Mangez-vous local ?
Voici la question que pose Amiens Métropole à la population jusqu’au 8 mai. Des données essentielles à l’élaboration de son Projet alimentaire territorial.

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
06.04.2022
JDA 1010
Lutte contre le gaspillage, défi climatique, enjeu de santé publique : Amiens Métropole travaille sur son PAT, son Projet alimentaire territorial. En novembre dernier, ce PAT conçu avec la Chambre d’agriculture de la Somme a obtenu de l’État une labélisation pour trois ans. « Notre objectif : territorialiser notre alimentation, réduire la distance entre la fourche et la fourchette, rapprocher les habitants de nos producteurs », résume Margaux Delétré, vice-présidente d’Amiens Métropole déléguée à l’intelligence des territoires et à l’innovation. À terme, l’objectif est de produire plus court, plus bio, plus abordable, plus écologique. Et cela, pour tous. En septembre dernier, une journée de travail a déjà mis de nombreux acteurs autour de la table. Une autre est prévue le 27 septembre. Y seront notamment disséqués les résultats de l’enquête lancée ce 4 avril, un questionnaire consommateur en ligne jusqu’au 8 mai.
Études nécessaires
Qui consomme quoi, où, à quelle fréquence ? Cette enquête entend « identifier les besoins de la population, mais aussi les freins à la consommation de produits locaux », explique Margaux Delétré. D’autres études sont menées : mettre à plat les circuits courts, faire le point sur l’approvisionnement local en restauration scolaire, analyser le circuit de distribution (notamment sous l’angle logistique) ou encore recenser le foncier agricole à l’île Sainte-Aragone et dans les hortillonnages, où un système d’aide à l’installation de jeunes maraîchers est envisagé. Un travail « studieux mais nécessaire à l’élaboration de notre PAT », estime l’élue.
Jean-Christophe Fouquet
Enquête jusqu’au 8 mai sur amiens.fr/jeparticipe
En savoir plus sur le Projet alimentaire territorial : amiens.fr/pat
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C’est le nombre d’exploitations ayant une activité de diversification sur le territoire d’Amiens Métropole. 19 d’entre elles proposent de la vente en circuit court.
Les Amap du coin
- Amap Art du panier : les jeudis à la cité administrative d’Amiens et salle Daniel-Fery de Longueau.
- Amap des Amis de l’hortillon de lune : les vendredis au 4 bis, impasse Marcel, Rivery.
- Amap Chés Carottes : les jeudis au cloître Dewailly.
amapchescarottes.wordpress.com
- Amap du Cirque : les jeudis au 13, bd Maignan-Larivière.
- Amap de Guignemicourt, Les Paniers d’Éole : les vendredis au 3, rue Adrien-Waquet, Bovelles.
- Amap du Potager : les jeudis à l’auberge de jeunesse d’Amiens

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
La main à l’Amap
Fidèles à un ou plusieurs producteurs de façon hebdomadaire, les Amap se développent. Explications.
Ils se revendiquent “consomm’acteurs”. C’est-à-dire acteurs de leur alimentation. Les adhérents des Amap, les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, s’engagent à récupérer chaque semaine leur panier de légumes réglé à l’avance et dont le contenu est fourni par le maraîcher en fonction de sa récolte. Ils s’engagent aussi à assurer à tour de rôle la distribution. Une demi-douzaine de ces Amap maillent le territoire d’Amiens Métropole – la collectivité a d’ailleurs la sienne, Chés Carottes, avec les Franches Terres, maraîchers de Pont-de-Metz. Parmi ces Amap, celle du Cirque, créée il y a dix ans. Elle compte une soixantaine d’adhérents et travaille avec une dizaine de producteurs (pain, pommes, œufs, volaille, fromage...) et un maraîcher de Longpré-les-Corps-Saints, Bertrand Bouvier (Che bio Gardins), qui a fait ses armes dans les hortillonnages.
Fidélité = fraîcheur
Ce dernier, qui vend la moitié de sa production auprès d’Amap (l’autre moitié à la ferme et au marché de Saint-Leu), n’y voit que des avantages : « Les clients sont fidèles, on sait à l’avance ce que l’on doit préparer, l’ensemble de la récolte est vendu, un contact se crée. Cela assure une viabilité à long terme. Il n’y a pas mieux ». Côté consommateur, on loue « la qualité, la fraîcheur », résume Pascal Sevrette, président de l’Amap du Cirque : « Bien sûr, il faut s’engager à la régularité, il faut cuisiner derrière, cela peut ne pas convenir à tout le monde. Mais quand on rentre dedans, on s’y retrouve largement ! ». Autre aspect non négligeable à l’heure de la transition écologique : l’absence d’emballages.
JARDIN SOLIDAIRE, TERRE NOURRICIÈRE
Les amoureux du jardinage peuvent se nourrir plus frais à moindres frais grâce aux jardins familiaux (ou ouvriers). Amiens en compte une quinzaine, soit environ 1 200 parcelles. En 2013, le CCAS de la Ville d’Amiens en a lancé une variation collective : le Jardin solidaire de Saint-Maurice, 7 000 m2 cultivés par et pour les bénéficiaires d’aides sociales et les habitants du quartier. Il entend atteindre les 300 familles en 2022 et fête le 20 avril (deux jours à l’avance) la Journée internationale de la terre nourricière. Au programme : carnaval, chasse aux œufs et goûter.
> amiens.fr/actionscollectives

