Amiens mise sur l'écopâturage
La Ville d’Amiens, qui fait déjà paître boucs et chèvres pour entretenir certains sites, aura prochainement sa bergerie.

14.05.2025
JDA 1117
Orchis poserait presque devant l’objectif. Cet ancien pensionnaire du zoo a été habitué à se faire gratouiller le menton dans la clairière du parc. Et c’est moins notre présence que Crocus qui l’embête, provoquant un duel de cornes, histoire de prouver que c’est bien lui, le non-castré, le patron. Tout ça se passe sous les yeux du petit dernier Mélilot, et souvent devant ceux de nombreux riverains, amusés par ce spectacle bucolique. Bienvenue avenue Paul-Claudel, à l’angle de la rue de l’Endormie où Orchis, Crocus et Mélilot entretiennent près de 3 000 m2 de terrain. De l’écopâturage comme on dit. Mais pourquoi éco ? « Le pâturage est lié à l’activité agricole. L’écopâturage désigne un mode d’entretien, sans finalité productiviste, nous éclaire Anaïs Rouland du Service des espaces verts de la Ville d’Amiens qui passe deux fois par semaine pour changer l’eau et vérifier que tout se passe bien. Et aussi enlever les aliments donnés par des badauds qui croient bien faire... »
Pratique pour les sites escarpés
La Ville d’Amiens expérimente cette pratique depuis 2021 avec une quinzaine de boucs et chèvres du zoo. « L’intérêt est écologique : cela dispense à certains endroits de tondre et de débroussailler. Mais pas seulement, décrypte Bruno Bienaimé, l’adjoint au maire délégué à la nature en ville et à la transition écologique. Leur présence contribue à une ville apaisée où humains et animaux cohabitent, tout en étant efficaces et pratiques. » Ces biquettes sont en effet de vrais atouts pour des sites délicats comme les douves de la citadelle, 1,5 hectare escarpé et abrupt qui offrira un terrain de jeu idéal pour ces animaux amoureux de la grimpette. Orchis et ses amis ruminants vont bientôt ne plus appartenir au zoo : « Sortir les bêtes puis les rentrer présentait un trop fort risque d’importer des maladies », explique Anaïs Rouland. Le cheptel sera géré directement par le service des espaces verts : le dernier conseil municipal a en effet validé les démarches pour l’obtention d’un numéro d’éleveur. D’ici cet hiver, une bergerie devrait voir le jour du côté des serres municipales de Marivaux.
Antoine Caux
