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Visage d’un métier d’avocat devenu majoritairement féminin, Dorothée Fayein-Bourgois, première femme à Amiens au poste de bâtonnier depuis soixante ans, plaide son amour de la profession.

Radieuse au barreau © Laurent Rousselin - Amiens Métropole
"Je suis là pour le respect dans une guerre juste"
© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

27.03.2019

JDA 908

En cette période de féminisation des noms de métiers, on pouvait pencher vers un “Madame la bâtonnière”. Mais c’est une autre tendance, celle à l’économie, qui a tranché : « Le papier à en-tête avec l’inscription “Le Bâtonnier” était déjà imprimé… Qu’importe, j’habite avant tout une fonction ». Tailleur-pantalon dessinant une silhouette élégante. Mèche un peu garçonne. Et ce timbre grave servant des mots choisis avec un débit enjoué. Dorothée Fayein-Bourgois, 44 ans, est depuis janvier Madame le bâtonnier de l’Ordre des avocats au barreau d’Amiens, élue par ses pairs. Pendant deux ans, en plus de ses clients, c’est elle la représentante des avocats auprès des institutions et des élus. C’est elle qui arbitre un éventuel contentieux entre confrères. Qui rappelle à l’ordre ou poursuit en cas de manquements à la déontologie : « Nous sommes des contradicteurs, c’est la guerre pour nos clients, c’est frontal mais loyal. Et je suis là pour le respect dans une guerre juste ». Mais sur la pile des missions qui lui mangent tout son temps et ses weekends, Dorothée Fayein-Bourgois place tout en haut « la protection des confrères ». Car, justifie-t-elle, « avocat est un métier difficile. Il faut être un bon juriste, un bon stratège, une bonne personne humaine, un bon chef d’entreprise… Je m’efforce d’être à l’écoute de mes confrères, je leur garantis un espace de confidence ».

 

DES HOMMES ET… DEUX FEMMES
Elle nous reçoit dans la salle du conseil de l’Ordre qui surplombe le square Jules-Bocquet. « J’aime la vue sur le palais (de justice, ndlr) », fait-elle admirer en ouvrant la fenêtre devant cette bibliothèque infinie et cette table à rallonge. Là où se réunissent une fois par mois les 18 membres du conseil. Là « où se garde tant la mémoire que se joue l’avenir des avocats », déclame cette VRP passionnée du barreau d’Amiens, 300 avocats. Les portraits de ses prédécesseurs tapissent l’un des murs. Un mur d’hommes, mis à part une femme : Jeanne Goret-Prieur, élue en 1957. Dorothée Fayein-Bourgois n’est que la deuxième à la tête de  l’Ordre dans toute l’histoire du barreau d’Amiens. Un signe des temps : 54 % des avocats sont aujourd’hui des avocates. À Amiens comme en France. « J’ai du mal à l’expliquer. Mais c’est une grande richesse. »

 

VOCATION PAS IMMÉDIATE
Son métier au service du justiciable fait toujours rêver, selon elle. « Il y a beaucoup de concours de plaidoirie. L’art oratoire se perpétue et j’en suis heureuse. »Dorothée Fayein-Bourgois y est pourtant arrivée par des chemins détournés. Cette Parisienne, ascendant Havraise, fut d’abord juriste, spécialisée en droit du travail. Et puis… « je suis tombée amoureuse d’un Amiénois amoureux de sa ville ». En l’occurrence Jean-Yves Bourgois, actuel conseiller municipal. Elle reprend ses études. Et prête serment en 2002 : « Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ». Amiens, « cette ville verte », l’a séduite à son tour. Elle sourit (encore) : « Vingt ans à Amiens, trois enfants nés à Amiens… Je ne sais pas à partir de quand peut-on prétendre être une Amiénoise ? ».

//Antoine Caux