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Entre guides de développement personnel et expressions québécoises, Mario Richer, qui vient d’emmener deux fois de suite les Gothiques en demi-finales de Ligue Magnus et de gagner la Coupe de France, ne croit qu’en une chose : le travail. 

Le bûcheur canadien © Laurent Rousselin / Amiens Métropole
« J’ai beaucoup de problèmes avec les paresseux »
© Laurent Rousselin / Amiens Métropole

20.03.2019

JDA 907

À la fin des play-offs, Mario Richer l’assure, il remettra de l’ordre dans sa longue barbe noire et drue. Mais ne devrait pas toucher à la déco sommaire de son bureau s’il prolonge une quatrième saison sur le banc gothique. Et ainsi conserver au mur la couverture du livre You win in the locker room first (tu gagnes déjà dans le vestiaire). Ou cet adage imprimé noir sur blanc “Do not wish for, work for” : « N’espère pas avoir, travaille pour », qu’il martèle à ses joueurs. « Ça ne suffit pas si tu wishes seulement », ajoute le Québécois dans ce franglais caractéristique qui dépasse le simple “Tabarnak”. Mario Richer, bientôt 54 ans, élu par ses pairs meilleur coach de Ligue Magnus l’an passé après avoir ramené Amiens en demi-finales pour la première fois depuis 2011, parle comme ça. « Il faut qu’il y ait du monde à la cabane » pour dire à domicile. « On doit rester dans le game plan », pour le plan de jeu. « Parfois j’invente des mots : “Toi, t’es fucké“ » (on se passera de la traduction). Ou encore « les croissants au chocolat » au lieu des pains, qu’il demanda d’aller chercher un matin à son neveu de passage à Amiens. Lequel reviendra bredouille après avoir arpenté toutes les boulangeries de la ville...

 

SES JOUEURS, DES ACHARNÉS

Sa réussite amiénoise (une Coupe de France 2019 et deux demi-finales de play-offs consécutives), Mario Richer y associe tout de suite son assistant Anthony Mortas. Et leur bonne pioche dans la sélection des joueurs. Ses critères ? Des gars acharnés, intenses, ces mots qui reviennent sans cesse. « Il faut un vestiaire sain. Si t’as des mangeurs de merde (sic), tu n’y arriveras pas, assène-t-il. Le hockey est une passion. Tu dois être capable de tout donner. » Sa stature en impose. Et son regard, s’il peut s’avérer rieur, vire souvent au noir : « J’ai beaucoup de problèmes avec les paresseux ». On les plaint.

 

SELF-MADE-MAN

Ce superstitieux a quitté son Québec il y a dix ans pour le très riche Red Bull Salzburg puis Gräz (Autriche) avant Brunico dans le Tyrol italien. Mais Mario Richer demeure un Nord-Américain. Et a encore du mal avec un certain laxisme à la française. Comme ce lavabo cassé dans son vestiaire qu’on lui a promis de réparer lundi, « mais lundi quand ? J’attends toujours ». Il dit ne pas avoir le mal du pays dont il n’a pas foulé le sol depuis huit mois. Ça ne l’a pas empêché de voyager entre deux matchs et des longs déplacements en bus-couchette. Cette année, l’Espagne. Ou Singapour, « je me suis décidé du jour au lendemain ». C’est l’une des fiertés de ce célibataire. Un luxe comme un pied de nez à ses origines, lui, le gamin né à Thurso dans les émanations des usines de pâte à papier où l’on ne savait pas forcément lire et écrire. « On était le petit peuple. » Et le hockey, son ascenseur vers une vie meilleure. « Il m’a permis de faire de longues études et de me sortir de ma condition. » Un parcours comme une démonstration de sa pensée, en écho à tous ses bouquins de développement personnel posé sur son bureau. « Je dis souvent à mes joueurs : “Inspire-toi mais trouve la solution par toi-même. Regarde jusqu’à voir”. » En un mot : travaille.

//Antoine Caux