Sculpteur de mémoire
En cette année du 10e anniversaire de la mort de l’artiste amiénois Léon Lamotte, les amis des musées d’Amiens célèbrent son œuvre et son souvenir.

22.09.2021
JDA 990
Sculpteur et peintre, poète aussi, Léon Lamotte, l’enfant de Montières, aura consacré sa vie à la création. Il a laissé dans la ville le souvenir de son talent. Et imprimé dans les cœurs de ceux qui l’ont connu une présence indélébile. « Je l’ai rencontré quand j’étais en CM2, témoigne Thibaut Portrait-Levasseur, membre des Amis des musées d’Amiens. Il était venu offrir son tableau La Liberté à l’école Jules-Verne. J’ai gardé contact avec lui et m’attache depuis plusieurs années à défendre son héritage au sein des Amis de Léon Lamotte. »
« AIMER ET SE FAIRE AIMER »
L’association a fusionné en 2018 avec celle des Amis des musées d’Amiens, qui en cette année du 10e anniversaire de la mort de l’artiste lui rend hommage (lire ci-dessous). Décédé le 22 mai 2011, à 99 ans, cet Amiénois généreux et humaniste, chevalier des arts et des lettres et de la Légion d’honneur, ne courait pas après les distinctions. « La valeur d’un homme n’a rien à voir avec les décorations. La valeur, c’est aimer et se faire aimer, nous avait-il confié deux ans avant sa mort. Je n’ai sollicité que le Grand Prix des métiers d’art. » Créer : une passion qui l’a animé jusqu’à la fin de sa vie, quand presque aveugle, il continuait à peindre quotidiennement « du bout des doigts ».
ARTISAN DE LA RECONSTRUCTION
C’est auprès de son grand-père menuisier qu’il avait pris goût à la sculpture. Lui qui à 7 ans dessinait les soldats du Commonwealth partant à Villers-Bretonneux, avait brûlé les romans de Jules Verne pour réchauffer sa grand-mère mourante et avait connu Montières sans eau ni électricité, disait apprécier le présent et avoir eu « une vie extraordinaire. » Formé à l’École des beaux-arts d’Amiens auprès d’Albert Roze et de Valentin Molliens, Léon Lamotte a travaillé pour les monuments historiques. La période de la Reconstruction lui a permis d’œuvrer pour sa ville (JDA #887) et d’autres communes de la région. Solitaire dans son travail, cet adepte des lignes épurées n’a jamais enseigné, a même refusé un atelier au Louvre, mais a légué en 2007 sa maison, ses œuvres et son atelier hérité de son grand-père à Montières à Amiens Métropole, « pour que les jeunes puissent trouver un lieu où s’exprimer ».
//Coline Bergeon
Petit aperçu
- Rose de Picardie, place La Barre (photo ci-dessus).
- Poule au pot, rue Dusevel, face à la rue Henri-IV.
- Saint Antoine, angle des rues Lamartine et de Noyon.
- Sainte Claire, ancien couvent des Clarisses, rue Lamartine.
- Le Mutilé du travail, place Joffre, square Montplaisir (photo ci-dessous).

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole
- Foudre et Tempête, caserne de la rue Jean-Catelas.
- Sépulture de Luc Dubar et Flamme du souvenir, cimetière de La Madeleine.
- Stèle en hommage à Georges Quarante et Edmond Fontaine, passerelle Léon-Lamotte.

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole
Un travail colossal
En 1946, Léon Lamotte fut recruté pour la restitution des 2 200 fleurs de lys bûchées sous la Révolution au sein de la cathédrale d’Amiens. Ce travail colossal de quatre ans fait l’objet d’une conférence par Kristiane Lemé-Hébuterne, docteure en histoire de l’art. Une partie du fonds Léon Lamotte – sculptures, peintures… – sera exposée à l’hôtel de ville dès novembre. « À cheval entre 2021 et 2022, année du 110e anniversaire de sa naissance », sourit Thibaut Portrait-Levasseur, membre des Amis des musées d’Amiens. Des visites et des parcours seront proposés par Amiens, Métropole d’art et d’histoire.

© Laurent Rousselin - Amiens Métropole
Conférence Les stalles de la cathédrale & le travail de Léon Lamotte, le 25 septembre, à 14h30, au Musée de Picardie – Rés. : 03 22 97 14 00