« Pour une vaccination à grande échelle »

Malgré les mesures de freinage renforcées en place depuis le 20 mars, la situation sanitaire s’est dégradée dans la Somme. Un état des lieux a été présenté le 26 mars. On fait le point.

31.03.2021

JDA 977

Au 29 mars, 478 pour 100 000 habitants. Le taux d’incidence dans la Somme, selon les données de Santé publique France publiées par CovidTracker, a atteint un niveau bien supérieur à ceux enregistrés il y a un an, lors de la première vague... Ce même jour, dans le département, 370 personnes étaient hospitalisées, 70 en réanimation. « Depuis début mars, le CHU a pris en charge 150 patients Covid, dont 23 en réanimation, a précisé le professeur Jean-Luc Schmit, responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU, et coprésident du comité de pilotage vaccination des Hauts-de-France, lors d’un point de situation le 26 mars à l’hôtel de ville d’Amiens. C’est cinq à sept hospitalisations Covid par jour. Cela se répercute sur le système de fonctionnement du CHU : 75 lits de médecine ont été réaffectés à la prise en charge spécicifique des patients atteints de Covid, de même que 40 lits de réanimation sur 70. Les patients sont plus sévèrement atteints et restent plus longtemps en réanimation. En mars 2020, nous avions 140 lits de médecine dédiés. Une grande partie de l’activité hospitalière avait été déprogrammée, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il y a une grande coordination avec le secteur privé, même s’il est aussi impacté. »

INTENSIFICATION DE LA VACCINATION

Selon l’Agence régionale de santé (ARS), au 28 mars, 73 209 Samariens ont reçu une injection et 22 630 autres les deux. En Éhpad, 98 % des résidents ont reçu une injection et 83 % les deux. « Actuellement, 70 000 doses par semaine sont utilisées dans le département, a détaillé Bruno Bienaimé, l’adjoint au maire délégué à la santé. Au 5 avril, on en espère 117 000, puis 143 000 le 12. » Une montée en puissance attendue : à l’Espace Santé Maurice-Ravel, au nord d’Amiens, les rendez-vous sont déjà complets jusqu’au 6 juin « et 300 personnes sont sur liste d’attente », a indiqué Patrick Kerros, chef du service de santé publique d’Amiens. Et la demande va continuer de croître avec les 70-74 ans éligibles à la vaccination depuis le 27 mars. Celle-ci s’accélère pour le moment le week-end : dans les Hauts-de-France, l’ARS a annoncé que les 27 et 28 mars, 30 000 doses se sont ajoutées aux 8 000 de la dotation régionale. « L’ensemble de la communauté médicale doit travailler de concert pour une vaccination à grande échelle optimale. On ne peut se passer ni des pharmaciens, ni des médecins généralistes, ni des infirmières libérales déjà investies dans les centres de vaccination du territoire, sept jours sur sept », a appelé Jean-Luc Schmit.

VACCINODROME À L’ÉTUDE

En parallèle des centres de vaccination – quatre à Amiens Métropole* –, des mégas centres de vaccination devraient être déployés dans les prochains jours en France. « À Amiens, nous étudions la localisation idéale puisqu’il s’agira d’y effectuer jusqu’à 2 000 injections par jour », a précisé Bruno Bienaimé. Un équipement du pôle Licorne (type Zénith ou Mégacité) pourrait être choisi. Il reviendra à la préfecture, en partenariat avec l’ARS, d’identifier la structure la mieux adaptée.

AMIENS SUR LE PONT

La Ville d’Amiens accompagne les plus âgés et isolés dans la vaccination. « Nous avons contacté 9 600 Amiénois, adressé des courriers aux 75 ans et plus et recensé ceux qui avaient des difficultés de déplacement pour les seconder », a précisé Guillaume Bailly, directeur du Centre communal d’action sociale d’Amiens. La Ville va aussi équiper les cantines scolaires de détecteurs de CO2. « Nous en avons reçu 50 qui seront installés dès cette semaine », a annoncé Bruno Bienaimé. Ces petits appareils permettent de mesurer le taux de dioxyde de carbone dans l’air. Quand le voyant vire au rouge, on ouvre tout en grand. Le 9 avril, Brigitte Fouré se rendra à l’école Châteaudun pour un test grandeur nature.

//Ingrid Lemaire

(*) Le site nord du CHU, l’Espace Santé Maurice-Ravel, le pôle privé des cliniques et l’Espace Eugène-Viandier à Saleux. Prise de rendez-vous sur keldoc.fr pour  les deux premiers, sur doctolib.fr pour les deux autres. Ou au 03 92 04 34 71.

« Pour une vaccination à grande échelle » 2 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

La Ville d’Amiens va équiper les cantines scolaires de détecteurs de CO2. Ces appareils mesurent le taux de dioxyde de carbone. Quand le voyant passe au rouge, on aère. Ce qui a pour effet de diminuer la concentration de virus.

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habitants d’Amiens Métropole ont été testés positifs entre le 20 et le 26 mars. Le taux d’incidence était de 418 dans la communauté d’agglomération sur cette période. (Source : ARS)

Démêler le vrai du faux

Le professeur Jean-Luc Schmit, qui animera une visioconférence le 6 avril autour de la vaccination, rappelle qu’il est nécessaire de faire le tri dans les informations qui circulent.

« Pour une vaccination à grande échelle » 3 © CHU Amiens-Picardie

« Les événements thrombotiques survenus après les injections du vaccin AstraZeneca (appelé Vaxzevria depuis le 25 mars, ndlr) nécessitent encore d’être étudiés mais s’avèrent très rares. Comme pour tout autre vaccin, il y a forcément des personnes qui vont développer des “événements” sans pour autant qu’il y ait un lien. Cependant, on va naturellement incriminer la vaccination comme facteur déclencheur. C’est le travail de la vaccinovigilance que de chercher la responsabilité des vaccins. Néanmoins, le rapport bénéfice / risque reste important avec 30 cas sur cinq millions de personnes vaccinées. Il faut avoir confiance. L’efficacité des vaccins n’est plus à démontrer face aux formes graves de la maladie. La vaccination couplée au confinement est la seule solution contre l’épidémie... »

Mardi santé d’Amiens : Covid-19, agir et non subir

Visioconférence gratuite  le 6 avril, à 18h, sur amiens.fr

// CLASSE FERMÉE DÈS LE PREMIER CAS

Le 26 mars, face à la dégradation de la situation, le gouvernement a durci le protocole sanitaire en milieu scolaire : au premier cas positif, la classe, de la maternelle au lycée, est fermée pour une semaine au moins dans les établissements des 19 départements concernés par le confinement. Au 19 mars, 668 cas ont été recensés dans l’académie d’Amiens (qui couvre la Somme, l’Oise et l’Aisne), contre 269 le 15 janvier. Au 25 mars, dans la Somme, une école était fermée ainsi que 49 classes. Les tests salivaires sont déployés dans les écoles depuis le 8 mars « dans les secteurs identifiés comme prioritaires par l’Agence régionale de santé », indique l’académie. À Amiens, après les écoles Voltaire et primaire Saint-Acheul le 29 mars, ce sont les écoles primaires La-Paix et Barni et maternelle Réaumur qui seront concernées le 1er avril. Puis l’école élémentaire Condorcet le 2 avril.

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