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Maître des clefs des archives diocésaines, Aurélien André éclaire le public en tant que guide-conférencier et membre de sociétés savantes. Un puits d’érudition en histoire locale. 

Suivez ses lumières  © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

23.09.2020

JDA 956

De sa fenêtre, la « plus belle vue d’Amiens » : Notre-Dame. Aurélien André, 46 ans, « fils et petit-fils d’Amiénois », n’a pas loin pour se rendre à cette cathédrale où il officie en tant que guide-conférencier d’Amiens, Métropole d’art et d’histoire. Pour lui et ses collègues, le mois de septembre est intense, Journées européennes du patrimoine obligent. Mais il ne se départit pas de son sourire et de son habituelle douceur. Aurélien André semble cultiver la quiétude et la vie hors du temps, en témoigne sa collection de milliers de disques de chant lyrique, vinyles, CD ou 78 tours qui envahit sa maison datant de 1780 et dénuée de télévision. Il cultive surtout le sens du partage. Lui qui ne tarit pas d’éloges sur ses grands-parents et leur importance dans son éveil culturel – « On ne pousse pas tout seul » –, n’a quitté Amiens que pour ses études, à la Sorbonne : « Je suis ancré dans cette terre que je connais bien, que j’aime et que j’ai plaisir à présenter ».

 

L’ART DE LA TRANSMISSION

Depuis 2004, il travaille surtout aux archives diocésaines, fondées en 1801 et logées au cœur des archives départementales – où deux expositions sont actuellement consacrées aux 800 ans de la cathédrale. L’antre d’Aurélien André y cumule « deux kilomètres de rayonnages » et des centaines de milliers de documents du diocèse. Un repère pour les chercheurs : « Le catalogue du fonds picard, le plus important, est en ligne. Je m’attaque au fonds liturgique ». C’est là, entre autres, qu’il puise les connaissances qu’il restitue sous formes d’articles, d’ouvrages, de conférences et de visites.

 

UNE VIE DE SOCIÉTAIRE

Amoureux de la bonne cuisine, il en a redécouvert les vertus pendant le confinement : « Cela m’a valu quelques kilos », plaisante-t-il, lui qui a connu le maraîchage dans sa jeunesse. Membre de la Société des antiquaires de Picardie (Sap, fondée en 1836), il en est secrétaire depuis vingt ans. « C’est le sens ancien du mot “antiquaires”, une société d’historiens, d’historiens de l’art et d’archéologues », rappelle l’intéressé, endeuillé par le décès en mai d’un autre sociétaire, Maurice Duvanel, ancien président de la Société des amis de la cathédrale où il se trouve aussi : « Nous lui avons rendu hommage samedi. C’était un super copain... ». La Sap va bientôt rouvrir son espace au Musée de Picardie, dont elle fut commanditaire. Une salle « magnifiquement restaurée » d’où ses membres livrent bulletins et monographies.

 

NOTRE-DAME, TOUJOURS

« La cathédrale, comme le Musée, est une grande part de ma vie. » D’autant qu’Aurélien André contribue par sa connaissance des archives et de l’iconographie ancienne à la restauration de l’édifice (ainsi qu’à d’autres), auprès des Monuments historiques. En 2012, il cosignait avec Xavier Boniface La Grâce d’une cathédrale (éditions La Nuée bleue), une vaste entreprise « stressante mais enthousiasmante ». De quoi se lasser de Notre-Dame ? « Avec elle, c’est impossible ! Et puis nous, les guides, ne faisons jamais la même chose. Nous ne sommes pas des perroquets. Les sujets se renouvellent, nos connaissances évoluent. » Reste que parfois, la ferveur laisse place à l’évasion. « Quand je sature, j’écoute de la musique, je vais à la piscine. » Ou opère un détour littéraire : « J’aime beaucoup Walter Scott, Alexandre Dumas, les trucs que plus personne ne lit », assume l’archiviste en souriant et remontant son gramophone pour faire tourner un disque de 1910, « Turna a Surriento, chanté en napolitain par Fernando de Lucia ». Dandy qui s’en dédit.

//Jean-Christophe Fouquet