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Richard Allen, Anglais pas encore naturalisé Français. En concert à la Lune le 14 septembre après son très remarqué album Locust Tree Lane, le musicien folk, solaire et bricoleur, charme par sa simplicité.

Cool de source © ©Aurélien Buttin
« À la maison, ma mère ne voulait pas qu’on parle français »
© Aurélien Buttin

08.09.2021

JDA 988

Pour l’interview, il s’est glissé dans son hamac surveillant d’un œil le petit George qui jouait dans le jardin après une première journée d’école. Le soleil s’invitait enfin dans cet été aux températures so british, à la veille de retrouver les concerts branchés et après des mois de disette joliment comblés par quelques lives acoustiques et intimistes qui siéent à son picking de guitare mélodieux et aux susurres de sa voix claire. Si vous êtes amiénois et trainez les concerts, vous avez forcément déjà aperçu la crinière blonde de cet Anglais longiligne, débarqué à Amiens à l’âge de 4 ans qui transpire la folk jusqu’au bout de la barbe.

JUSTE DERRIÈRE BOB DYLAN
Richard Allen, 31 ans, pull oversize et dégaine à aller chercher du bois pour la cheminée, a souvent accompagné son frère couvreur sur les chantiers. A bricolé les deux restaurants de sa moitié, Claire Chaumeil, deux adresses (Robin Room et Café Pinson) teintées d’Angleterre. « Quand tu sais faire et que tu ne penses à rien d’autre, c’est presque de la méditation. » Ce touche-à-tout a même obtenu un CAP de luthier. Mais c’est avec sa guitare-voix qu’il s’est bâti sa plus solide réputation. Locust Tree Lane sorti en novembre a été classé 37e des 100 meilleurs albums 2020 selon la revue référence Magic, quatre rangs derrière Bob Dylan, excusez du peu. « C’est très subjectif mais ça fait forcément plaisir. » Deux années à le peaufiner avec Kenny Ruby, multi-instrumentiste réputé pour avoir entre autres accompagné Iggy Pop. « Un travail minutieux et d’une grande élégance », selon Antoine Grillon, le directeur de La Lune qui l’invite le 14 septembre. « J’avais perdu l’habitude des arrangements », concède Richard, jusque-là un peu ours solitaire.

 

L’ALLÉE DES ACACIAS
Locust Tree Lane, littéralement l’allée des Acacias, celle dans le quartier Saint-Maurice qui relie le cimetière de La Madeleine au chemin de Halage et où il promène son chien – « un bâtard croisé d’un beagle et d’un épagneul », porte une lumière. Version positive de Nick Drake, musicien disparu en 1974, dont il partage les mêmes origines, le Warwickshire, cette campagne en plein centre de l’Angleterre. « Mais il n’a pas eu que des albums dépressifs. » Le doux Richard Allen a beau chanter une certaine mélancolie, il voit toujours le verre à moitié plein. L’homme relativise souvent, « on peut me le reprocher ».

 

VISA
1994. Oasis pleut sur la France et le monde, la famille Allen pose ses valises à Amiens pour suivre le père dans les pompes hydrauliques. Le séjour devait durer huit mois au départ… « À la maison, ma mère ne voulait pas qu’on parle français. On avait la télé anglaise. À l’école, je faisais semblant de connaître les émissions que tout le monde avait vues la veille. » Ses parents ont obtenu leur naturalisation juste avant le Brexit. Son dossier à lui est toujours en stand-by. Il reste avec un visa. « N’importe qui de sensé trouve que c’est une connerie, c’est inimaginable que ce soit devenu réalité. » Au pays des Froggies, sa seule chanson en français (et au piano) s’appelle Les Nénuphars. Sur le prochain album déjà prêt, Richard se remet derrière le clavier pour un morceau en anglais, comme le reste. « C’est mon père qui m’a transmis deux ou trois trucs, un grand pianiste (rires), il a appris chez son coiffeur. »

//Antoine Caux