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Erwan Konaté, 18 ans, champion du monde junior du saut en longueur 2021. L’athlète-esthète de l’AUC, qui étudie en école de commerce et défile pendant les Fashion week, mêle avec naturel assurance et humilité.

Une longueur d’avance © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

20.12.2021

JDA 999

Courir vite, sauter loin, atterrir dans un bac à sable. Répéter les gestes des centaines de fois, améliorer chaque détail. Il y a dans le saut en longueur ce mix entre les instincts de l’enfance et la rigueur du sage. Certains rencontrent leur destin et Erwan Konaté incarne parfaitement cette savante osmose de spontanéité réfléchie. Ce soir-là, sous la halle du stade Urbain-Wallet, dans cette effervescence studieuse d’athlètes appliqués où il a traîné dès ses premiers jours – papa et maman étaient athlètes et se sont rencontrés ici -, Erwan Konaté, en mode mannequin avec son mètre 90, sa doudoune noire électrique et sa montre qui claque, est bien comme à la maison. Tout juste rentré de Paris où il a intégré depuis septembre une grande école de commerce et l’Institut national du sport de l’expertise et de la performance (Insep) sous les ordres de Robert Emmiyan, détenteur du record d’Europe du saut en longueur depuis 1987 avec 8,86 m. 

Cet été à Nairobi (Kenya), Erwan a jailli à 8,12 m, l’équivalent de deux Peugeot 208 garées l’une derrière l’autre, pour devenir champion du monde junior. Il raconte : « C’est au mental. J’avais la rage, un Colombien venait de faire 7,97 m ». Lui a “seulement” atteint 7,91 m un mois plus tôt. « J’ai fait un signe à la caméra comme pour prévenir que j’allais faire un truc dingue. Ça, je le regrette, je ne le referai plus. Aux USA, ça passerait, chez nous ça peut être mal interprété », confie-t-il. La maturité s’acquiert vite.

 

ÉGÉRIE

D’ailleurs chez lui, tout va vite. De la première marche il passe vite à d’autres podiums, ceux de la Fashion week à Milan, sa plastique ayant été repérée sur les réseaux. Le voilà sous contrat avec la marque Burberry. Et sur les podiums parisiens en janvier. De quoi se sentir pousser des ailes ? « Non, il n’a pas changé. Sinon, on serait là pour lui rappeler », corrige la mère Virginie, championne du monde Vétéran de lancer de marteau, qui reste encore sa préparatrice physique. Le père, Papa Ladji Konaté, donnait dans le triple saut avec deux médailles de bronze aux championnats d’Afrique. « Ton prénom est d’ailleurs un clin d’œil à mes racines bretonnes, c’était un joli pied de nez que de l’associer à un nom sénégalais », lui révèle devant nous la mère.

 

SYMBIOSE

Lui dit tout prendre avec amusement. Se marre d’écrire son prénom R-One. Avoue réfléchir à sa prochaine célébration. Confesse avoir lâché le lancer de disque vers 15 ans, pas très “glam”. Mais conscientise sa situation d’athlète : « L’image est importante, celle qu’on a, celle qu’on donne. On est obligé d’avoir confiance en soi, tout en gardant l’humilité », mesure-t-il. Ce fan de rap US nous parle de la série The Last Chance sur le dépassement de soi des sportifs. Des nuits à rêver à la planche parfaite. Et puis s’épanche sur les minutes avant le saut, quand ce showman harangue les spectateurs et recherche « cette symbiose avec le public pour ressentir l’énergie et accomplir de grandes choses ». Et de grandes choses l’attendent. Et bien avant Paris 2024.

//Antoine Caux