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Ils pratiquent l’escrime comme à la fin du Moyen Âge

Une nouvelle association à Amiens fait revivre l’escrime pratiquée du XIVe au XVIe siècle. Un sport très codifié qui mélange la tête et les jambes, les férus d’histoire et les sportifs accomplis.

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04.10.2022

Non, il ne s’agit pas de la répétition d’un prochain film de cape et d’épée. Ni de grands enfants en train de faire mumuse. Depuis fin septembre, ces personnes accoutrées de masques d’escrime noirs et de grandes épées à deux mains qui se réunissent chaque dimanche matin au gymnase Edmond-Rostand s’adonnent à un sport très sérieux : l’escrime ancienne. Il s’agit de celle que l’on pratiquait aux XIVe, XVe et XVIe siècles. Cette association a débuté à Lille en 2010 avant de s’implanter à Avignon, Dunkerque, et Amiens depuis peu (où l’on apprend aussi le sabre et la baïonnette des XIXe et XXe siècles). Appelée REGHT (pour Recherche et expérimentation du geste historique et technique), elle fait même partie d’une fédération : la Fédération française des arts martiaux européens.

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Au bout de l’épée, on trouve Pierre-Henry Bas, docteur en histoire, chercheur associé à l’unité de recherche Textes, Représentations, Archéologie, autorité et Mémoire de l’Antiquité à la Renaissance (Trame) de l’UPJV. Passionné très tôt par le Moyen Âge, il dit avoir « toujours voulu être chevalier ». Il sera d’abord étudiant en histoire pour contrer les stéréotypes : « Quand on pense aux combats du Moyen Âge, on imagine des combats extrêmement violents avec des armes lourdes… Il s’agit d’une vision erronée, véhiculée par les romans, les films et les jeux vidéo… »

Pierre-Henry Bas se lance ensuite dans une thèse avec pour thème la manière avec laquelle les gens se battaient au Moyen Âge. « Il y a un nouveau champ universitaire sur les différentes formes de combat. On parle à la fois d’archéologie du geste, c’est-à-dire recréer un objet comme une épée pour en saisir les sensations de poids et de toucher, et d’expérimentation gestuelle, à savoir expérimenter le combat et les règles à partir de traités anciens. » Car l’escrime ancienne est un “sport” très codifié. « C’est un ensemble de techniques très conventionnées, comme un jeu d’échecs mais avec de vraies épées, compare le chercheur. On doit montrer son habileté à manier les armes. C’est une activité physique et intellectuelle. On est dans de la communication non verbale où le but est de comprendre l’adversaire. Un peu comme une langue étrangère où le but est avant tout de se faire comprendre. » L’escrime ancienne réunit ainsi la recherche et le sport, le jeu et l’histoire. Loin de la cape et de l’épée.

Antoine Caux

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Une confrérie d’escrimeurs attestée à Amiens en 1530

Les textes anciens assurent qu’une confrérie d’escrimeurs existait en 1530 à Amiens, comme il existait une confrérie de tireurs à l’arc ou à l’arbalète. Il s’agit d’une réunion de bourgeois (au sens premier, les habitants des bourgs) qui s’entraînent et font des démonstrations de cette pratique où l’on doit montrer son habileté à manier les armes.

« On a des sportifs qui cherchent autre chose que la compétition. Et des passionnés d’histoire qui aiment la vivre en vrai »

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Crédit photo : REGHT