figures sont « reconstituées, synthétisées ». Des personnages nés de ses observations dans la rue. « Il y a des choses qu’on ne peut pas inventer. Comme Degas, ce que je cherche, c’est l’accident. Une attitude, une position. » Né et élevé à Paris, « à une époque bénie où le Louvre était gratuit le dimanche », il a parcouru ses galeries avec son père. De premières émotions devant des tableaux immenses : Le Radeau de la Méduse, Le Sacre de Napoléon… Mais aussi la collection Walter et Guillaume à L’Orangerie, « l’improbable » musée des Invalides…

 

METTRE EN FORME SES IDÉES
Sa disposition précoce pour la peinture, encouragée par sa mère, il s’y est consacré après son bac en 1968. D’abord au Centre national de préparation au professorat de dessin du lycée Claude-Bernard et à l’atelier Penninghen. Puis à Lille pour son Capes. Une formation académique qui lui sert encore. Arrivé à Amiens en 1975, après avoir enseigné à Calais, Abbeville et Flixecourt, il a toujours « travaillé à côté », mis en forme ses idées. « Le dessin n’est qu’un projet. Entre l’idée et la réalisation, il arrive souvent autre chose. C’est excitant. » Ses illustrations ornent aussi quelques références des Éditions de la Librairie du Labyrinthe, institution de Saint-Leu dont il a créé le logo et l’enseigne. Depuis Prise de télé en 2006, recueil de gravures satiriques, Dominique Scaglia, amateur de théâtre, de tango et de poésie, a aussi illustré les ouvrages du conteur picard Jean-Marie François.

 

ILLUSTRATEUR ET ÉDITEUR
Avec son ami Vincent Guillier, il a fondé les Éditions des Voix de garage. « Nous imprimons à la main et au plomb de petits opuscules, inspirés des cordels brésiliens » : des textes de Pierre Garnier, Ivar Ch’Vavar ou Jean Colin d’Amiens accompagnés de ses dessins. Depuis dix ans, en mai, il prête également son coup de crayon incisif aux productions écrites lors de Leitura Furiosa. « Un vrai marathon. » Et la suite ? « Là je planche sur une histoire sans fin, une nouvelle série… Mais j’ai envie de me remettre au portrait, au modèle. Il faut se nourrir du réel. » Un bien joli dessein.

//Coline Bergeon

Gravure, exposition jusqu’au 17 janvier au Centre culturel Léo-Lagrange (12, place Vogel) – 03 22 92 39 11