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Des couvertures de l’ancêtre du JDA à l’expo sur le (et au) musée de Picardie en passant par sa collaboration avec Igol ou l’illustration des bus Nemo, les dessins de Fraco sont liés à sa ville.

Trait pour trait © Laurent Rousselin

21.07.2020

Son panoramique cyberpunk réalisé en 1991 a longtemps orné les murs du Grand Wazoo, cet ancien repère alternatif de la rue Vulfran-Warmé. C’est là-bas que tout a commencé pour François Fournier, alias Fraco. « C’était ma maison, ma bulle, j’étais étudiant en art ! ». Trente ans plus tard, casquette toujours vissée sur la tête, il garde forcément la nostalgie des débuts. D’autant plus que depuis quelques années, la maladie terrasse son quotidien. « Elle a bouleversé ma vie. La BD est un sacerdoce de taré. Tu bosses comme un dingue. Je ne pouvais plus suivre. C’est un boulot de moine copiste qui ne me convenait pas. » Malgré le succès de la trilogie Dog Fights parue chez Paquet entre 2005 et 2013 et scénarisée par Régis Hautière, un autre Amiénois (JDA #800), malgré ses participations à des albums collectifs (Hanna & Chloé chez Tartamundo, La Crise quelle crise ? aux éditions de la Gouttière…), Fraco se consacre surtout à l’illustration. La crise sanitaire, il l’a vécue avec une crainte décuplée, et pas encore totalement balayée. Heureusement, la biothérapie l’a sauvé d’un traitement lourd. Sa passion du dessin, il la nourrit toujours, autrement, par ses interventions et ateliers au Safran, à l’université, à Waide Somme – le département animation 3D de l’Ésad –, mais aussi en milieu psychiatrique ou pénitentiaire. Dans les années 90, ce « punk dans l’âme, dopé au rock » organisait des expos de planches originales de Fluide Glacial, de Geof Darrow, Denis Sire, Maëster, Gaudelette, Raynal. Charlie Hebdo y avait aussi toute sa place. « Charb et Luz étaient de sacrés fêtards ! » Aujourd’hui, il se voit plutôt « en pépère pantoufle au volant d’une Kangoo. Même si [sa] femme arrive encore à [le] traîner pour sortir ».

AU SERVICE D’AMIENS

Dans les années 90, il a même bossé pour Amiens Capitale, l’ancêtre du JDA. « Je réalisais les couvertures. Les Amiénois m’ont connu grâce à ça. Durant cette période, j’ai appris à dessiner sur ordi, à caricaturer. » Sa collaboration avec l’entreprise amiénoise Igol pour ses campagnes de com façon « pin-up et bagnoles » est une autre de ses réussites. Son coup de crayon, il aime le mettre au service d’Amiens : « Cette ville, je l’adore ». Ses croquis exécutés lors de balades urbaines, de manifestations de la mission Amiens for Youth ou encore l’œuvre inspirée de Jules Verne qu’il a dessinée pour les flancs des bus Nemo en sont… l’illustration.

LUDIQUE ET DÉCALÉ

Fraco s’est aussi énormément investi pour le Musée de Picardie : « J’ai dessiné chaque étape de sa rénovation ». À sa réouverture le 1er mars, c’est même à lui que le Musée avait réservé sa première exposition temporaire. « Une immense fierté. » Laissée en plan avec le confinement, l’expo a refait surface, « pour vivre autrement et plus longtemps. Pour les scolaires, c’est pas plus mal. Seul déchirement, ne pas avoir pu l’inaugurer comme prévu avec Cyril Pedrosa dont je suis fan ». Avec cette expo, intitulée L’Histoire a… musée du Musée de Picardie et visible jusqu’au 15 novembre, il raconte les lieux de façon décalée et ludique. Deux adjectifs qui définissent bien Fraco lui-même, lui qui, entre deux dessins, gratte sa guitare ou s’imagine parcourir le monde dans un camion Kenworth, mythique semi-remorque américain. « J’ai suffisamment d’images dans la caboche pour m’y croire. » Avec le coronavirus, savoir s’échapper du réel a du bon.

//Ingrid Lemaire