À l'occasion de l'exposition Albert Maignan, Un virtuose à la Belle Époque, l'artiste Lise Terdjman consacre un projet à Louise Larivière, épouse méconnue d'Albert Maignan. À partir de ces traces ténues Lise Terdjman s'est aventurée dans un projet contemporain qui croise les sources archivistiques et la fiction. Présentée du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026 au Musée de Picardie.

LISE TERDJMAN (Vaulx-en-Velin, 1975)
Lise Terdjman est une artiste chercheuse pluridisciplinaire. Elle a suivi un double cursus à l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris et à l’Ecole des Arts Décoratifs. Elle pratique le dessin dans une porosité avec d’autres disciplines. Par le biais de la fiction et du récit elle invente de nouveaux dialogues, en jouant avec l’écriture.
Pour préparer l’exposition Très Chère Louise, Lise Terdjman a bénéficié d’une résidence au Musée de Picardie, pour s’immerger dans les collections et archives. Elle a produit une vingtaine d’œuvres qui instaurent un dialogue posthume avec les broderies réalisées par Louise Larivière, ses photos et ses portraits peints. Au travers de moyens d’expressions variés comme la sculpture, la céramique, le dessin ou encore le film d’animation elle parvient à faire ressurgir de l'ombre la figure insaisissable de Louise Larivière.
LOUISE LARIVIERE-MAIGNAN (Paris, 1854- Paris, 1947)
Louise Larivière descend d'une lignée d'artistes : son arrière-grand-père Charles Lepeintre fut portraitiste du duc d'Orléans et son père Charles-Philippe Larivière, fut Grand Prix de Rome. Mariée à Albert Maignan en 1878, le couple demeure sans descendance et partage sa vie entre Paris et Saint-Prix, adoptant ainsi le domaine familial de Louise qui devient une véritable colonie d'artistes pour les nombreux élèves d’Albert Maignan. Louise Larivière fut une épouse discrète et dévouée à la carrière de son mari, elle voyage avec lui à travers toute l'Europe et sert souvent de modèle pour ses tableaux.
Albert Maignan décède en 1908 et lègue à la ville d'Amiens son fonds d’atelier et sa collection archéologique, sous réserve d'usufruit à sa femme. Pendant la quarantaine d’années qui sépare le décès des deux époux, Louise a la lourde responsabilité de transmettre ce legs et de veiller à la renommée de l'œuvre de son mari. À sa mort en 1947, elle lègue à son tour les œuvres de son père au musée, unissant l'héritage du couple Maignan-Larivière pour la postérité.

Hall Maignan (Entrée)
Lise Terdjman couvre les murs d’une installation monumentale créée spécifiquement pour rappeler la première destination du lieu. L’entrée actuelle était autrefois la Galerie Maignan-Larivière, dans laquelle Louise Larivière a minutieusement reconstitué l’atmosphère de l’atelier de son défunt mari. Les photographies des collections d’Albert Maignan sont pour l’artiste le point de départ de deux séries de dessins, les fragments et les images frappantes qui transmettent l’empreinte émotionnelle des objets au travers des dessins.

Hall Historique
Alors que certaines sources présentent Louise comme pastelliste et portraitiste, à ce jour les seules œuvres connues de sa main sont de riches broderies, dont certaines furent présentées au Salon des artistes français. Elles révèlent une maîtrise technique indéniable de la « peinture à l’aiguille » mêlée à une utilisation originale des matériaux et une appropriation de l’iconographie classique.
Dans le hall historique, Lise Terdjman propose une réinterprétation graphique de ses trois broderies au travers d’une grande économie de moyens plastiques. À partir des portraits de Louise rassemblés, elle multiplie les points de vue pour cerner les facettes de la personnalité de cette femme, au-delà des rôles qu’elle a incarnés : la fille, l’épouse, la veuve, la donatrice et l’artiste. Des photographies prises par son époux l'immortalisent à différents âges, dans leur demeure de Saint-Prix, remplie d'œuvres d'art et de vestiges archéologiques.

Galerie Nord (1er étage)
Au sein de l’Atelier Maignan, Lise Terdjman propose deux œuvres qui font revivre les objets du legs au travers du son et de l’image animée. La voix de la comédienne Camille Duquesne égrène la liste des objets du legs, arrivés par caisses successives au Musée de Picardie. Dans la vidéo, la précision photographique se dissout dans l’interprétation onirique des dessins de Lise Terdjman. Le décalage entre les informations visuelles et sonores crée un trouble et fait percevoir la masse des objets que Louise Larivière a dû cataloguer, installer et léguer.
