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Il n’a pas 20 ans et peut valider la semaine prochaine à Chartres ses tickets pour les JO de Tokyo. Mewen Tomac, nouvelle belle gueule de l’Amiens Métropole Natation, est aussi talentueux que décontracté.

La coulée cool © Noémie Laval
« La comparaison avec Stravius est flatteuse. Mais c’est une autre génération »
© Noémie Laval

09.06.2021

JDA 983

53 secondes et 85 centièmes. C’est le temps sur le 100 mètres dos que doit réaliser Mewen Tomac à Chartres, bassin des championnats de France de natation du 15 au 20 juin, s’il veut s’envoler pour Tokyo cet été. On ne veut pas lui porter la poisse, juste dire qu’il l’a déjà avalé presque une seconde plus vite. Et préciser qu’en Eure-et-Loir, ce mètre quatre-vingts au large sourire et courte barbe pourrait aussi obtenir son billet pour faire partie du relais tricolore olympique. « Stressé ? Moi ? Ah ! non, pas du tout », souffle-t-il. Et on le croit.

12 KM PAR JOUR
Le Covid a décalé les Jeux d’un an et accéléré l’arrivée de Mewen, 19 ans, dans le grand bain. Lui vit ça avec une simplicité qui frise l’insouciance. « L’année dernière, j’aurais peut-être été ric-rac, concède-t-il. Je visais plutôt 2024. » Mathieu Neuillet, son entraîneur, plaide autre chose : «Dès 2017, on savait qu’il y avait une génération vieillissante de nageurs et peut-être la place pour le Japon ». Ce matin-là, il faisait un temps breton, comme son prénom, sur Aquapôle et son bassin nordique, là où l’élite de l’Amiens Métropole Natation s’entraîne, là où le natif d’Évreux débarqué en Picardie en 2016, enchaîne les longueurs tous les matins dès 6h32 (!) après avoir quitté sa coloc qu’il partage avec sa sœur en formation à Amiens. Le haut niveau est affaire de précision. Et de volume : 12 à 13 kilomètres tous les jours à jongler avec les visios de son DUT en gestion des entreprises.

 

UN TOP 8 AU JAPON ?
Le confinement l’a aidé à devenir « plus “stoc” » (comprendre costaud). La musculation est passée par là, venant remplir un emploi du temps perturbé. « Pour les photos, ça fait pas mal », rougirait-il. Au déconfinement, il débarque sans bruit dans la chaleur aoûtienne de Rome et tape un 53’22’’ sur 100 m dos et un 24’88 sur 50, quatrièmes meilleures performances françaises sur ces distances. Puis confirme ce printemps aux championnats d’Europe à Budapest avec une cinquième place. Mewen ne nage plus incognito. « Il est en train de devenir l’un des meilleurs Français, une pièce importante de l’équipe de France, annonce Mathieu Neuillet qui veut croire à un top 8 au Japon. Pourtant ça reste le même mec, souriant, discret, humble. Qui continue de vouloir s’amuser. Un besogneux qui a su gagner en ambition, à la faveur des succès. »

 

« IL ÉCRIT SON HISTOIRE »
Trois semaines plus tôt, lors d’une cérémonie officielle, le speaker qui le présente fait de suite le parallèle : « Vous suivez les traces de Jérémy Stravius ». La comparaison avec la gloire amiénoise retirée des bassins, dossiste mais à l’aise dans toutes les nages comme Mewen, agace Mathieu Neuillet : « Il écrit son histoire. C’est la sienne, point. Il fréquente les équipes de France depuis ses 15 ans, réalise des performances incomparables au même âge…» «Moi, ça ne me saoule pas, excuse Mewen Tomac. C’est flatteur. Maintenant, si on compare les âges, c’est différent. De toute façon, c’est une autre génération. » La renommée du multimédaillé avait quand même donné du poids dans son choix pour Amiens. Mais ne lui demandez pas s’il se souvient du titre mondial de Stravius en 2011. Mewen, né le 11 septembre 2001, avait à peine 10 ans, aucun plan de carrière ni culte des champions. Neuillet se souvient : « Il est arrivé ici en disant “moi j’aime nager” ». Ça peut donc emmener très loin.

//Antoine Caux