L’exposition « Albert Maignan, un virtuose à la Belle Époque » propose de découvrir la carrière de cet artiste originaire de la Sarthe qui légua son fonds d’atelier et sa collection au musée d’Amiens. Présentée au Musée de Picardie du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026, elle sera en seconde étape au Musée de Tessé du Mans du 11 avril au 27 septembre 2026.

Albert Maignan (1845-1908) est l’auteur d’une œuvre riche et foisonnante, aussi bien de tableaux d’histoire admirés au Salon que de décors monumentaux à Paris comme en région. Artiste virtuose, il livre des cartons pour des vitraux et des tapisseries. Peintre évoluant dans les circuits officiels de la commande publique, Maignan révèle aussi la part intime de son art grâce à son fonds d’atelier légué au Musée de Picardie : pochades peintes en plein air lors de ses voyages, études de fleurs ou de fonds marins, dessins et esquisses pour des figures ou des ornements.
La restauration il y a dix ans, en 2015, de l’immense tableau conservé au Musée de Picardie Les Voix du Tocsin, menée à l’occasion d’une première exposition « Albert Maignan, peintre et décorateur du Paris fin de siècle » à la Fondation Taylor à Paris, a donné le coup d’envoi de la redécouverte du peintre. La rétrospective du Musée de Picardie et du Musée de Tessé révélera l’ensemble de sa carrière et de ses travaux, son érudition historique, ses talents d’observateur comme son plaisir de peindre. C’est l’ensemble de cette brillante carrière, saluée par une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1889 et une médaille d’honneur au Salon de 1892, que les expositions d’Amiens et du Mans souhaitent évoquer. Cette manifestation ambitieuse présentera tous les aspects de sa création et, à rebours de l’image d’un peintre « académique » ou « officiel », révèlera au contraire l’ampleur de son imaginaire.
Albert Maignan : Peintre de l’Histoire et de la Vie Moderne
Formé auprès de grands maîtres à Paris, Albert Maignan (1845-1908) choisit la peinture d’histoire après des débuts hésitants entre droit, orientalisme et illustration. Il connaît le succès dès 1874 avec Le Départ de la flotte normande, et se passionne pour le Moyen Âge, qu’il peint avec un grand souci d’exactitude historique et un sens poétique de la narration.
Voyageur curieux, il parcourt l’Europe, rapportant des croquis et des peintures sur le vif, témoignages précieux de son regard sur le monde. Illustrateur prolifique, il contribue à de nombreuses éditions littéraires et historiques.
Engagé dans son époque, Maignan célèbre autant la modernité industrielle dans des décors prestigieux (comme au Train Bleu à la Gare de Lyon) qu’il en dénonce les dérives sociales dans des œuvres plus critiques.
Son art explore aussi la nature, des fleurs de son jardin aux fonds marins découverts à Naples, nourrissant des œuvres originales mêlant réalisme et symbolisme. Peintre de la vie moderne, il s’intéresse aux loisirs, à la mode féminine et aux scènes parisiennes, influencé par la modernité impressionniste.
Il signe de grands décors comme le foyer de l’Opéra-Comique à Paris ou des tapisseries pour les Gobelins, notamment une spectaculaire série inspirée des Métamorphoses d’Ovide.
Albert Maignan laisse l’image d’un artiste complet, mêlant histoire, modernité et décor dans une œuvre riche et éclectique.
Maignan archéologue - Collectionneur et érudit, Maignan a légué au Musée de Picardie son extraordinaire collection d’objets égyptiens, grecs, romains, mérovingiens, médiévaux. Une exposition-dossier évoque sa pratique de l’archéologie en amateur éclairé, lors des fouilles d’Ermont et Saint-Prix où il acquit un riche ensemble d’objets mérovingiens qu’il publia dans des articles savants.
Très chère Louise - La postérité de Maignan doit beaucoup à son épouse, Louise Larivière (1854- 1947), qui a veillé à transmettre son legs à la Ville d’Amiens. Alors que peu de traces subsistent de cette figure, l’artiste contemporaine Lise Terdjman lui consacre un projet artistique intitulé « Très Chère Louise ». Qui était cette femme au-delà de son rôle d’épouse et de passeuse ? Pour ressusciter cette figure insaisissable, Lise Terdjman s’est lancée dans une enquête artistique, à la croisée des archives et de la fiction.
