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Coup de cœur pour Okala, Aka Baptiste Okala. En ces temps lourds, la pop de l'amiénois qui mêle musique épique, électro et rock progressif, offre une parenthèse bienvenue, déjà repérée par Libé

Baba d’Okala  © Rodolphe Parmentier

04.11.2020

JDA 960

Ils sont rares les Amiénois à avoir eu les éloges des pages de Libération avant celles du JDA. Okala est de ceux-là, désigné “Découverte” dans la rubrique culture fin janvier avant de tomber dans nos radars et nos oreilles – le raffiné et flamboyant Forbidden Love, tête de pont de son premier EP First step, ne les quitte plus. Ce titre qui sonne comme une musique de film est passé tout l’été sur Couleur 3, le Radio Nova suisse, neuf mois après avoir envoûté le festival Crossroads de Roubaix. Il aurait dû en faire de même le 30 octobre à La Lune des pirates d’Amiens, chez lui, dans une configuration cabaret limitée à 40 chanceux qui n’aura pas survécu au deuxième confinement – « J’aurais pu dire que j’ai fait complet », sourit-il. Pas plus que son concert du 10 novembre au Safran dans le cadre du Festival Haute fréquence. Tant pis. Pour Okala et sa musique scintillante, l’année n’est pas si noire.

 

COCTEAU ET DE ROUBAIX

Doux, grand, emmitouflé dans son duffle-coat vert, Coq Sportif aux pieds, il a ce regard délicat et des airs de l’acteur Laurent Lafitte. Secret à sa façon de taire son âge, « J’ai atteint celui où on dit juste la trentaine... ». Poétique rien qu’à son envie d’aller marcher malgré la pluie cet après-midi-là dans un parc d’Amiens – « J’adore les odeurs d’automne » –, le casque sur les oreilles mais sans musique, pour mieux rester dans sa bulle. Cet amateur de Jean Cocteau et de François de Roubaix concède : « J’ai un regard émerveillé sur les choses, ce n’est pas forcément la tendance. La mode est au brutal. Moi, je suis plus anguille, plus labyrinthe, plus chemin tortueux ».

 

POST-POP ALTERNATIVE

L’article dans Libé a tout changé. « Aux yeux de ma famille, je suis passé d’un ado rêveur à quelqu’un de sérieux », dit-il en frottant sa courte barbe. Maman a beau être professeure de piano, elle voulait un vrai métier pour son ado introverti, fan de Michael Jackson et de musique baroque, qui jouait de la flûte traversière au conservatoire de Gisors avant que « des études accidentelles » en IUT informatique ne lui fassent quitter l’Eure pour Amiens. Il n’est pas reparti depuis. Cette maman qui lui a cousu des masques en inscrivant au revers “Bap”, pour Baptiste, son prénom : « Ça, c’est parce que j’oublie toujours mes affaires ». Des gens du métier ont bien décelé qu’Okala c’était du costaud. Rémi Alexandre de l’encensé groupe Syd Matters travaille avec lui. Yann Arnaud, qui a bossé pour Air ou Phoenix, a mixé son EP. Cette pointure lui balance un jour au resto : « Toi, tu fais de la post-pop alternative ». Depuis, Okala sait comment définir sa musique.

 

CHEVALIERS DU ZODIAQUE

C’est grâce à MySpace, ce site star des années 2000 qui permettait de mettre sa musique en ligne, qu’il se retrouve un jour dans une compilation des Inrocks et programmé au Divan du monde à Pigalle, lui qui n’avait alors jamais fait de scène. Les Amiénois ont pu le croiser avec Nathaniel Isaac Smog, son ancien groupe. Il se présente désormais seul : Okala, c’est son vrai nom. « Il y avait cette idée : voilà c’est moi. Et puis, en étant seul sur scène, j’ai l’impression que l’échange avec le public est plus évident. » Sur la pochette de son EP, le nom est suivi d’une inscription japonaise, la traduction phonétique d’okala, un dessert à base de haricots rouges fermentés. Clin d’œil aux Chevaliers du Zodiaque qu’il dévorait gamin. Au lyrisme, aux claviers et à la voix cristalline de la bande-son de ce dessin animé nippon qui, au jeu des références, tutoie Thom Yorke de Radiohead. Onirique Okala. Et cœur avec les doigts.

//Antoine Caux