Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Une péniche, un chien et des ours. Voilà le visage de la Bears’ Tavern, jeune micro-brasserie amiénoise. À sa barre : Arnaud Daumerie

Dans sa tanière, de la bière © Noémie Laval
« On peut vivre de sa passion tout en apportant du bonheur »
© Noémie Laval

29.09.2021

JDA 991

Ses yeux vairons remplis d’amour, Porter, berger australien de 7 ans dont le nom évoque une bière brune, les porte sur son maître en train de décharger des caisses de 30 kilos. En ce 22 septembre, il assiste au rituel des lendemains de brassage. Quand, pour récupérer les résidus de céréales, Les Recyclettes accostent à vélo cargo le quai Charles-Tellier où La Tanière a élu domicile il y a deux ans. La Tanière, c’est le nom de la péniche rachetée par Arnaud Daumerie pour y brasser ses bières, celles de la Bears’ Tavern, la “taverne des ours”. Toutes recettes confondues – une quinzaine qui tourne selon les saisons –, le fraîchement quadragénaire produit environ 1 500 litres par mois. D’où l’intérêt que lui porte l’association Les Recyclettes (JDA #939), qui repart ce jour-là avec quatre caisses de ces drêches qui serviront au compostage. Ancien chargé de projet Web d’origine isarienne reconverti il y a une dizaine d’années, ce jeune papa qui a vécu ces vingt dernières années à Amiens mène actuellement seul sa péniche.

BATEAU, VÉLO, ÉCOLO
« C’est intense, mais ça va », sourit celui qui peut passer une journée à ciseler du gingembre. Car Arnaud privilégie les produits naturels, frais et si possible locaux, dans une logique écoresponsable. D’où les bouteilles consignées, la distribution à vélo des particuliers, bars ou restaurants (« S’il y en a trop, j’emprunte la voiture de ma femme quand même ! »), le recyclage, la péniche et l’ours totem. Une “coolitude” accentuée par sa barbe grisonnante, sa décontraction vestimentaire et la pratique d’une activité physique qui prévient cet amateur de bière du bidon rebondi généralement assorti. Outre les cinq cuves de la ligne de production, la péniche re[1]gorge de fûts et de bouteilles. « Des pleines, des vides, des consignes à laver », énumère Arnaud, qui se remet tout juste de la crise et commence « à pouvoir un peu [se] payer ».

 

IL SE MET LA PRESSION
Du lancement du chauffe-eau à la troisième fermentation en bouteille, un brassin prend environ un mois. La durée varie selon les bières, toutes attendues au tournant : « Je suis critique envers elles, alors je préfère les éviter à l’apéro. Sinon, je cherche à les améliorer et ça me sort de l’ambiance ! ». Cet exercice critique, les amateurs s’y adonneront les 9 et 10 octobre lors d’Amiens met la pression, le festival de bières artisanales « super bien organisé » auquel l’ursidé participe.

 

POUR L’AMOUR DU PUB
Mais pourquoi la bière ? « J’avais déjà une affinité avec le côté bar et convivialité, euphémise Arnaud, dont le rythme de vie l’amène moins souvent qu’auparavant au comptoir du Goodness, pub irlandais historique de Saint-Leu. J’ai eu le déclic en découvrant des micro-brasseries en Suède ou en Écosse, en voyant qu’on peut vivre de sa passion tout en apportant du bonheur. » Pour l’instant, ce bonheur, il l’apporte souvent lui-même. Mais il est possible de venir le voir – douze personnes au maximum. Sous peu, La Tanière disposera d’un espace de vente et de dégustation. Et son propriétaire, qui doit déjà anticiper le contrôle technique, aura passé son permis péniche grâce à Nautic 80, bateau-école pour lequelle il a conçu la bière À Bord. Tout un credo !

//Jean-Christophe Fouquet