Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Lilou Wadoux n’a pas 20 ans mais déjà une solide expérience dans l’univers masculin des circuits. Engagée en Alpine Europa Cup, cette admiratrice d’Ayrton Senna compte bien jouer les premières de cordée.

300 chevaux AU VENT © Alpine
« Pour passer l’épreuve du permis, j’ai dû gommer des tics »
© Alpine

10.03.2021

JDA 974

Quand elle est harnachée dans son baquet, son casque bleu, gris et rose dévoile juste un regard déterminé. Mais dissimule de longs cheveux noirs et une bouille toujours prête à dégainer un sourire immense. Lilou Wadoux, pas encore 20 ans, nous l’a tout de suite affiché en extirpant son 1,60 m de sa voiture. Elle est comme ça : « Pour faire baisser la pression avant les courses, j’aime bien dire des conneries… ». En route vers son préparateur physique qui lui muscle cou, dos et épaules, elle venait de retirer le “A” rouge des jeunes conducteurs à l’arrière de son Alpine A 110, la version moderne de la mythique voiture de sport française au bleu emblématique – enfin, celle du grand-père : la course auto est souvent une histoire de famille. La sienne, épurée et survitaminée, Lilou ne la sort que six week-ends par an pour aller faire les courses… du côté du Hungaroring (Hongrie) – son tracé préféré –, de Portimão (Portugal) ou du Castellet (France), autant de circuits de Formule 1 sur lesquels elle dispute l’Alpine Europa Cup depuis l’an passé. La saison 2021 pourrait ne démarrer qu’en mai à Magny-Cours (Nièvre). Lilou trépigne. En 2020, en décrochant un meilleur tour en course et en finissant devant les autres juniors (plutôt 25 ans au compteur), elle a encore marqué les esprits malgré une voiture rétive.

 

TONNEAUX
En 2019, c’est pourtant un crash qui lui faisait crever l’écran. À Spa (Belgique)… et à une semaine du bac. Au volant de sa Peugeot 308 de 350 chevaux, Lilou se fait harponner par la Cupra du Qatari al-Khelaïfi qui revient sur la piste après une sortie de route. « Ça s’est joué à un centimètre », rage-t-elle encore. Mais à 150 km/h. La voiture décolle, part en tonneaux. Les images sont impressionnantes. Lilou finit sur le toit. La voiture est détruite, son championnat TCR aussi.

 

VERS LES SOMMETS AVEC ALPINE
C’est avec le bras en écharpe et des douleurs aux côtes que la lycéenne de La Providence se présente au bac. « J’avais surtout mal au mental. » Elle coupe avec des vacances. Débute un BTS bâtiment à Boulogne-sur-Mer. S’ensuivent cinq mois sans course. L’adrénaline manque. Le milieu lui dit de remonter vite derrière un volant. Lilou dégote un baquet en Clio Cup. Et impressionne en décrochant un podium au général tout en n’étant que junior. Elle rejoint alors Alpine pour poursuivre sa course vers les sommets.

 

LE MANS
Lilou Wadoux, c’est une ascension rapide malgré des débuts tardifs – Max Verstappen avait déjà gagné en F1 à 18 ans. Il a commencé le karting à 4 ans, Lilou à 14, en mode loisirs. Le papa, Cédric, a fait quelques rallyes. La petite est douée. Course contre le temps : à 16 ans, la voilà dans une vraie voiture, en coupe 208. Elle termine huitième et première rookie (débutant). Deux ans plus tard, le passage du permis n’est qu’une formalité. « Bon, j’ai dû gommer des tics pour l’épreuve. Comme laisser la main sur le levier de vitesse au feu rouge. » Dans la maison parentale, nichée dans la campagne amiénoise, la chambre a des airs d’armoire à trophées. Il y a aussi, en modèle réduit, cette McLaren époque Marlboro d’Ayrton Senna. Le Brésilien, « un homme hors du commun », est mort en course sept ans avant sa naissance. On lui cite Giovanna Amati, dernière femme pilote à avoir participé à un weekend de Grand Prix en 1992. Elle tique. Rêve plutôt des Vingt-Quatre Heures du Mans. Et de vivre de sa passion, dévorante de budgets.

//Antoine Caux