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Où acheter en circuit court ?
Le Projet alimentaire territorial va répertorier tous les points de vente en circuit court.
1-Directement à la ferme
Il s’agit de vente directe au consommateur, sans intermédiaire. Un mode de distribution aussi vieux que les panneaux en bois aux bords des routes. Mais la technique s’est modernisée grâce aux distributeurs automatiques, permettant de s’affranchir des horaires. Autre méthode, dont un exemple vient de fleurir à Amiens à côté de O’Tera, avenue Valéry-Giscard-d’Estaing : la cueillette directe par le consommateur, ici nommée La Cueillette d’Amiens.
2-Les drive fermiers
Un phénomène récent, sorti grandi du confinement. Les acheteurs choisissent en ligne ce qu’ils désirent et les producteurs les amènent en point retrait. La S.A.S Somme produits locaux (Bienvenue à la ferme, marque des Chambres d’agriculture) mène cette barque les vendredis au 43, rue Alexandre-Dumas (fourrière municipale) et impasse Caudron (CCI). C’est aussi elle qui alimente le distributeur automatique de la Chambre d’agriculture de la Somme.
3-Les marchés et autres
Tout n’est pas forcément local sur un marché de plein vent. Mais certains jouent la carte de la proximité, à l’image du marché des producteurs de la rue Léon-Blum et, bien sûr, du marché de Saint-Leu, tous deux le samedi matin. À noter que les épiceries et les étals alimentaires des surfaces commerciales peuvent aussi proposer du local. L’important est que cela se sache...
4-La vente, partie d’un tout
Un concept particulier, voire propre à l’association Terres Zen et son Île aux Fruits de la rue de Verdun ? Il s’agit ici, depuis 2017, de cumuler production locale (hortillonnages et île Sainte-Aragone), action pédagogique, formations à la permaculture, cuisine (foodtruck) et bien sûr vente, via un marché hebdomadaire (le jeudi) festif avec musique et consommation sur place. Nombre de producteurs locaux y sont présents.
5-Les magasins de producteurs
Là, le producteur s’offre la visibilité d’un commerce. Après avoir installé six distributeurs automatiques (dont deux à Amiens), des maraîchers de Contay ont ainsi ouvert boutique au 20, rue Saint-Fuscien, sous leur enseigne Les Produits d’ici. Autre exemple : Esprit fermier, lancé en juillet 2019 à Glisy, qui regroupe onze exploitants locaux. Trois d’entre eux se sont également associés dans l’épicerie Aux 3 Fermes, créée en juin 2020 à Saint-Fuscien pour vendre leurs produits et d’autres. Avec un quatrième producteur, ils viennent d’ouvrir une nouvelle boutique à Salouël : Le Comptoir fermier.
Court circuit ?
Attention, faux ami : la notion de circuit court ne recouvre pas entièrement celle de circuit de proximité. Est en circuit court ce qui passe par au maximum un intermédiaire entre producteur et consommateur. Quant à la distance à ne pas dépasser pour faire “local”, elle n’est pas définie. Mais est souvent considéré comme local un produit qui n’a pas fait plus de 80 km entre le producteur et le lieu de vente. À noter : tout cela n’a rien à voir avec les labels bio.