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À la tête d’une concession auto à Amiens, ancien directeur d’une maison
 de retraite, Jean Arcelin est aussi l’auteur de livres vendus à un demi-million d’exemplaires. Il y raconte des parcours... Encore plus étonnants que le sien.

D’autres vies que la sienne  © Stef́an Deboves

14.04.2021

JDA 978

L’Ange de Pigalle. C’est le titre du dernier ouvrage de Jean Arcelin, paru à la mi-mars chez XO Document. L’histoire vraie de Linda, 77 ans, prostituée pendant plus de cinquante ans. Un témoignage choc de 520 pages. « Sa vie est digne d’un roman. Elle a connu le pire et a accepté de me le raconter. Cette femme, qui a le même âge que ma mère, est belle et bouleversante », confie l’auteur. Il y a deux ans, c’est une tout autre histoire, que le même éditeur avait publiée. Tu verras maman, tu seras bien raconte le quotidien dans une maison de retraite.

 

RÉCIT GLAÇANT

Jean Arcelin sait de quoi il parle : il a été pendant trois ans directeur d’un Éhpad dans le sud de la France. Avant de démissionner : « Trop de révolte contre la rentabilité à outrance de ce business et la situation de nos aînés. C’est très difficile d’échapper à la réalité quand elle est au bout de vos mains. » Les médias s’emparent de ce récit glaçant, raconté comme un thriller, Emmanuel Macron lui écrit pour le féliciter. Son passé lui paraît alors lointain : après l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP), il était entré chez Mercedes en 1991, avait gravi les échelons jusqu’à obtenir la direction France de Jeep, Dodge et Chrysler en 2006. « Enfant, j’étais passionné par les automobiles. Issu d’un milieu modeste, je me souviens de ma mère qui rêvait de belles voitures. Je me disais qu’à leur volant, la vie devait être plus douce. » Mais en 2008, Mercedes revend ses marques américaines. Jean Arcelin a 42 ans et souhaite repartir de zéro. « J’aurais aimé être médecin mais c’était un peu tard ! Je me suis lancé dans la formation professionnelle. J’enseignais le management, la prise de parole en public... »

 

EN SOUVENIR
 DE SA GRAND-MÈRE

Mais le travail en équipe finit par lui manquer. « Je faisais beaucoup de bénévolat dans les Éhpad en souvenir de ma grand-mère, Bernadette, le roc qui m’a élevé. Mon diplôme de l’ESCP m’a permis d’en diriger. Je voulais être utile. » Le livre qui en découle est la statue que Jean Arcelin a toujours rêvé d’ériger pour sa grand-mère. C’est désormais à Amiens qu’il écrit les nouvelles pages de ses livres, et de sa carrière. Il a retrouvé la direction d’une concession automobile, Citroën. Et son amour de l’observation. « J’ai connu des dîners mondains à la table du prince de Monaco, mais j’ai toujours préféré les conversations dans les bistrots : il y a là beaucoup de héros et d’héroïnes. »

 

CHARLOTTE VALANDREY, SA COUSINE

Le premier de ses huit livres en révélait une : L’Amour dans le sang (Le Cherche-Midi éditeur) raconte l’histoire de sa cousine, Charlotte Valandrey, séropositive et greffée du cœur. L’agent de la comédienne, le célèbre Dominique Besnehard, avait lu les premières pages et encouragé Jean à poursuivre. Le livre sera adapté pour la télévision, sur un scénario de l’écrivain Emmanuel Carrère dont Jean Arcelin est fan. Comme l’auteur de D’autres vies que la mienne ou du récent Yoga, le néo-Amiénois aime raconter des histoires vraies comme on écrit des romans. Et « faire passer des émotions sur des sujets de société ». Ce besoin d’être utile, encore. En étant là où on ne l’attend pas.

//Kaltoume Dourouri