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Antoine Hosin, 23 ans, longiligne comme un coureur flamand.
 Cet ex-coursier d’une célèbre plateforme lance sa coopérative de livraison à vélo. Une alternative éthique qui s’adapte à tous les commerces. 

Le livreur qui ne compte pas pour Uber © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

10.11.2020

JDA 961

Avec son cuissard à peau de chamois, ses chaussures pour pédales automatiques et son casque sous le bras, on le croirait sur le podium du Tour où il aurait reçu le bouquet du vainqueur. En l’occurrence, les fleurs, c’est lui qui partait les livrer. Mais ça peut être les fromages d’une célèbre maison amiénoise, des sushis, des bières... Ce fut, un jour, un salon de jardin complet. Ou, l’autre matin, un arrêt de travail à déposer à la Sécu. Antoine Hosin est livreur. Un peu comme tous ceux qui ont investi Amiens avec leurs gros sacs à dos. Un peu seulement. Et pas simplement parce que, avec son “fixie”, ce vélo à pignon fixe qui s’arrête quand on ne pédale pas, il a l’allure des coursiers new-yorkais. C’est surtout que cet Amiénois ne dépend d’aucune plateforme. Il court pour sa pomme : BeeFast, projet de coopérative lancée avec un copain où le livreur, payé à l’heure, est associé et salarié, assurant ainsi protection et droits du travail.

 

PIONNIER

Il ne dira aucun mal de ses “confrères” qui font le pied de grue devant les fast-foods pour être géolocalisés et obtenir une course, tous ces courageux en première ligne pendant le confinement. Antoine Hosin a d’ailleurs fait partie des pionniers quand ce principe de livraison de repas a débarqué à Amiens. « Je finissais mes études, je me faisais de l’argent de poche, j’ai adoré. C’était peu répandu et vraiment cool. » Pendant deux ans, il pédale. Mais déchante : « Tous les six mois, les tarifs des courses baissaient. Avec les plateformes, les règles changent d’un simple e-mail, sans préavis ». Le problème de statut de ces autoentrepreneurs, les abus de certains à sous-louer leur compte à d’autres plus précaires encore... La goutte d’eau arrive avec un accident de vélo. Il se casse les dents : 3 500 € de frais mais aucune couverture sociale, aucun chômage.

 

SOUTENU PAR LA MACHINERIE

Antoine Hosin découvre alors CoopCycle, vainqueur 2018 des Trophées de l’économie sociale et solidaire de Paris. Cette sorte de logiciel libre met en relation clients, commerçants et livreurs. Et réserve son usage aux sociétés coopératives, où le capital est détenu par les salariés. BeeFast voit alors le jour, épaulé par La Machinerie, espace de coworking près de la gare avec son programme d’accompagnement appelé Starter. « Ça apporte un cadre et un réseau », apprécie Antoine.

 

UN TRAMPOLINE SUR LE VÉLO

C’est au moment du premier confinement qu’est née BeeFast, quand la livraison est devenue l’unique débouché des restaurants. « Il y a eu une demande des professionnels qui n’avaient pas d’alternative aux plateformes américaines mais recherchaient quelque chose de plus éthique, note Antoine. Et puis on s’est aperçu que beaucoup de commerçants n’avaient pas de sites Internet qui permettent de commander. Sur beefast.fr, on leur apporte une solution clefs en main. » La société peut même transporter du lourd avec son biporteur. « J’ai livré un trampoline une fois », raconte le compère Julien. « La logistique en ville a un coût environnemental mais en plus elle coûte cher aux transporteurs », compare Antoine qui assure ce que l’on appelle “le dernier kilomètre”. Pas de quoi l’impressionner : cet été, il s’est octroyé quelques jours de vacances, direction les Pyrénées-Orientales. À vélo.

//Antoine Caux