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Jî Drû s’écrit avec deux accents circonflexes. Un troisième 
est perché sur flûte, instrument de prédilection de cet Amiénois qui dégaine Western, album paru chez Label bleu. 

Cowboy moderne  © Noémie Laval
« À 17 ans, j’ai acheté une flûte traversière d’occasion. Ça a été un déclic »
© Noémie Laval

13.11.2019

JDA 928

Jérôme nous accueille un café à la main, sans oublier de nous en proposer un. Après un rapide tour du propriétaire, on s’installe dans le bureau. L’Amiénois, qui vit depuis 2003 à Paris, est à Cité Carter comme chez lui. Pas une âme ne passe devant la baie vitrée sans lui décrocher un signe amical. « J’étais à l’école juste ici », pointe-t-il du doigt, en direction de la maternelle Émile-Lesot, elle aussi rue Georges-Guynemer. L’enfant du quartier fut même de ceux qui ont contribué à monter Cité Carter, il y a vingt-cinq ans, dans ce qui était alors un entrepôt pour bateaux. « On voulait créer un lieu ouvert à tous, mais aussi pour nous, où les groupes de musique originaires d’Amiens nord pourraient se retrouver. C’était un peu la bohème mais on avait l’impression de conquérir le monde. » Jî Drû s’est aujourd’hui fait un nom (de scène), mais reste proche de ses racines. Il donne cet après-midi-là une masterclass à des musiciens découverts il y a deux ans au Big Bang des collèges et lycées.

 

PASSAGE AU CONSERVATOIRE

Le flûtiste, producteur, arrangeur, multiplie les projets. Ici et ailleurs. Avec d’autres, toujours. Et en son seul nom, pour la première fois, sur Western. Sorti le 18 octobre chez Label bleu, la maison de disques amiénoise, c’est un album embrumé et lumineux, léger et profond, pétri de contradictions. À l’image du style cinématographique qui lui donne son nom. « J’utilise sa grille de lecture d’une société cloisonnée, où une minorité impose sa loi à tous les autres, pour observer notre monde actuel. Mais de façon poétique, en m’inspirant notamment de l’aspect contemplatif des westerns. » Ce western musical, artisanal et moderne, c’est aussi la nostalgie « d’une époque qui voulait rassembler, mais qui tend à disparaître ». Celle, « humaniste, des années 1980-90, de Touche pas à mon pote, Sting, Lavilliers, de l’effervescence culturelle », que Jî Drû, 46 ans, a pleinement vécue. Poussé par ses parents, il fréquente très tôt le Festival de jazz et celui du film, la Fête dans la ville ou la Maison de la culture. Il rentre au Conservatoire pour y apprendre le saxophone mais le quitte au bout de trois ans. Encore ado, il monte des groupes de musique « pour être avec les copains », crête sur la tête et Dr. Martens aux pieds. Look aujourd’hui troqué contre jean, sweat à capuche et baskets customisées avec sa fille de 14 ans.

 

REPÉRÉ PAR MAGIC MALIK

La « révélation » fut donc assez tardive : « À 17 ans, j’ai acheté une flûte traversière d’occasion. Ça a été un déclic, je me suis mis à travailler seul, tous les jours. J’ai tout écouté, musiques classique et du monde, folklore... ». Par la suite, alors qu’il est programmé pour le off du Festival de jazz, l’Amiénois est remarqué par Magic Malik. Le flûtiste le prend sous son aile, et lui propose même d’être son joker dans le groupe Troublemakers. Ce qui l’amène jusqu’au Canada et en Amérique du Sud. Puis il crée le groupe Jî Mob, né de sa rencontre avec Julien Lourau et Sandra Nkaké. Complice, la chanteuse pose sa voix envoûtante et sensuelle sur les titres de Western. Un album à écouter à la tombée de la nuit pour en apprécier les subtilités, un compromis entre l’amour de Jî Drû pour les musiques de film des années 1960 et le trip-hop des années 1990. La tournée démarre, elle, en mars 2020. Elle passera évidemment par la Maison de la culture, à la tête du Label bleu. En attendant, c’est la ruée vers Western !

//Candice Cazé