Plongée dans les puys
Exposition d’envergure au Musée de Picardie, Les Puys d’Amiens, chefs-d’œuvre de la cathédrale Notre-Dame met en lumière ces trésors, témoignages de notre histoire politique, sociale et artistique.

© Alice Sidoli / Musée de Picardie
07.07.2021
JDA 987
Elle devait s’inscrire dans les célébrations des 800 ans de la cathédrale en 2020. Mais la première exposition-événement du Musée de Picardie depuis sa réouverture aura aussi subi la crise sanitaire. Dévoilée finalement ce 3 juillet, Les Puys d’Amiens, Chefs-d’œuvre de la cathédrale Notre-Dame, a nécessité quatre mois de montage et bénéficié du concours de la Bibliothèque nationale de France ainsi que de prêts exceptionnels (Louvre, Musée de Cluny…). La salle d’expo temporaire a été métamorphosée en une succession de chapelles et d’alcôves. Un écrin monumental pour des œuvres précieuses : « Sans doute l’exposition la plus spectaculaire depuis la création du Musée », selon Laure Dalon, sa directrice.
UNE CONFRÉRIE COMMANDITAIRE
Une première pièce éclaire sur la genèse et le fonctionnement de la confrérie Notre-Dame du Puy. L’existence de cette société pieuse de notables amiénois est attestée en 1389. « Pour des raisons inconnues, elle s’était donné une obligation de commande artistique, qu’elle inscrit dans ses statuts en 1451 », explique François Séguin, responsable des collections médiévales et objets d’art aux Musées d’Amiens, commissaire de cette exposition. À partir de la fin du XVe siècle, le maître élu commandait chaque année un tableau illustrant sa devise, qu’il offrait à la Vierge le jour de Noël. Le puy était accroché pour un an dans la chapelle dévolue à la confrérie (lire ci-après) puis déplacé l’année suivante.
90 % DES ŒUVRES DISPARUES
Jusqu’en 1723, ces œuvres peintes ornèrent les piliers de Notre-Dame, date à laquelle les chanoines décidèrent de les retirer. « La majeure partie fut détruite ou disparut », les plus qualitatifs conservés. « Sur les 250 à 300 puys commandés entre la fin du XIVe et la fin du XVIIe siècle, il n’en subsiste qu’une vingtaine au Musée », dont certains à l’état de fragments. Ces œuvres sont ici exposées par ordre chronologique – de 1437 à 1666 – et associées à d’autres tableaux, gravures, dessins et objets qui éclairent leur composition, le style du peintre (parfois anonyme) et ses influences. Si la Vierge en était le sujet central, les commanditaires se faisaient aussi représenter aux côtés de leurs proches, offrant à nos yeux une photographie de la société amiénoise de l’époque. Sur d’autres figurent encore des témoignages de notre histoire locale et nationale : guerres de religion, révoltes de la Ligue, la reprise d’Amiens par Henri IV… Trois siècles d’histoire à contempler sans “épuysement” !
//Coline Bergeon
Les Puys d’Amiens, Chefs-d’œuvre de la cathédrale Notre-Dame, jusqu’au 10 octobre au Musée de Picardie
03 22 97 14 00
Vous avez dit puy ?
La confrérie Notre-Dame du Puy organisait des joutes poétiques, en particulier lors de la fête de la Purification de la Vierge, le 2 février, date de l’élection de son maître annuel. Les poètes s’affrontaient sur une estrade ou podium – puy en français médiéval.
Suivez les guides
- Parcours famille entre la cathédrale et le Musée avec un livret.
- Visite guidée de l’expo les 11, 18 et 25 juillet, 8, 15, 22 et 29 août, à 11h30 (03 22 97 14 00).
- Visite guidée de Notre-Dame au Musée, les 31 juillet et 28 août, à 11h (03 22 22 58 90).
- Catalogue publié aux éditions Faton disponible à la boutique du Musée.

© Coline Bergeon - Amiens Métropole
Notre-Dame vaut le détour
Le 2 juillet, des restaurateurs intervenaient sur l’encadrement du puy de 1627 ornant l’autel du Pilier rouge, dans le transept de la cathédrale. Cette chapelle était dévolue à la confrérie Notre-Dame du Puy. Le Musée de Picardie invite les visiteurs à se rendre à la cathédrale pour y admirer, livret à l’appui, les onze puys sculptés par l’artiste Nicolas Blasset (1600-1659) et qui ont, eux, trouvé grâce aux yeux des chanoines au XVIIIe siècle.