« Réussir à vivre avec le Covid »
Le point avec le professeur Maxime Gignon, épidémiologiste au CHU.
© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
12.01.2022
JDA 1000
Le professeur Maxime Gignon, épidémiologiste au CHU Amiens-Picardie
© CHU Amiens-Picardie
Affluence à la pharmacie Saint-Honoré ce 4 janvier : files d’attente sur le parking et personnel débordé. Comme dans de nombreuses autres pharmacies ces derniers jours, on vient se faire tester et acheter des autotests. « Le 2 janvier, sur les 420 patients, un sur trois était positif », indique-t-on dans cette officine. Jamais depuis mars 2020 les chiffres ne s’étaient autant emballés : jusqu’à 410 000 tests positifs en une journée (le 3 janvier) en France. Au 7 janvier, le taux d'incidence de la Somme était de 1 668 cas pour 100 000 habitants. « Et ça continue de grimper, ne peut que constater le professeur Maxime Gignon, épidémiologiste au CHU Amiens-Picardie et membre du Haut Conseil de santé publique (lire ici l’article du JDA #942). Cette flambée est due à Omicron : sans gestes barrières, une personne positive peut en contaminer jusqu’à dix autres. »
Gestes barrières et masque chirurgical
Le nouveau variant, devenu majoritaire, et la vaccination entraînent certes moins de cas graves. Et si les hôpitaux sont en tension, les chiffres « n’explosent pas autant qu’avant ». Mais le nombre de cas positifs a « des conséquences sur l’organisation sociétale si tout le monde est malade en même temps ». Les gestes barrières restent donc cruciaux. Maxime Gignon insiste « sur leur application stricte et permanente » : hygiène des mains, aération des locaux (dix minutes toutes les heures) et port du masque. À Amiens, le port du masque est d’ailleurs de nouveau obligatoire dans toute la ville depuis le 10 décembre. « L’idéal reste le masque chirurgical ou en tissu vendu selon les normes en vigueur. Ceux faits maison n’ont pas la même efficacité. » Saluant l’installation des détecteurs de CO2 dans les restaurations collectives et les écoles, le Pr Gignon estime que ce travail sur la qualité de l’air est très important. « On a prouvé l’efficacité de l’aération des espaces clos avec le Covid, ce qui vaut aussi pour les autres virus. C’est un enjeu de santé publique. »
Vaccination : la seule solution
Côté vaccination, l’épidémiologiste prône encore et toujours la pédagogie : « C’est un sujet anxiogène dont il faut parler. Il est toujours temps de se faire vacciner : cela fait chuter la transmission. Le rappel, lui, améliore l’immunité. Plus nous serons nombreux à être vaccinés, plus nous réussirons à vivre avec le Covid ». Le Pr Gignon espère que le virus deviendra endémique, comme celui de la grippe. « Il nous faut accepter d’être entrés depuis mars 2020 dans une nouvelle époque. Le virus pourrait être là encore plusieurs années. Il faut s’y adapter afin de préserver notre santé et nos relations sociales. » Sans oublier que la recherche avance. Restons confiants. Mais prudents.
Ingrid Lemaire