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Wiloucha : le regard de l’Amiénois Mikael Coadou sur Troie

Le quadra amiénois Mikael Coadou, enseignant de lettres, enfonce les portes du neuvième art en proposant un autre point de vue sur la chute de Troie.

Wiloucha © Noémie Laval

17.01.2023

Donner une troisième dimension à la guerre de Troie. Voilà l’ambition de Wiloucha, BD parue ce 18 janvier chez Petit à Petit (éditeur d’Amiens, dont le second tome se prépare). On connaît le conflit mythologico-historique entre les Achéens (Agamemnon, Achille, Ulysse) et les Troyens (Priam, Pâris, Hector), récit qui culmine avec l’épisode fameux du cheval piégeux. L’album élargit la perspective tout en circonscrivant le temps. Seules les dernières heures de Troie sont racontées, comme le stipule le sous-titre de l’album.

Le point de vue hittite

Ici, un autre camp, en retrait, sert donc de commentateur. Voire, parfois, de fomenteur. C’est le royaume hittite (en Anatolie, peu ou prou la Turquie d’aujourd’hui), dont le pouvoir central, Hattusa, se trouve à 900 kilomètres de la mer Égée et de Troie. En effet, “Wiloucha” n’est autre que la dénomination de Troie en langue hittite. Une cité liée par traité à Hattusa. Question, donc : les Hittites viendront-ils sauver les Troyens ? Spoiler alert : non.

 

Bain de sang

Cette BD n’entend pas réécrire le mythe (ni l’histoire), mais l’éclairer différemment. Sans lésiner sur la violence. Quand la mythologie grecque se dépouille des atours poétiques du verbe pour une représentation graphique réaliste, sa brutalité intrinsèque en sort démultipliée. Et c’était un peu l’idée qui trottait dans la tête de Mikael Coadou, professeur de lettres classiques (un métier qui « met dans le bain de sang » pour la guerre de Troie, plaisante-t-il) à Moreuil depuis vingt-deux ans.

 

Wiloucha double © Petit à petit

Secret derrière la porte

L’Amiénois, qui s’est forgé la plume à Michelis, maîtrise son sujet, lui qui avait déjà « travaillé à un petit roman interactif avec [s]es élèves » sur Troie. Il s’agissait donc de pousser plus loin : « Une fois la porte [de Troie] ouverte, qu’est-ce qui se passe ? Qui survit ? Comment ? ». Avec le dessinateur lyonnais Benjamin Blasco-Martinez, il a inventé le personnage d’Aristarque – les deux hommes se revendiquent amateurs de séries TV à la Game of Thrones –, figure héroïque la plus probante dans un ouvrage où l’héroïsme s’avère désacralisé et la barbarie mise à nu.

 

Après les Grecs, les Romains

Wiloucha, la BD, ne s’est pas construite en un jour. Ses premières esquisses remontent à huit ans, « une durée presque aussi longue que la guerre de Troie elle-même, plaisante le scénariste. Une BD, ça apprend la patience ! ». Mais pourquoi avoir choisi le neuvième art, d’ailleurs ? « Je vois au quotidien que la BD marche très bien auprès des adolescents, répond Mikael Coadou. Cela force à la concision, au texte concentré, mûri, à la quintessence. » Heureux de l’expérience, l’enseignant a un autre projet sur le feu, « une sorte de Seven sous l’Empire romain ». Ce qui promet, ici aussi, une plongée dans l’histoire… et dans l’hémoglobine.

Jean-Christophe Fouquet

Wiloucha, les dernières heures de Troie 

Sortie le 18 janvier aux éditions Petit à Petit

Wiloucha couv © Petit à petit