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Léon Lamotte, né à Amiens en 1912 et décédé en 2011, a laissé à sa ville une œuvre considérable, que l’on peut admirer en partie dans nos rues. Ouvrez les yeux.

Façonneur de légende 1 © Façonneur de légende 1
Dans le square Montplaisir, une statue amputée rend hommage aux mutilés du travail.
© Laurent Rousselin-Amiens Métropole

19.09.2018

JDA 887

Son décès le 22 mai 2011 à l’âge de 99 ans a creusé un vide dans le cœur de ceux qui ont eu un jour la chance de le rencontrer. Léon Lamotte, peintre et sculpteur amiénois, poète aussi, aura néanmoins laissé à sa ville une œuvre colossale, dont une partie se découvre dans nos rues, pour peu qu’on le sache. Le service patrimoine d’Amiens Métropole inaugurait le 12 septembre une visite pour aborder quelques-unes de ses réalisations et la vie de cet artiste généreux et humaniste, chevalier des arts et lettres et de la Légion d’honneur. Dans les stalles du chœur de Notre-Dame, ce ne sont pas moins de 2 200 fleurs de lys qu’il sculpta une à une, tel un artisan. Petit-fils d’un menuisier de Montières, il avait appris à travailler le bois auprès de son aïeul avant d’entrer à 14 ans aux Beaux-Arts d’Amiens dirigés alors par le sculpteur Albert Roze. Une formation classique qui en 1946 lui valut d’être recruté par la commission des monuments historiques pour cette restitution des fleurs bûchées sous la Révolution française. Ce travail monumental de quatre ans fit sa notoriété.

UN ARTISTE GÉNÉREUX
Léon Lamotte, qui figure au Bénézit, le dictionnaire qui recense les artistes peintres, sculpteurs, dessinateurs de tous les temps, fit l’objet de 200 expositions. Une reconnaissance qui n’entama jamais son humilité. En 1997, Les Amis de la cathédrale lui commandèrent un bas-relief en pierre évoquant le geste de saint Martin, qui offrit la moitié de son manteau à un déshérité aux portes d’Amiens en 334. Installée à l‘intérieur de Notre-Dame à l’endroit supposé de cet acte légendaire, cette œuvre montre « l’influence de la sculpture grecque antique dans le travail de Léon Lamotte, détaille Josette Guyot, guide-conférencière d’Amiens, Métropole d’art et d’histoire. Il privilégiait toujours la ligne en simplifiant le volume. » Aussi généreux que Martin, l’artiste fit don de cette sculpture à l’association.

 

ARTISAN DE LA RECONSTRUCTION
Sa renommée lui permit en outre d’œuvrer à la reconstruction d’Amiens et de ses environs à partir des années 50. À deux pas du parvis, à l’angle de la rue Dusevel, une porte d’un immeuble bâti en 1952 est ornée d’une clef de voûte en pierre figurant une poule au pot, en raison de sa proximité avec la rue Henri-IV. Comme un clin d’œil à la phrase mythique qu’aurait prononcée ce roi : « Je veux qu'il n'y ait si pauvre paysan en mon royaume qu’il n'ait tous les dimanches sa poule au pot ». Derrière la tour Perret, rue Lamartine, l’ancien couvent des Clarisses érigé en 1956 abrite sur sa façade une statue de sainte Claire, en pierre de Saint-Maximin. Elle souligne encore ici le goût du sculpteur pour les lignes épurées. Comme son saint Antoine accompagné de son légendaire cochon aveugle, quelques pas plus loin, à l’angle de la rue de Noyon. Commandée par l’État en 1950, en remplacement d’une ancienne statue en bois polychrome de saint Antoine qui ornait le fronton d’une charcuterie jusqu’aux bombardements de 1940, l’œuvre de 2,20 mètres s’intègre parfaitement à l’architecture de ce bâtiment de la Reconstruction.

 

SA MAISON LÉGUÉE À LA VILLE
Place Joffre, dans le square Montplaisir, trône aussi son émouvante statue amputée, hommage aux travailleurs accidentés. Cette œuvre en bronze commandée et offerte à la Ville par la Fédération des mutilés du travail dont le siège se trouvait alors en face, mail Albert-Ier, marque par l’absence de traits du visage. « Une façon de saluer tous les blessés, sans distinction », appuie Josette Guyot. Bien d’autres réalisations, comme sa belle Rose de Picardie route d’Abbeville, à deux pas de son atelier et de sa maison qu’il légua à la Ville en 2007, s’admirent dans nos rues, écoles, églises et dans les collections du Musée de Picardie. De quoi alimenter d’autres visites ?

//Coline Bergeon

 

2 200 fleurs de lys sculptées dans Notre-Dame.

Façonneur de légende 2 © Laurent Rousselin-Amiens Métropole

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

 

À l’angle des rues Lamartine et de Noyon, saint Antoine.

Façonneur de légende 3 © Laurent Rousselin-Amiens Métropole

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole